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Homophobie dans le football français, où en est réellement le combat ?

Ces dernières années, football et homophobie ont souvent fait l’actualité dans la presse que cela soit dans le monde professionnel ou amateur. Yoann Lemaire, président de l’association “Foot Ensemble“, lutte contre ce fléau qu’est l’homophobie au quotidien et au plus proche des clubs. Des solutions, l’homme de 41 ans en propose avec l’aide de la LFP.

Le football, c’est le sport le plus populaire de la planète mais c’est parfois une discipline en retard sur plusieurs thématiques, notamment en France. Révéler son homosexualité dans un vestiaire n’est pas chose aisée, dans un monde où parfois les insultes homophobes sont monnaies courantes. Pour lutter contre ces discriminations, Yoann Lemaire, président de l’association “Foot Ensemble“ va constamment au contact des clubs. Le but est simple, préparer les nouvelles générations. 

« On explique ce que c'est l'homophobie, on n’est pas là pour demander aux joueurs d’aller à la gay pride. L’objectif c’est de former les mecs à réfléchir sur cette thématique. Il y a de plus en plus de demandes, car dans le sport c’est une réelle problématique », raconte-t-il.

« On agit différemment en fonction de la cible. Que cela soit des supporteurs, joueurs pros, jeunes du centre de formation, éducateurs, le board (président, directeur sportif etc…), l’approche n’est pas la même. On ne fait pas la même chose quand on s’adresse à des pros et ensuite à des jeunes de 13 ans ». Les clubs ont besoin de différents outils pour faire face aux diverses situations auxquels ils sont confrontés. « Nous proposons des “serious game“, des questionnaires, des livrets pédagogiques, de la sensibilisation, des jeux ou encore des formations. L’objectif est de faire un atelier, pour après proposer un plan d’action ».

« Par exemple, les U13 d’une structure, ce qui est intéressant de savoir, c’est à 18 ans, quand ils sortiront du centre de formation comment ils seront au point sur la question. Donc sur cinq ans, comment on peut faire pour que ces jeunes soient suffisamment informés sur le sujet », assure Yoann Lemaire. 

La LFP très investie, la FFF en bon dernier de la classe 

Aujourd’hui, la ligue fait un gros travail en amont pour lutter contre l’homophobie avec notamment une journée où les clubs et joueurs professionnels arborent les couleurs arc-en-ciel. Yoann Lemaire souligne les bonnes initiatives de l’instance. « La LFP ?  Ils sont extrêmement critiqués par tout le monde même par des associations de lutte contre l’homophobie, mais c'est les seuls en France à le faire ». 

« Ils financent des ateliers dans les clubs, j'y vais et d'autres associations également. Ils donnent des points aux clubs pour avoir les financements des droits télés. On ne voit ça nulle part ailleurs, les clubs sont vachement demandeurs et ils ouvrent les portes de plus en plus » a-t-il estimé. « À la différence, du côté de la FFF, le message est plus compliqué à faire passer et l’instance semble bien moins investie sur le sujet. « Les contacts étaient difficiles mais ils sont revenus avec le départ de Noël Le Graët. On ne va pas se mentir, le problème était-là mais pas seulement. Récemment, j’ai discuté avec des membres du COMEX dont Éric Borghini et Marc Keller, les choses pourraient changer ».

« La lutte contre l’homophobie, c'est une volonté politique de faire ou de ne pas faire. Ils ont tout à gagner à le faire sérieusement et à lancer un vrai plan d'action. Sur les sanctions, il y a plein de chose à revoir et des solutions il y en a. Par exemple, lorsque la commission de discipline juge un joueur qui aurait eu des propos homophobes, il doit être sanctionné mais pas que ». 

« Je suis pour que le joueur inculpé soit écarté pendant un certain nombre de rencontres, mais que sa sentence puisse être rabaissée s’il participe à une formation, un e-learning dans l’objectif de sensibiliser sur la lutte contre l’homophobie. Tout cela avec une obligation de se déplacer au district. Cela serait déjà pas mal », confie-t-il. 

