Si l’option DAZN est choisie.
Les avantages :
- Des rentrées d’argent directes pour les clubs
Contrairement à la chaîne de la LFP, où il faudra attendre les abonnements des fans pour que le ruissèlement se fasse et où des solutions devront être trouvées, DAZN offre 375 M€ par saison pour 8 des 9 matchs de Ligue 1 par journée. Une offre qui pourra être complétée par un autre diffuseur permettant d’approcher les 500 M€ de droits domestiques (avant la taxe "CVC"). Cela permettra aux clubs de L1 de toucher un quote-part dès le 15 août et un autre versement au 15 octobre.
- Des perspectives connues à cinq ans
En signant avec DAZN, la Ligue 1 s’engagera sur cinq saisons jusqu’en juin 2029. Il sera donc possible pour les dirigeants de clubs d’adapter plus facilement leurs budgets en fonction des revenus générés par les droits TV et de réajuster en incluant les ventes de joueurs. Il y aura forcément une crise car les montants sont plus bas que par le passé et que les trains de vie doivent être réduits par rapport à l’époque Canal+ / beIN Sports ou Canal+ / Prime Vidéo mais au moins il y a des perspectives claires.
- Un diffuseur déjà implanté
DAZN n’est pas un inconnu du marché. Créée en 2016, la plateforme diffuse déjà le sport et plusieurs championnats domestiques. Elle a ses équipes dédiées et la création de chaîne ne lui prendra pas un temps très long. Face à l’urgence d’un championnat qui démarre déjà dans un gros mois, le week-end du 17 août, cela fait partie des forces du Netflix du Sport.
Les inconvénients :
- Une Ligue 1 sous vendue pour cinq ans
Si l’on met entre parenthèses l’objectif irréalisable du milliard d’euros que Vincent Labrune a porté au début de sa croisade sur les droits TV, la Ligue 1 est depuis de longues années valorisées entre 600 et 800 M€. Forcément, à moins de 500 M€ pour un projet sur cinq ans, ce n’est pas cher payé. La Ligue paie malheureusement ses choix depuis le fiasco Mediapro et sa brouille avec son bienfaiteur historique Canal+. DAZN, cela veut aussi dire s’engager sur cinq ans et accepter la décote d’un produit. Décote qui avait déjà démarré lorsque la LFP a validé la vente de 80% des matchs à Prime Vidéo pour moins de 300 M€.
- Un produit beaucoup trop cher pour éviter l’IPTV
Pour le consommateur, le choix DAZN est le pire possible. Non seulement la plateforme britannique prévoit un abonnement qui passera de 9,99€ pour le bas de gamme à 30-35€ par mois avec l’arrivée de la Ligue 1 mais l’offre sera également incomplète car il manquera un match à vendre à un autre opérateur, pouvant porter la facture à presque 50€. Et tout ça, sans Coupes d’Europe !
- Un risque Mediapro pas totalement écarté
Oui, DAZN a amené de nouvelles garanties pour rassurer les présidents de Ligue 1 en ne se contentant pas de la lettre d’engagement de DAZN Europe mais en s’appuyant sur la maison-mère du groupe, Access Industries. Il n’empêche que depuis sa création en 2016 la plateforme de streaming sur le sport est déficitaire chaque année et ses investissements massifs font courir le risque d’une faillite à la Mediapro. Aucune garanti bancaire n’a été éditée.
Si l’option chaîne 100% Ligue 1 de la LFP est choisie.
Les avantages :
- Une association avec Warner Bros qui crédibilise le packaging
Si une chaîne de la LFP ne comprenant que la Ligue 1 n’avait pas vraiment de sens au prix de commercialisation, l’accord trouvé avec Warner Bros Discovery crédibilise sérieusement le packaging. En effet, pour a priori 27,99€ par mois, il sera possible d’avoir accès aux contenus de la plateforme Max et à 100% de la L1. Cela rend le projet compétitif face à une marque comme Canal+ dont le tarif est fixé à 29,99€ par mois avec engagement et qui offre le même type de contenu.
- Toute la Ligue 1 au même endroit
C’est l’autre grand argument des partisans du projet. Avec la chaîne 100% Ligue 1, tout sera sur la même chaîne comme à l’époque originale de Canal+ et avant l’arrivée de son premier concurrent (TPS) au début des années 2000. Un retour aux sources et à la simplicité appréciable pour le fan de foot.
- Un projet moins cher que DAZN pour le fan de foot
C’est l’ultime argument et il est clairement d’ordre pécuniaire. A l’heure où il faudra garder Canal+ pour suivre les Coupes d’Europe, mieux vaut que la Ligue 1 coûte le moins cher possible et à ce niveau l’offre « la moins pire » reste celle de la LFP à 27,99€ par mois contre 40-45€ par mois pour l’ensemble de la L1 via deux opérateurs (DAZN + beIN Sports ou DAZN + Prime Vidéo). Il faudra aussi voir si la LFP creusera l’idée de vendre seulement 100% d’un club à un tarif moindre pour offrir une gamme d’abonnement plus abordable. Au final, le panier consommateur ne devrait pas augmenter de trop même s’il reste cher pour faire face à l’IPTV.
Les inconvénients :
- Pas de revenus immédiats pour les clubs, pas de perspectives claires
C’est ce qui fait trembler les présidents de clubs. Se lancer dans le grand bain maintenant, cela veut dire s’appuyer sur sa trésorerie le temps que la mayonnaise prenne et que le public s’abonne. Pour les 18 clubs de Ligue 1, la première conséquence est l'absence de versement de la LFP au 15 août et des revenus modestes versés le 15 octobre. Certains clubs pourraient alors se retrouver en cessation de paiement. Par ailleurs, contrairement à la somme fixe sécuritaire de DAZN, il n’y a aucun gâteau fixe à se partager pour les clubs et pour composer les budgets, cela peut vite devenir totalement folklorique.
- Un business plan sans doute trop optimiste
C’est un autre argument contre le projet ambitieux de la Ligue 1 et il est d’ailleurs appuyé par Nasser Al-Khelaïfi, qui, disposant de la double casquette PSG – beIN Media Group, sait de quoi il parle : le projet économique tel qu’il est présenté par le président de la LFP Vincent Labrune est complètement hors sol. Qui peut imaginer pour une chaîne à presque 30€ par mois qu’on atteigne le cap des 2 millions d’abonnés en un an et plus de 3 millions sur plusieurs saisons ? Même Prime ou beIN avec des tarifs d’abonnements modestes n’y sont pas parvenus…
- Un risque d’écran noir sur les premières journées
Benjamin Morel, l’architecte du projet de LFP Médias, a bien appuyé sur le sujet face aux présidents il y a quelques jours. Plus le temps passe, plus le délai devient court pour lancer une chaîne dédiée. Là où des diffuseurs implantés n’auraient besoin que d’une petite semaine pour se mettre en ordre de marche, la chaîne de la Ligue doit tracer son projet en partant d’une feuille blanche. Un mois et deux jours pour être au rendez-vous de la première journée, c’est très court ! Il se peut que la Ligue 1 doive se passer d’une diffusion lors de la première voire de la deuxième journée et, au niveau de l’image de marque à l’échelle mondiale, ce serait quand même un petit naufrage et une honte pour notre football.
Pour résumer
Pour résumer, et comme vous pouvez le constater, les présidents de Ligue 1 se retrouvent aujourd’hui face à un immense casse-tête à gérer. Qu’ils choisissent DAZN ou de se lancer dans l’inconnu, il y a des difficultés des deux côtés. De quoi s’inquiéter réellement pour l’avenir du football français.