Vincent Labrune
Vincent LabruneCredit Photo - Icon Sport
par Raphaël Nouet
ANALYSE

Droits TV : qui a le plus à perdre avec le plan B de Labrune ?

A moins d’un incroyable retournement de situation, la LFP devrait lancer sa propre chaîne à la mi-juillet pour diffuser la Ligue 1. Mais le milliard d’euros de droits TV est à oublier et l’argent ne devrait arriver qu’à l’automne, au mieux. Qui a le plus à perdre dans cette histoire ?

Le président de la LFP, Vincent Labrune, l’a dit lors d’un entretien à L’Equipe la semaine dernière : le plan B consistant à créer une chaîne pour diffuser la Ligue 1 est devenu le plan A. Toutes les équipes de la Ligue se sont lancées dans la bataille pour que la chaîne en question soit opérationnelle à la mi-juillet, soit un mois avant le début du championnat de France. Elle devrait être disponible chez tous les opérateurs télévisuels, et même sur Canal+, qui a pour le moment refusé de participer à l’appel d’offres pour les droits. Les relations entre la chaîne cryptée et Vincent Labrune sont délétères depuis que ce dernier a offert huit des dix matches de chaque journée de L1 pour environ 250 M€ à Prime Vidéo suite à la défection de Mediapro alors que C+ devait s’acquitter de plus de 300 M€ pour seulement deux rencontres…

BeIN ne voulant pas récupérer seul l’ensemble des matches, Canal+ étant toujours braquée (et encore plus depuis les propos tenus par Vincent Labrune à son encontre dans Le Monde), c’est donc bien le plan B devenu A qui va voir le jour. Adieu le milliard d’euros, au passage. Labrune avait fanfaronné avec ce chiffre extravagant avant le lancement de l’appel d’offres. Aujourd’hui, il se contenterait largement de la moitié. Mais avec cette chaîne 100% LFP va se poser un autre problème : celui du versement des droits TV. Généralement, les clubs de L1 ont droit à deux versements par saison, l’un en août, l’autre en octobre. Mais là, il paraît impossible que la LFP ait les moyens de signer de gros chèques dès le mois d’août. Ou alors, il faudrait que les deux millions d’abonnés attendus souscrivent tous dès que la chaîne sera disponible. Peu probable…

Une banque appelée à la rescousse ?

Vincent Labrune a expliqué avoir contacté des banques et des fonds de pension pour savoir s’ils pouvaient avancer une partie de l’argent espéré par la LFP. Mais pas sûr que les financiers acceptent de se lancer dans une aventure aussi risquée car la plupart des observateurs estiment que la LFP se met dans le doigt dans l’œil en provisionnant plus de deux millions de souscriptions à plus de 25€ par mois. Selon eux, ce sont les IPTV et autres chaînes pirates qui vont décrocher le jackpot avec cette initiative…

Il y a donc une forte probabilité pour que l’argent des droits TV n’arrive qu’en octobre aux clubs de L1. Dans ces conditions, lesquels auraient le plus à perdre ? Les gros comme le PSG, l’OM ou l’OL ? Les petits comme Le Havre, Montpellier ou le Stade de Reims ? Les intermédiaires comme Rennes, Lille ou Nantes ?

Les petits sans actionnaire fort peuvent trembler !

A priori, les gros n’ont pas de souci à se faire. Le PSG et l’OM ont des milliardaires comme actionnaires, qui remettent au pot à chaque fin de saison malgré des déficits conséquents. Ils se sont encore portés garants pour 2024-25 et les premières rumeurs de transfert montrent d’ailleurs que les ennemis vont beaucoup recruter. L’OL, lui, n’a pas de milliardaire mais il vient de vendre son Arena et l’OL Reign, faisant entrer plus de 100 M€ dans les caisses. Ça va donc passer aussi pour les Gones de John Textor. Le RC Lens du très prévoyant Joseph Oughourlian a déjà devancé la crise des droits TV en s’astreignant à une cure d’austérité qui passe par la vente de joueurs pour 100 M€. L'AS Monaco, elle, est un cas à part.

Le LOSC, le FC Nantes, l’AS Monaco, l’OGC Nice, Toulouse, l’ASSE et le Stade Rennais font partie d’une catégorie intermédiaire avec des actionnaires forts mais pas désireux de faire n’importe quoi. Tous sont soumis en permanence à un gros contrôle des finances, ce qui fait que cette crise des droits TV ne devrait pas trop les impacter. C’est d’autant plus vrai pour Lille, qui va jouer les playoffs de la Champions League. Ça l’est un peu moins pour les Canaris, qui sortent d’une saison difficile.

Ceux qui ont vraiment à s’inquiéter sont les petits clubs sans actionnaire fort. On pense à Reims, Montpellier, Le Havre, Auxerre et le SCO d’Angers. Eux sont très dépendants des droits TV et l’absence de versements peut grandement les handicaper. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Laurent Nicollin s’est lancé dans une attaque au vitriol contre Canal+, prédisant que des clubs pourraient disparaître sans apport d’argent des télévisions. Ce n’est pas non plus un hasard si le principal critique de Vincent Labrune parmi les présidents de L1 est celui du Havre, Jean-Michel Roussier. La seule exception dans cette catégorie est le Stade Brestois, qui va bénéficier de l'argent de la Champions League pour la saison prochaine.

Cette crise des droits TV pourrait grandement influer sur la course au maintien la saison prochaine car il ne serait pas étonnant que les clubs cités juste avant en soient réduits à avoir pour unique objectif de sauver leur peau en L1, faute de recrutement adapté. Auquel cas, si un HAC ou un MHSC venait à descendre en juin 2025, on serait curieux de voir la réaction de leurs dirigeants vis-à-vis de la LFP…

Inscrivez-vous chez Genybet pour bénéficier de 250€ de bonus de bienvenue !

Une inscription, 2 bonus : 1 bonus hippique de 200€ et un bonus sport de 50€ en Freebets. Challenge Euro : gagner jusqu'à 300€ de Freebets en relevant 24 défis. Nouveauté : le cashout et le multiboost sont désormais disponibles. Voir conditions sur le site.   

Pour résumer

Les petits clubs comme Le Havre, Montpellier, le Stade de Reims ou encore le SCO d'Angers peuvent craindre le pire pour la saison à venir s'ils ne bénéficient pas de l'argent des droits TV pour recruter un minimum pendant l'été.

Raphaël Nouet
Rédacteur
Raphaël Nouet

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.