Ligue 1
RC Lens – EXCLU BUT! Thierry Ambrose (2018-2019) : « Ma volonté était de rester »
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Par
William Tertrin
Prêté au RC Lens par Manchester City lors de la saison 2018-2019, Thierry Ambrose a fait partie de l’équipe qui a connu l’épopée des barrages (Paris FC, Troyes, Dijon). En exclusivité pour But!, l’actuel attaquant de Courtrai s’est livré sur cette saison si spéciale, tout en faisant quelques confidences. Il a également parlé de « Trust », une académie qu’il a fondée.
But! : Bonjour Thierry, tout d’abord, comment vous sentez-vous actuellement dans votre carrière ?
Thierry Ambrose : Moi dans ma carrière, je trouve que je suis assez satisfait parce que j’ai eu deux grosses blessures, les croisés et le tendon d’Achille où j’étais absent pratiquement deux ans des terrains. Aujourd’hui je suis là, j’arrive à être quand même en jambes, même si ce n’est pas facile. Je suis assez satisfait de ce que j’ai accompli, je trouve que je peux faire encore plus, et j’aimerais finir ma carrière avec un trophée.
Racontez-nous votre arrivée à Lens, en 2018
En fait c’est simple, Eric Roy (ancien directeur sportif de Lens et actuel coach de Brest) m’appelle et il me demande si le projet m’intéresse. J’avais un ou deux clubs de Ligue 1 qui jouaient le maintien, mais Lens, ça m’a toujours intéressé, par la ferveur, par un peu tout… Quand je suis venu visiter, j’ai tout de suite kiffé le stade, j’ai regardé l’ambiance. Je n’ai pas hésité.
Dans votre vidéo de présentation, vous disiez avoir souvent regardé les matchs, l’ambiance…
Déjà à l’époque de Varane, d’Aurier, j’aimais bien. Mais surtout, c’est un club, franchement, si tu regardes l’ambiance et tout… Quand je regarde les matchs le week-end, j’aime bien voir les stades où il y a de l’ambiance, où c’est vivant. Quand je suis allé à Lens, j’ai ressenti ça. Le fait que ce club-là jouait la Champions League, je me suis dit que c’est un club avec une histoire, une vraie vraie histoire. Même quand je signe là-bas, on te ramène aux mines. Tu te dis que tu signes vraiment dans un club avec une histoire. Tu ne signes pas dans un club où tu fais une année, même si c’est ce qui s’est passé pour moi. Mais l’objectif, c’est que dans les clubs comme ça, tu restes un peu longtemps, tu essaies de faire ton trou. C’est ce que j’ai ressenti, vraiment ce côté famille.
Collectivement, quel regard portez-vous sur cette saison ?
Des hauts et des bas. Collectivement, je trouve qu’on aurait pu faire mieux. Après, on accroche quand même les barrages. Mais je trouve qu’il y a des matchs où on perd des points bêtement. Je trouve qu’offensivement, on aurait dû marquer plus, notamment moi. Mais collectivement, ça a été une bonne année, parce qu’on obtient les barrages quand même. J’ai vraiment adoré cette année, parce que j’ai eu la chance d’avoir un super groupe avec Jean-Ricner Bellegarde, Jean-Kévin Duverne, Modibo Sagnan… c’était que des potes.
Et d’un point de vue plus personnel ?
À Lens, j’ai eu un problème familial en janvier (2019), c’est pour ça que j’ai eu un gros creux, ça ne m’a pas aidé. Tu viens au club, mais sur la pointe des pieds. Mais sinon personnellement, j’aurais aimé avoir des meilleures stats à Lens (5 buts et 5 passes décisives en 41 matchs). J’aurais vraiment, vraiment pu faire mieux. Mais je retiens quand même le côté positif, les barrages.
Justement, pensez-vous qu’on ne prend pas assez en compte le fait que les footballeurs sont des humains avant tout ?
Bien sûr. Moi, je trouve que l’à-côté, pour moi, c’est 80 % du footeux. Il doit se sentir bien quand il est sur le terrain. Il doit se sentir bien, allégé. C’est pour ça que je trouve que, quand tu es vraiment bien à côté, tu es obligé d’être bien sur le terrain. Mais quand ça ne va pas chez toi, que tu as des problèmes, tu vas au foot, mais tu n’es pas là. Et ça, les gens ne s’en rendent pas compte. Et pour la petite anecdote, Philippe Montanier (ancien coach de Lens) avait pris un coach mental, parce qu’il sentait qu’il n’y avait pas que moi (qui se sentait mal). Il y avait Kévin Fortuné, et quelques joueurs. Je trouve que, des fois, un coach mental, c’est super intéressant pour se livrer. On est des humains, la critique sur les réseaux, ça fait mal, la critique envers la famille, ça fait mal. Et je trouve qu’un coach mental, c’est super important.
Parler avec un coach mental, ça vous a fait du bien ?
Franchement, oui. Je l’avais fait une année. Quand tu as un coach mental, la plupart des gens, au début, ils disent : « vas-y, je n’ai pas envie de parler avec le coach mental ». Et plus le temps passe, plus tu vas te livrer. Ça devient comme un ami, et moi, ça m’avait aidé. Pas personnellement, mais plus quand j’avais des creux ou un manque de confiance, ça aide toujours.
Les critiques des supporters sur les réseaux, vous les voyiez ?
