Les Girondins de Bordeaux, lors du déplacement à Bastia, ont évité les retrouvailles avec leur joueur, Enzo Crivelli.
En effet, l’attaquant bastiais, pràªté cette saison par les Girondins, appartient donc au club bordelais qui avait conclu un accord cet été prévoyant que son joueur ne pourrait pas jouer lors des confrontations directes. Une pratique récurrente mais qui visiblement n’a pas plu ce coup-ci à l’UNFP. Via un communiqué « Le bonheur n’est pas dans le pràªt », l’UNFP a utilisé l’exemple Crivelli pour s’insurger contre cette pratique de plus en plus courante…
Le communiqué de l’UNFP :
Mercredi, Enzo Crivelli, en raison d'un accord négocié lors de son pràªt, ne figurait pas sur la feuille de match de la rencontre entre Bastia – son club actuel – et Bordeaux, le club qu'il a quitté l'été dernier, mais auquel il « appartient » toujours.
Homologués par la Commission juridique de la LFP, contre l'avis de l'UNFP – qui pràªche ici dans le désert, ce qui n'étonnera personne ! -, les petits arrangements entre”¦ amis comme celui-ci ne sont que la partie émergée d'un système qui, sur fond de mercantilisme sauvage, se moque de l'éthique, cette valeur refuge, aujourd'hui déjà bafouée à l'envi.
Longtemps consignées sous seing privé, au nez et à la barbe des règlements de la LFP, ces clauses s'affichent donc désormais au grand jour dans l'indifférence quasi générale, alors que l'on sait les pressions exercées sur les joueurs, qui, sans atteindre les violences révélées par l'enquàªte de la FIFPro dévoilée mardi (1), doivent néanmoins àªtre dénoncées avec la plus grande vigueur.
Màªme si la Charte du football professionnel encadre les pràªts, aujourd'hui encore gratuits chez nous (2), leur libéralisation voulue par les présidents de clubs – si le bon sens ne finit pas par l'emporter – va créer un marché parallèle à celui des transferts, uniquement dicté par l'appât du gain, imposé aux joueurs, et qui fera fi de leur carrière puisqu'il ne s'agira plus, dès lors, ni de football, ni de sport”¦
Une fois encore, les dirigeants franà§ais n'ont regardé que par le gros bout de la lorgnette et en direction de l'Angleterre où les pràªts s'achètent et se vendent à la criée, au point qu'un club comme Chelsea a pràªté 38 de ses joueurs l'été dernier”¦ Ce qui n'a pas de sens, convenons-en avec Lucas Piazon, joueur brésilien de 22 ans, arrivé à Chelsea en 2012, qui n'a joué que trois matches avec les Blues, et qui est pràªté pour la cinquième saison de suite : « Cela n'a aucun sens d'àªtre ainsi pràªté tout le temps. Au regard de mon expérience, je ne vois pas cela comme quelque chose de positif. Etre dans un endroit différent, chaque année, n'est pas bon pour un jeune joueur comme moi. Dans ces conditions, il est difficile d'obtenir une place dans l'équipe et de progresser”¦ »
C'est cette marchandisation-là que la loi Braillard va installer en France, d'autant plus aisément qu'elle autorise, fruit d'un lobbying forcené, les clubs à monnayer les pràªts. C'est cette marchandisation – et toutes les dérives qu'elle engendrera – que l'UNFP dénonce et contre laquelle elle est bien décidée à peser de tout son poids !
Julien Pédebos