À la retraite depuis environ un an et demi, Fabien Lemoine a accepté de nous accorder du temps en marge du match de ce samedi (17h) entre deux de ses principales anciennes équipes, le Stade Rennais et l’AS Saint-Étienne. L’occasion pour lui de réaffirmer son amour pour ces deux clubs et d’évoquer l’actualité rennaise et stéphanoise.
Vous êtes à la retraite depuis l’été 2023. Déjà, comment allez-vous déjà ?
Fabien Lemoine : Ça va bien.
Votre carrière de joueur ne vous manque pas trop ?
F.B. : Non. Après, forcément, je suis les anciens joueurs avec qui j’ai joué attentivement en tant que spectateur et supporter, même si tout le monde est quasiment à la retraite maintenant. Les derniers, qui sont encore en activité sont surtout mes anciens coéquipiers lorientais et ceux de Versailles, avec qui j’ai encore quelques contacts. Mais sinon depuis Rennes et Sainté, la plupart des gens avec qui j’étais assez proche, sauf peut-être Pierre-Emerick Aubameyang et Joshua Guilavogui, qui sont encore en activité, ont arrêté aussi. Donc, sinon tout va bien. Le jeu ne me manque pas.
Que faites-vous maintenant ?
F.B. : Je suis sur un projet de reconversion. Pour l’instant, il n’y a rien de défini, donc je ne vais pas en parler haut et fort. Mais je suis en train d’essayer de monter ma propre boîte.
Alors que Rennes et l’ASSE s’affrontent ce week-end, que retenez-vous le plus de votre passage dans ces deux clubs ?
F.B. : Rennes, c’était vraiment mon lancement, mon début de carrière, j’ai fait 12 ans là-bas en tout et pour tout, donc c’est surtout toute la partie jeune, centre de formation, la sortie en professionnel, les premiers matchs, les premières pressions et les premières difficultés aussi forcément. Avec quand même un passage plutôt bon même si j’ai eu plusieurs entraîneurs là-bas. À partir du moment où j’ai mis les pieds sur le terrain, j’ai toujours été un joueur avec pas mal de temps de jeu, sauf ma dernière année après ma blessure au rein. Donc, c’est qu’à un moment donné, même quand il y a eu divers entraîneurs et divers changements, j’apportais ma petite pierre entre guillemets au collectif et à l’équilibre de l’équipe. J’ai jamais été quelqu’un qui, individuellement, pouvait faire des différences, donc forcément, il me fallait un collectif autour de moi pour pouvoir m’exprimer. Mais ça a été vraiment les premiers matchs et le début aussi un peu de la médiatisation. Le changement aussi de jeune à homme. On devient vraiment un homme. J’ai eu mon premier enfant aussi là-bas. Et puis la découverte, même si on n’a jamais fait vraiment de parcours, des premiers matchs européens à travers la Coupe Intertoto et les tours préliminaires de la Coupe UEFA. Et le gros regret une défaite en finale de la Coupe de France… Voilà ce que je retiendrais de mon passage à Rennes.
Et l’ASSE ?
F.B. : Sainté, alors que l’on ne m’attendait peut-être pas à ce niveau-là après ma blessure, c’est le club qui m’a refait confiance après mon accident. Donc ça, ce n’était quand même pas anodin de leur part. C’était certainement, en tout cas pour eux, même si moi, je savais que j’allais bien, une petite prise de risque sur la forme du joueur que j’étais, le fait que je n’avais pas énormément rejoué la saison d’avant. Ils ont eu le cran de venir me chercher, de me proposer un contrat et de me faire confiance. Derrière pour moi, ça a été vraiment la période où j’ai évolué à mon meilleur niveau avec l’expérience, avec la confiance et à travers un collectif qui avait vraiment une volonté commune, avec des joueurs un peu revanchards et d’un certain âge. On avait quand même pas mal d’expérience dans l’équipe, des mecs qui avaient connu aussi d’autres clubs plus ou moins haut. Et puis la consécration a été déjà de gagner un titre en 2013 puis de lutter, quasiment tous les ans où j’étais là-bas, pour la Coupe d’Europe. Plus ou moins réussi, car il y a quand même une fois où on a échoué à très peu de la Ligue des Champions. Sainté, ça a été forcément ce passage-là. Et puis forcément, il y a Geoffroy-Guichard. J’ai pris un plaisir énorme à jouer dans ce stade tous les 15 jours.
Et aujourd’hui, pour qui votre cœur balance entre les deux clubs ?