Oui, je les voyais. Moi, à cette époque-là, j’étais beaucoup sur les réseaux. Ça fait de la peine. J’étais jeune aussi à ce moment-là, et ça m’a beaucoup affecté. Mais avec le temps, j’ai compris que c’est le foot. Quand tu n’es pas bon, on te tire dessus. Quand tu es bon, tu es le meilleur joueur. Donc, c’est comme ça, il ne faut pas trop regarder.
La belle épopée avec les barrages en fin de saison, comment c’était ?
C’était le feu. Actuellement, c’est dans mon top 3 des meilleurs moments de ma carrière. L’envahissement de terrain au Paris FC (victoire 5-4 aux tirs au but), je me rappelle, quand j’avais marqué, je vois mon frère courir à côté de moi. Je lui ai dit : « mais qu’est-ce que tu fais là ? ». Alors que je ne savais même pas qu’il était au match. Je le répète souvent à certains, mais j’ai l’impression qu’on était champions après le match du Paris FC. Des moments comme ça, c’est magique. On ne se rend pas compte sur le moment. Mais quand la carrière continue, tu te rends compte que des moments comme ça, il n’y en a pas beaucoup dans une carrière. C’était vraiment l’un des meilleurs moments de ma vie.
La défaite face à Dijon (1-1 au match aller, 3-1 au retour), c’était un moment moins joyeux…
Franchement, c’est cruel. Ce n’est pas pour cibler un joueur, mais des fois, on en reparle avec des joueurs de Lens. On se dit : « putain, ça s’est joué à deux, trois boulettes » (lors du match retour, Jérémy Vachoux, ancien gardien lensois, avait commis deux erreurs, avec notamment un choc impressionnant face à son défenseur Steven Fortes, NDLR). Mais après, c’est comme ça. Et je trouve que des fois, des moments comme ça, ça change la carrière de plein de joueurs. Peut-être qu’on serait allé en Ligue 1 et que je serais resté, et ainsi de suite. Donc je trouve que c’est dommage, mais bon, c’est le football.
Vous aviez une petite bande de potes dans le vestiaire ?
Il y avait Jean-Louis Leca, Jean-Kévin Duverne, Modibo Sagnan, Grejohn Kyei, Jean-Ricner Bellegarde…
Vous êtes toujours en contact avec eux ?
Oui, on a un groupe sur Instagram. On se parle tout le temps, on s’envoie des trucs.
Vous n’êtes resté qu’une saison à Lens, mais est-ce que votre volonté était de continuer ?
Moi, je voulais rester. Mais le problème, c’est que Metz m’appelle, et ils sont en Ligue 1. City m’a clairement dit : « écoute, c’est bien, tu as fait une année. Maintenant, s’il y a un club de Ligue 1, un club de Ligue 2, pour nous, tu es encore chez nous. L’objectif, c’est que tu progresses. Donc, tu vas là-bas ». Et donc j’ai signé à Metz. Ma volonté était un peu de rester à Lens, mais le problème, c’est que quand tu appartiens à un club, ce n’est pas toi qui décides.
Suivez-vous toujours les résultats de Lens ?
Oui, je suis toujours Lens. Moins cette année, parce que je trouve que l’équipe me plaît moins que l’époque de Seko Fofana, Jean-Louis Leca, où vraiment, tous les week-ends, je regardais Lens. Là, cette année, elle me plaît moins. Mais je regarde de temps en temps.
Pensez-vous que Lens parviendra à se qualifier pour l’Europe ?
Je pense que c’est possible pour eux. Ils ont un bon coach, donc je pense qu’ils vont faire le taf. Il y a quand même une bonne base. Donc je pense qu’ils vont être dans les 8 premiers.
Vous avez été formé à Manchester City, comment jugez-vous la situation d’Abdukodir Khusanov, qui a vécu un premier match compliqué ?
Je pense qu’il n’y a pas de débat. Tu es acheté 100 000 euros, il y a 50 millions qui viennent. Pour le club, pour le joueur, pour tout le monde, je pense qu’il n’y a pas de débat, c’est une réussite. Je pense que c’est un joueur qui aura une grosse carrière, puisqu’il a un fort potentiel. Maintenant, les exigences du haut niveau, c’est une erreur, un but. Je pense qu’il faut qu’il s’adapte tranquillement, surtout qu’il a un super coach là-bas. Ça va le faire.
En parallèle de votre carrière, vous avez fondé « Trust », une académie assez spéciale…
Le Trust, c’est l’académie de la deuxième chance. Ça fait six mois que j’ai commencé. Ça a pris une proportion, où même moi je n’avais jamais imaginé que ça allait prendre autant de place dans ma carrière. Des fois, j’ai 20 à 50 joueurs qui viennent de Paris, de partout, pour s’entraîner. Ils font trois heures et demie de route pour s’entraîner. J’ai déjà signé 8 à 13 joueurs pour des tests, pour des clubs. La dernière réussite, c’est un joueur de district qui signe en D1 amateur, donc il saute six niveaux. L’objectif, c’est qu’on donne l’opportunité, de la visibilité à certains joueurs qui méritent et qui n’ont pas eu de chance aussi. Des fois, ils ont eu des blessures ou ils se sont fait virer des clubs parce qu’ils étaient trop petits, ou peu importe. L’objectif, c’est qu’on joue des équipes pros, des réserves, des bonnes équipes pour qu’ils se montrent.
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