Les droits TV :
« Depuis notre arrivée, on fait face à une crise majeure sans précédent dans l’histoire du football français. Le fait générateur de cette crise a un seul nom : Mediapro, qui est la plus grande erreur stratégique dans notre histoire et dont nous payons encore aujourd’hui les conséquences. La réalité absolue est que le football français aurait pu mourir il y a trois ans. Avec la crise du Covid-19, il a été le seul grand Championnat à arrêter sa saison en mars 2020. Normalement, personne ne se remet d’une dette totale de 340 M€. Personne ne se relève non plus d’un diffuseur incapable d’honorer ses engagements et qui se place sous la protection du tribunal de commerce quinze jours après l’élection. Cela a transformé 1,3 milliard de recettes audiovisuelles budgétées par les clubs en 730 M€ de revenus… Personne ne devrait se remettre, non plus, de la guerre atomique que l’épisode Mediapro a provoquée, en coulisses, avec l’acteur dominant (Canal+).
Je confirme que le résultat des droits télé est décevant et éloigné de notre objectif, qui n’était pas celui de notre communication (autour du milliard d’euros). Mais il est là et bien réel. Quand le clan des acheteurs (les médias) vous explique que vos droits, ça vaut zéro, celui des vendeurs (la LFP), dans le cadre d’une stratégie de négociation, dit plutôt que cela vaut environ un milliard… Si quelqu’un veut vendre son appartement 100 000 euros, il dit plutôt qu’il vaut 120 000 que 80 000… C’était une stratégie de communication pragmatique que j’assume. On a affronté des vents contraires d’un autre temps avec des ennemis puissants. »
Canal+ et beIN SPORTS
« On ne pouvait pas faire plus. Les dirigeants de beIN Sports, partenaires de Canal+, sont intervenus. J’ai moi-même essayé de contacter à plusieurs reprises Maxime Saada (le président de Canal+). On a même eu un rendez-vous qui a été annulé à la dernière minute. Les dirigeants de CVC (le fonds qui a investi 1,5 milliard d’euros dans le football français) ont également tout fait pour renouer le dialogue. Mais à aucun moment, Canal+ n’a souhaité participer à cet appel d’offres comme je l’avais d’ailleurs prévu dès le départ. Je le regrette (…)
Jamais beIN Sports n’avait imaginé investir de façon aussi importante dans le football français. Quand on a compris que l’on aurait de grandes difficultés à avoir un partenaire unique, qui était notre objectif, on a tout fait pour convaincre beIN Sports. Aujourd’hui, même si on a pu espérer qu’ils fassent plus, ils auraient pu ne rien faire. BeIN va verser un montant non négligeable supérieur à 200 M€ par an si l’on agrège la L1, la L2 et les droits internationaux. Sans beIN Sports, le résultat obtenu aurait été bien pire. »
Les tarifs de DAZN :
« Je ne suis pas le patron de DAZN. Je ne fixe pas leurs tarifs. Le football est un produit premium qui a un coût. Mais cette offre est moins chère que celle pratiquée par nos voisins, à part l’Italie. J’ai bien conscience de cette difficulté. Mais pour pouvoir baisser les prix, il faut laisser le temps à un nouvel acteur de s’installer dans la durée. »
Son avenir à la tête de la LFP
« Avec Arnaud Rouger, on souhaite poursuivre notre action pour finaliser notre plan de réformes. Malheureusement, quatre ans n’ont pas été suffisants pour régler l’ensemble des crises que l’on a dû affronter. Pour nous, ce n’est pas un nouveau mandat, mais la suite du précédent. Et j’estime que nos réussites ne sont pas valorisées… Je pense que les dirigeants du football français ont de la mémoire… On a perdu une bataille importante sur les droits domestiques, mais on en a gagné d’autres. Avec Arnaud et les équipes, on est fiers de notre bilan. Et on pense que l’on est les plus à même de gérer le football professionnel français dans toute sa complexité. »
Pour résumer
Longuement interrogé par L’Équipe sur son avenir personnel et le feuilleton des droits TV, le président de la Ligue de Football Professionnel Vincent Labrune ne s’est pas caché derrière son petit doigt. Morceaux choisis :