Brest : Coulibaly sait d’où il vient

Un monde auquel il n’était pas forcément prédestiné mais dont il a su forcer les portes. Et à 23 ans, le Malien ne connaît pas encore ses limites.

Dans la famille Coulibaly, on ne badine pas avec le sport. Quitte à pratiquer une discipline, autant le faire à fond. Le grand frère, Abderhamane (27 ans), est un as de la boxe-thaï, qui collectionne les titres de champion de France et d’Europe dans la catégorie des moins de 81 kg depuis quelques années, et désormais passé chez les poids lourds, en moins de 95 kg. La petite sœur, Mariam (19 ans) s’illustre en athlétisme (longueur et triple saut) au niveau national. Au milieu, Ousmane n’est pas en reste avec son statut de footballeur pro. “Je suis fier d’y être parvenu, surtout pour ma mère”, raconte-t-il avec une lueur dans les yeux. Et pourtant, il n’était pas forcément destiné à taper dans un ballon. “J’ai fait de l’athlé jusqu’à l’adolescence. J’étais plutôt bon. Mais  je ne me voyais pas faire carrière et j’ai choisi le foot.” A un âge où beaucoup de joueurs sont déjà “dans le circuit”, il a dû en faire plus que les autres pour s’ouvrir les portes du professionnalisme.

Les vraies valeurs

Pour cet enfant qui a grandi au Val-Fourré, à Mantes-laJolie, rien n’est acquis d’avance. Son métier, il l’a appris sur le tas (et sur le tard), pas dans un cocon. “J’ai arrêté l’école à 17 ans avec en poche un BEP mécanique auto, explique-t-il. A l’époque, je jouais au FC Mantois, en CFA 2, sans imaginer que je passerai pro. J’ai même travaillé à la chaîne, de nuit, pendant quelques mois. Là, j’ai appris la valeur du travail, et cette expérience m’a aidé à devenir fort mentalement. Ceux qui sont passés par un centre de formation ne se rendent pas comptent qu’ils sont privilégiés, parfois. Moi je n’oublie pas d’où je viens et cela m’évite de me plaindre pour rien.” En 2008, il part faire un essai à Guingamp, alors en Ligue 2. Il est conservé et signe un contrat amateur. Cantonné à un rôle de réserviste, il doit se contenter de deux apparitions avec l’équipe première. Mais ce n’est qu’un début. “J’ai apprécié mon passage là-bas. Le courant passait bien avec l’entraîneur, Victor Zvunka. Mais en fin de saison, on m’a proposé de resigner pour un an seulement. C’était trop risqué pour moi. Et puis mon agent m’a parlé de l’intérêt de Brest. Comme j’étais en stress, je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’engager, pour deux ans au moins.”

Mali, connexion établie

Ses racines africaines, Ousmane Coulibaly les a retrouvées assez récemment, via le Mali. Le pays de ses parents, de ses grands-parents aussi. A son tour, il a laissé cette nationalité héréditaire prendre toute sa place dans sa vie d’homme et de footballeur. Fin 2011, il a été appelé pour la première fois en sélection par Alain Giresse, alors aux commandes des Aigles. “C’était déjà un honneur de côtoyer quelqu’un d’aussi prestigieux, relève le joueur. Dans la foulée, j’ai participé à la CAN 2012, où l’équipe a réussi un super parcours en finissant troisième de la compétition. J’ai joué quelques bouts de matches, et notamment le dernier en intégralité. Un grand souvenir, notamment l’accueil des Gabonais.” Dans quelques mois, il pourrait remettre ça, le Mali étant qualifié pour la CAN 2013. A priori, Patrice Carteron, le nouveau sélectionneur, compte sur lui. “J’ai vraiment envie d’aller en Afrique du Sud ! Surtout, je pense qu’on peut faire quelque chose de bien là-bas. On a un groupe très talentueux, on est comme des frères entre nous. Dès qu’on se retrouve, c’est la fête !” Il y aura peut-être quelque chose à célébrer, le 10 février prochain, à Johannesburg…

A. B.

Retrouvez l'intégralité de cet article dans "But! Brest", actuellement en vente.