Dans leur dossier de défense devant la Commission de discipline, les dirigeants de club sont parfois obligés d’amener des plaintes nominatives pour des craquages de fumigènes… et tant pis s’il y a des innocents dans le lot…
L’histoire est racontée ce jour par le quotidien L’Equipe et elle démontre combien la chasse aux fumigènes combinée à la pression des instances sur les clubs peut susciter de profondes injustices. Si l’affaire se passe dans le Forez et démontre une nouvelle fois l’incompétence des dirigeants stéphanois lors de la saison 2023-24, il ne s’agit pas de stigmatiser l’ASSE tant l’épisode aurait pu avoir lieu dans tout autre stade de l’Hexagone et met en avant un système totalement disfonctionnel.
Accusé à tort d’avoir allumé un fumigène l’an passé lors du match entre l’ASSE et l’ESTAC (5-0) à Geoffroy-Guichard, blanchi par la justice faute d’éléments tangibles, Victor, un supporter des verts dont le nom a été modifié, s’est retrouvé suspendu par la FFF pour plusieurs matchs avec son club amateur dans la Loire.
Il prend 10 matchs pour rien … et la Commission de discipline s’en lave les mains
Tout a commencé par un signalement et une plainte de l’ASSE contre lui pour avoir été prétendument reconnu sur les vidéos surveillances de Geoffroy-Guichard. Plainte qui lui a valu d’être convoqué un mois plus tard devant la commission de discipline de la FFF et d’écoper de deux matchs de suspension. Clamant sa bonne foi après que la plainte a été classée sans suites par la justice, Victor a fait appel de sa sanction devant la CSA (commission supérieure d’appel)… récoltant une suspension encore plus lourde de dix matchs au motif que l’absence de poursuites pénales ne signifie pas absence de faute disciplinaire. Contraint d’aller devant le CNOSF, le supporter a finalement eu gain de cause même si le mal était fait.
Ce système de dénonciation à la carte par les clubs pour minimiser les sanctions n’est pas une exclusivité stéphanoise puisque deux Ultras de Brest avaient déjà été accusés à tort en 2018. Quant aux justifications du président de la commission de discipline de la LFP, Sébastien Deneux, on frôle encore un peu plus la bêtise : « On n’a jamais dit aux clubs de dénoncer X personnes. En revanche, au niveau de la commission, on n’est pas du tout en mesure de vérifier si la personne est la bonne ». En clair, on ne vous dit pas de dénoncer qui que ce soit mais si vous ne dénoncez personne, les sanctions collectives ont plus de chance d’être appliqué…