par La rédaction

OGC Nice : Grégoire Puel, histoire d’une tête de Turc

Joueur de l’effectif professionnel niçois depuis 2013, Grégoire Puel, le fils de Claude, fait débat du côté de l’OGC Nice.

Décryptage d’un cas qui divise le club azuréen malgré les deux passes décisives du fils Puel lors de la première journée.

Les sifflets de l’Allianz Riviera, qui ont accompagné la sortie de Grégoire lors du dernier match de préparation des aiglons face au FC Barcelone, ont passablement irrité l’entraineur niçois. « J’ai horreur que l’on se comporte comme ça. […] Dans ma carrière d’entraineur, j’ai déjà vu cela avec d’autres joueurs. Ce sont des choses que l’on ne peut pas supporter et qui sont inacceptables. » Si le coach était plutôt satisfait du match nul et de la prestation de ses joueurs face aux Barcelonais, le père semblait meurtri de la bronca qui a accompagné le remplacement de son fils en seconde mi-temps. Pour lui, pas de doute, Grégoire paye au prix fort son appartenance au « clan Puel ».

Un parcours honnête jusqu’aux Bleuets

Pourtant, lorsque l’on s’intéresse au parcours de Grégoire, sa formation et son pedigree laissent présager de réelles aptitudes à la pratique du football au plus haut niveau. Comme beaucoup de « fils de », Grégoire a suivi la trajectoire sportive de son père. Il signe ses premières licences à l’AS Monaco. Puis vient ensuite le départ pour le LOSC, où il signera un contrat d’aspirant. Il rejoint, une année après l’arrivée de Claude, l’Olympique Lyonnais, un contrat stagiaire en poche. Suite au départ, avec fracas, de son père, Grégoire s’est senti « mis à l’écart » par les formateurs lyonnais, comme il le confiait en Mai dernier à Nice-Matin : « Au départ, quand mon père quitte Lyon, je pensais que ça allait me libérer d’un poids. Au final, j’ai été boycotté. Au bout d’un moment, le coach de la réserve (Stéphane Roche, ndlr) est venu me dire qu’il avait les consignes du dessus de ne plus me faire jouer ».

Après son départ de Lyon, il s’entretient physiquement avec l’équipe réserve des aiglons puis il y signe une licence amateur alors que le championnat a déjà commencé : c’est le début d’une rapide ascension. Privé de Romain Genevois et Lloyd Palun, tous deux blessés, Claude Puel lance son fils Grégoire lors de la vingt-cinquième de journée de la saison 2012-2013. A Bastia, Grégoire réalisa un match sérieux, ce qui lui permettra ensuite de disputer huit rencontres lors de la deuxième partie de championnat. S’en suivent un contrat professionnel de trois ans et une convocation avec l’équipe de France des 20 ans pour le tournoi international de Toulon.

Pistonné ou victime ?

Pour autant, la jeune carrière de Grégoire présente plusieurs zones d’ombres. Déjà à Lyon, sa participation, alors que son père en était l’entraineur, au stage de préparation à Tignes et aux matchs amicaux de la saison 2009-2010 (il était notamment entré en jeu face au FC Porto) avait créé la polémique. Plusieurs observateurs avaient soulevé leur incompréhension quant au fait de voir un joueur âgé à l’époque de 17 ans accéder au groupe professionnel alors que Grégoire n’était pas à l’époque un membre à part entière de l’équipe réserve du club. D’ailleurs, deux années plus tard et quelques jours avant de quitter l’OL, des supporters avaient tagué les murs d’enceinte de la résidence de Claude Puel. Une des inscriptions mentionnait explicitement Grégoire : « Puel, laisse pas trainer ton fils… ».

Suite à son départ de Lyon, Grégoire a multiplié les essais : en Espagne, au Danemark, en Suisse, en Ligue 2 française (Istres et Sedans). Tous ces tests resteront sans suite. Sa venue à l’OGCN prend ici la forme d’un coup de pouce donné par son père…