F.B. : Honnêtement, c’est compliqué parce que déjà, je me suis rapproché de Rennes, habitant à Lorient maintenant. Donc, j’aime vraiment beaucoup ce qu’est devenu le Stade Rennais. Le club, le stade, tout l’engouement qu’il peut y avoir. Je trouve qu’ils ont vraiment passé un cap en quelques années. Je trouve, qu’avec toujours les mêmes propriétaires, ils arrivent à faire des choses vraiment topissimes, même si là, en ce moment, c’est un peu plus dur. Mais j’ai envie de dire que mon cœur balance plus pour Sainté que pour Rennes. Petit, avant d’intégrer le centre de formation de Rennes, j’étais supporter de Sainté. J’adorais ce club déjà tout petit. Aujourd’hui, on va dire que je suis avec un petit peu plus d’intérêt quand même les résultats de Sainté où je suis tombé amoureux de ce club à travers ce que j’ai vécu, à travers nos performances et à travers mes performances aussi. Ce que j’ai vécu dans ce stade, ça m’a impacté à vie.
« Je pense que les Verts vont se maintenir. Il y a pire qu’eux »
Quel regard portez-vous sur le début de saison de Saint-Étienne ?
F.B. : Il y a quelque temps, j’avais un peu peur. Je trouvais qu’ils n’avaient peut-être pas encore pris la température de la Ligue 1, qui, je pense, est encore plus relevée avec le championnat à 18. Je ne les voyais pas trop bien dans ce championnat-là. Quand je voyais leurs matchs, je me disais qu’ils étaient vraiment frileux et qu’ils avaient peur. Par contre, je trouve que là il y a quelques jeunes qui sortent un peu du lot. Ils ont notamment un super milieu de terrain. Il y a beaucoup de mouvement, c’est un peu leur moteur les trois au milieu. Il y a pas mal de qualités. J’aime beaucoup Benjamin Bouchouari, je ne comprenais pas pourquoi il ne jouait pas. Il me fait penser un peu à Marco Verratti. Il y a aussi Pierre Ekwah. Il a la capacité d’être tranquille, serein, il a un super pied gauche, il est solide, tonique. C’est vraiment la sentinelle moderne qui n’a pas juste un bon placement et une bonne patte. Il arrive aussi à accélérer le jeu et à casser des lignes, ce que je n’avais pas moi (rires). Louis Mouton, qui est un gros travailleur et qui a un gros volume de jeu, est également hyper important dans l’équilibre de l’équipe. Depuis qu’Olivier Dall’Oglio a trouvé cette association-là au milieu, je trouve que c’est vraiment pas mal.
Pensez-vous que les Verts vont se maintenir ?
F.B. : Ça va être dur, mais je pense qu’ils vont se maintenir. Il y a pire qu’eux. On ne va pas se voiler la face, le Chaudron a un gros rôle à jouer. Quand il y a des matchs couperets comme là ce week-end face à Montpellier, c’est ce genre de choses qui font la différence. Le Chaudron, ça impulse quelque chose. Ils sont dans une bonne spirale, mais je pense que ça va être dur à Rennes. Ça va être un autre morceau parce que ce ne sera plus le Rennes d’il y a quelques semaines. Avec le nouveau coach (Jorge Sampaoli), ça va envoyer.
« Rennes a les capacités de revenir dans le premier tiers du championnat »
Voyez-vous les Rennais faire une remontada au classement ?
F.B. : Je pense que Rennes a les capacités de revenir dans le premier tiers du championnat. Ce n’est pas trop tard. Je les vois faire une grosse razzia à domicile. Mine de rien, il y a de la qualité dans cet effectif, ils ont des joueurs d’un certain niveau, ils ont de très bons joueurs, même. Je les vois faire une remontada. Après, à l’extérieur, ça a toujours été un petit peu en dent de scie pour Rennes. Mais, par contre, à domicile, je les vois prendre énormément de points avec Jorge Sampaoli, qui va impulser quelque chose.
Que pensez-vous de la nomination de Jorge Sampaoli à la place de Julien Stéphan ?
F.B. : Par rapport à la situation où ils étaient, je trouve que de ramener quelqu’un comme ça, c’est bien. Dans le contexte rennais où il y a une bonne gestion et où il n’y a pas trop d’écart, je pense que ça peut amener un coup de « pep’s » énorme à l’équipe. Je trouve que c’est une bonne idée. D’avoir quelqu’un comme ça, ça va remettre un coup de fouet à tout le monde. Et je vois bien Rennes faire une grosse deuxième partie de saison.
Si j’ai bien compris, vous voyez donc plutôt Rennes l’emporter contre Saint-Étienne, c’est ça votre pronostic du week-end ?
F.B. : Oui, j’espère me tromper, mais j’ai peur pour l’ASSE. En tout cas, j’ai hâte de voir ce match-là parce que je pense que ça peut être hyper intéressant. Le résultat est forcément important, mais Sainté doit surtout être dans la continuité de sa production actuelle. À partir du moment où ils sont dans une continuité de contenu, je ne me fais pas de soucis sur le fait qu’ils vont prendre des points à domicile et qu’ils vont s’en sortir. Je les vois bien s’en sortir assez tranquillement. Je les vois bien entre la 11e et la 14e place avec un petit matelas d’avance par rapport à d’autres. Mais c’est vrai que j’ai un peu peur pour l’ASSE ce week-end. »
Propos recueillis par Fabien Chorlet.
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