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La Mosson a pris feu lors de MHSC-ASSE.
France

Montpellier – ASSE : récit d’un chaos inévitable vécu de l’intérieur

Le match de la 26e journée de Ligue 1 entre le Montpellier HSC et l’AS Saint-Étienne a été arrêté à la 57e minute (0-2) en raison d’incidents chaotiques dans la tribune Étang de Thau. Récit d’une après-midi chaotique à tous les niveaux. 

Le calme précède souvent la tempête. C’est ce qu’on avait du mal à s’infuser hier quand, arrivé vers 15h aux abords de la Mosson, on a traversé la Paillade sous un soleil plein. Nos doigts encore gorgés de miel, héritage de sucreries orientales avalées à la volée en traversant cette « ville dans la ville », avaient bien du mal à dénombrer la multitude de camions de police réquisitionnés pour encercler le match entre le MHSC et l’ASSE. On en aura finalement compté 16, tous sur les dents, mais garnis pour la plupart de membres volontiers chambreurs.

Seul le buffet d’avant-match au niveau 

Classé à haut risque, ce match ne sentait pourtant pas le souffre. De prime abord. Entre notre entrée dans l’enceinte héraultaise, l’échauffement des joueurs, l’ambiance champêtre de ce stade déjà visité, rien n’induisait en mal la vision d’une après-midi calme. Même le buffet (décidément) d’avant-match nous avait mis en appétit. Finalement, seule la présence nourrie des Ultras de la Butte Paillade, positionnés en pleine cagne en tribune Étang de Thau, nous faisait lever un sourcil. Tout au plus. 

Pendant 45 minutes, les supporters les plus exaltés du MHSC ont donné du coffre, entonné des chants fleuris et parfois dépassé la ligne rouge au sujet de leurs adversaires du jour. Dans le verbe, les joueurs stéphanois ont pris cher… et leur maman avec. Pas très loin de nous, la délégation de l’ASSE a d’ailleurs tiqué sur ce point mais n’aura finalement pas eu le temps de s’égosiller très longtemps : le point de bascule s’est dessiné autour de la 53e minute.

Le « capuchon d’un fumi » a mis le feu aux poudres 

Après le deuxième but de Lucas Stassin, à dix contre onze, les Ultras du MHSC ont saturé. Déjà fortement impliqués vocalement jusque-là, ils ont balancé plusieurs fumigènes en direction du rectangle vert puis craqué des pétards assourdissants. Pire, ils ont envoyé valdinguer une buvette puis une table dans les escaliers de leur propre tribune. Tout en insultant la Terre entière : à ce moment-là, toutes les mères du monde en ont pris pour leur grade. Devant ce chaos et un incendie déclenché mais finalement circonscrit, l’arbitre puis le préfet ont interrompu la rencontre. 

Affublé d’une armada de stadiers inoffensifs, un cordon de CRS est venu à la rescousse. Insultée, la brigade a fini par courser les récalcitrants hors du stade. Une scène de far-west en plein dimanche, devant femmes et enfants. Lunaire. « Un collègue a pris le capuchon d’un fumi autour d’un œil, nous assurait hier soir un témoin de la scène. Il a été évacué aux urgences mais il va mieux. On a eu peur et on s’est retourné vers la tribune. C’était très tendu. On ne pense pas que le geste soit intentionnel mais on sait précisément qui a fait ça… »

Les hostilités déclenchées pendant la nuit

On sait aussi que – la veille, en pleine nuit – des tirs de fusées d’artifice avaient visé les façades de l’hôtel, à Montpellier, où logeaient les joueurs de l’ASSE, déclenchant l’arrivée d’un équipage de la BAC sur le coup des 3h15. Vu le (faible) niveau affiché par l’équipe locale, ces scènes d’anarchie étaient inévitables. Croisé en zone mixte, après la rencontre, Andy Delort a lui compris depuis son retour en janvier que plus rien ne va dans son club de cœur. Il a le regard hagard. Il ne s’échappe pas. Mais il ne sait pas, il ne sait plus. Il ne sait finalement rien. Le héros désigné de la Paillade est perdu et voit même le Nîmois Irvin Cardona lui passer dans le dos, en claquettes-chaussettes. Contraste saisissant. Deux salles, deux ambiances.

De son côté, Jean-Louis Gasset est affligé. Prostré. Les poches sous ses yeux sont aussi pleines que les valises qu’il pourrait boucler par une démission inopinée collée au nez de sa direction. Empêtré dans un bourbier sans nom, l’homme à la casquette n’a rien d’un déserteur mais il est épuisé. Juste épuisé. Sans ressort, il réfléchit désormais à son avenir loin de tous ces tourments. Car, de l’aveu de toutes ses composantes, son si cher club est à la dérive. « Ce n’est pas d’aujourd’hui, souffle un proche du MHSC dans les entrailles de la Mosson. C’est n’importe quoi et je sais déjà qu’une bonne quinzaine de salariés dans les bureaux a été priée d’aller voir ailleurs. Peut-être seront-ils reclassés. Peut-être pas. En fait, on ne sait rien. » C’est bien là le problème d’un club où plus rien ne tourne vraiment rond. Et où, finalement, les ultras ont pris un pouvoir bien trop influent d’année en année. Mettre l’ambiance, c’est bien. Foutre le boxon, c’est mieux ? 

L’influence (trop) grandissante de la Paillade

« On attend tous le nouveau stade loin d’ici parce que ce ne sera plus le même public. À la Mosson, la Paillade a créé un État dans l’État et personne ne bouge, nous glisse un autre proche du MHSC. Ils ont accès à tout. Avant, la direction avait confié le service sécurité à des habitants de la Paillade, moins chers, plus proches et viscéralement attachés au club. » Depuis, ces employés du sérail ont été remplacés par des membres d’une société de sécurité privée mais, selon nos informations, ils ont gardé le double des clés des installations du stade… 

« On n’a pas le niveau Ligue 1, tout simplement, serine un salarié du club. Nous, on ne s’attend plus à rien. Honnêtement, notre sort est déjà scellé. Là, on attend juste qu’on nous donne notre lettre de renvoi. Moi, j’ai déjà anticipé mon avenir loin d’ici. Tout est bouclé jusqu’en septembre. » Notre interlocuteur est fané mais il garde le sourire. Et nous avec, même si l’envie de déguster des gourmandises sucrées sur le retour s’en est allée. Définitivement. 

Bastien AUBERT, à Montpellier 

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