Lors de la saison sportive 2013-2014, Grégoire a participé à 29 matchs de championnat et 3 matchs de coupe. Il était également entré en jeu lors du barrage de Ligue Europa face à l’Appolon Limassol. Pour les supporters niçois, ce temps de jeu conséquent n’est pas révélateur des qualités footballistiques de Grégoire Puel. Il devient au fur et à mesure de la saison la « tête de turc » des supporters azuréens. Son père lui maintient sa confiance, contre vent et marée. D’ailleurs, d’après lui, les performances en demi-teinte de Grégoire sont le fruit du contexte niçois, particulièrement hostile pour son fils, et à la « digestion » des exigences du haut niveau inhérente à tout jeune footballeur professionnel. Il s’en est d’ailleurs défendu dans les colonnes du Parisien, en Avril dernier : « Si tout le monde le laisse un petit peu tranquille et qu’on le laisse s’exprimer, par rapport à ce qu’il fait aux entraînements, je pense qu’on aura un bon joueur. Ce n’est pas parce que c’est Grégoire, il mérite un peu de respect et autant sa chance que les autres jeunes […] Surtout que ce n’est pas son poste de formation ».

Un poste inadapté

Comme le souligne l’entraineur niçois, l’une des raisons qui pourrait expliquer les tâtonnements de Grégoire Puel en Ligue 1 serait son repositionnement sur le terrain. Formé à un poste de milieu de terrain excentré droit, voire d’ailier droit, « Puel Fils » joue désormais la plupart de ses matchs au poste de latéral. Les rares fois où il a pu évoluer dans sa position de prédilection, ses prestations furent meilleures. Comme par exemple face à Marseille, que l’OGCN a éliminé la saison passée en seizième de finale de la coupe de France. Entré en jeu au bout de 20 minutes pour pallier à la blessure de Luigi Bruins, Grégoire Puel réalisa un match plein au poste de milieu droit, avec notamment un but (finalement attribué plus tard à Souleymane Diawara contre son camp) et une passe décisive, contribuant ainsi à la qualification des aiglons en terre phocéenne (5-4). D’ailleurs, Grégoire reconnait souvent lui-même qu’il se sent plus à l’aise dans cette position…mais ses matchs disputés dans l’entrejeu, trop rares, n’ont pas permis d’estomper les critiques.

Mais si cette affaire a pu déstabiliser le jeune Grégoire, elle a aussi eu pour conséquence de fragiliser son père, Claude, dans ses missions d’entraineur général du club azuréen. Certains joueurs du groupe niçois vivraient mal cette concurrence avec un jeune joueur « parachuté » par son entraineur de père. Surtout que le petit frère de Grégoire, Paulin Puel, attaquant titulaire de l’équipe des U-17 de l’OGCN, s’est vu offrir la possibilité lui aussi d’entrer en jeu dans le derby face à l’AS Monaco de la saison passée, lors de la trente-quatrième journée de Ligue 1. A 17 ans. Des U-17 à la Ligue 1, la marche semble tout de même un peu haute…depuis, Paulin aurait intégré le groupe CFA.

Les supporters et les dirigeants agacés

La propension de Claude Puel à lancer ses enfants au sein de l’équipe professionnelle aurait même, d’après les quotidiens régionaux, profondément agacé la direction du club. En ajoutant à cela la mauvaise saison niçoise, certaines indiscrétions faisaient état des supposées volontés du président Rivière de se séparer de son entraineur. Mais échaudé par sa fin houleuse avec l’Olympique Lyonnais, Claude Puel aurait « blindé » son contrat. Les finances du club ne permettraient pas à l’OGC Nice de se séparer de son technicien.

Quant aux supporters, le divorce parait total. Les forums azuréens sont inondés de messages hostiles envers Claude Puel (tout comme Grégoire). Pourtant, ce dernier bénéficiait, jusqu’à la saison dernière, d’une très belle cote auprès des fans. Sa réputation de bâtisseur et sa quatrième place obtenue lors de sa première saison lui offrait une grande légitimité auprès des supporters. Mais l’élimination lors des barrages de la Ligue Europa, la mauvaise saison, où les niçois ont fini à la dix-septième place du classement de Ligue 1 et la gestion patriarcale du « clan Puel » a eu raison de cette idylle. Sur le forum officiel du club, certains internautes vont même jusqu’à dire que Claude Puel « utilise le club à des fins familiales ». Pour attaquer une saison, on a déjà connu une meilleure ambiance…

Youri DANIELOU

Pour résumer

Joueur de l’effectif professionnel niçois depuis 2013, Grégoire Puel, le fils de Claude, fait débat du côté de l’OGC Nice.

La rédaction
Rédacteur
La rédaction

La quotidienne

Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.