La FFF a entre les mains des dossiers préparés par Foot Ensemble, cela semble traîner un peu… « On a préparés un module sur les éducateurs, cela fait 4 ans qu'ils l'ont dans les mains. Ils ne sont pas foutus de le mettre en place. On l'a fourni, on l'a payé avec notre pognon… », regrette le président de l’association.

« Sur le terrain, quand je me déplace, les éducateurs se plaignent de ne pas être assez formés sur ces thématiques-là : “S'il vous plaît expliquez à la Fédé qu’il faut absolument en parler dans les formations. On nous explique comment mettre des plots et les tapis, les 4-4-2… mais le fait religieux, la laïcité, le ramadan la lutte contre l'homophobie, le sexisme… tout ça, on n'est pas formés“, la FFF doit réagir sur ces thématiques », a affirmé l’homme de 41 ans. 

Les supporteurs, les mentalités changent 

Pointé du doigt par les deux dernières ministres des Sports, Roxana Maracineanu (l’ancienne) Amélie Oudéa-Castéra (l’actuelle en poste), l’homophobie reste une chose présente dans les stades français. Si le vocabulaire à longtemps était source de débats par les différentes parties, les groupes de supporteurs semblent ouvert à la sensibilisation comme l’explique Yoann Lemaire.

« Ils nous racontent : “Des associations disent qu'on est homophobes, mais vous nous avez déjà vu taper des couples de gays. Au contraire, on les défendrait. On dit de temps en temps des insultes qui font partie du folklore mais on commence à faire de plus attention parce qu'on passe pour des ringards“. Ils sont prêts à travailler là-dessus, même s’il il y a encore du boulot. Les associations de supporteurs sont aujourd’hui très intéressés par des formations sur la lutte contre l’homophobie », insiste-t-il.

Le football, véritable bouc émissaire  

« On a fait passer les footballeurs pour des voyous » 

Lors de la dernière mobilisation de la LFP dans le cadre de la lutte contre l’homophobie, quelques joueurs n’ont pas voulu porter les couleurs arc-en-ciel. Le monde du football a été pointé du doigt, parfois un peu trop pour le président de Foot Ensemble, « Dans un monde idéal, les clubs doivent démultiplier les actions mais l’homophobie existera toujours comme les autres types de discriminations. Mais ne tirons pas trop sur le football, sur les 765 joueurs de Ligue 1 Ligue 2 qui ont porté le maillot, seulement 5 ont manqué à l’appel. On a fait passer les footballeurs pour des voyous…

« Si on revient 15 ans en arrière, l'attitude des députés qui sont d'ailleurs toujours élus, tout ce qu'ils ont dit comme horreurs en comparant l'homosexualité et la pédophilie ou mieux avec la zoophilie… Et après on vient taper sur 5 gamins qui n’ont pas porté le maillot arc-en-ciel. Ils n'ont fait simplement que ne pas porter un maillot, ils ont rien dit. Donc on ne sait même pas la véritable raison de cet acte », observe Yoann Lemaire. 

« Pour le football, il faut relativiser, il faut dédramatiser. Moi dans mon usine, si je demande à mes collègues de mettre un t-shirt pour lutter contre l'homophobie ne serait-ce qu'une heure ils vont se foutre de ma gueule. Ça c'est une réalité, le football est beaucoup médiatisé et il y a des soucis qui ne sont pas à minimiser, qui sont prendre au sérieux. Mais tout de suite on multiplie la chose par 100. Ces 5 joueurs-là, il faut discuter avec eux, leur faire comprendre ce qu’est l’homophobie. Moi j’ai discuté avec ces joueurs concernés, les clubs doivent d’avantage communiquer », a conclu Yoann Lemaire. 

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