OM : les Marseillais peuvent-ils tenir le rythme ?

Finalement, c’est un début de saison quasi-parfait qu’effectuent les Phocéens. Jusqu’où peuvent-ils aller ? La réponse en cinq questions.

L’OM est-il en surrégime ?

C’est la première question qui vient à l’esprit lorsque l’on observe le début de saison du club marseillais. Personne ne s’attendait à un début de saison aussi réussi. Il y a seulement quelques mois, l’OM était considéré comme moribond. Après une série dévastatrice de treize matchs sans la moindre victoire, le départ de Didier Deschamps et un mercato au point mort, on voyait mal comment il pouvait se redresser. Et pourtant, l’OM est aujourd’hui leader. Elie Baup, tout juste arrivé, est déjà rentré dans l’histoire du club en signant le meilleur départ de son histoire.

Si Diarra, Mbia et Azpilicueta ont quitté le navire, Raspentino, Abdallah, Mendes et Barton ont rejoint les rangs olympiens. Le premier est pour le moment une vraie déception, mais les trois autres semblent pleins de promesses. Pour une fois que les paris d’un mercato marseillais tiennent la route… Alors, l’OM est-il en surrégime en ce début de saison ? Un peu, forcément. Il ne faut pas oublier que seules huit journées de championnat ont été jouées depuis le début de la saison. Il en reste encore trente, soit 90 points à prendre ! Et le club phocéen est bien placé pour savoir qu’il peut connaître une panne à tout moment. Pour autant, les démons de la saison dernière semblent loin. Il faut juste espérer qu’ils le restent.

Le banc est-il assez profond ?

Au fond, cette question va de pair avec la précédente. Mais elle est certainement celle qui préoccupe le plus les supporters olympiens à l’heure actuelle. Parce que si, pour le moment, tout va très bien, tout le monde se demande quand est-ce que les choses vont finir par dégénérer. Une nouvelle mentalité dans la cité phocéenne, plutôt prompte à s’enflammer par le passé. La réponse, clairement, est non. Aujourd’hui, la seule absence de Souleymane Diawara oblige Elie Baup à composer une défense de bric et de broc. Il semblerait que l’OM puisse s’appuyer sur 14 ou 15 joueurs qui ont le niveau pour hisser le club vers les sommets qu’il vise. Quelques blessures et quelques suspensions plus tard, la donne risque de changer radicalement.

Surtout, la fatigue va commencer à jouer un rôle de plus en plus important. Le Clasico contre le Paris Saint-Germain était déjà le 14e match officiel joué par les Marseillais depuis le début de la saison. Si la préparation physique a été très poussée, Christophe Manouvrier lui-même a reconnu qu’elle avait été un peu courte. Alors, on se demande légitimement si l’OM ne risque pas de traverser une belle période de creux fin novembre - début décembre, puisque son banc est insuffisant pour faire tourner l’effectif. En espérant d’ailleurs qu’elle n’arrive pas plus tôt…

Faut-il jouer à fond toutes les compétitions ?

La réponse à la question précédente peut trouver un écho dans celle que nous posons ici. Championnat, Ligue Europe, coupe de la Ligue et coupe de France. Quatre compétitions qui risquent de pomper l’énergie des joueurs olympiens, d’autant qu’on a vu que l’équipe alignée risque souvent d’être la même. Si l’OM joue tout à fond, le risque de tout perdre est réel. Il faut s’en méfier. Ceci dit, un club comme Marseille peut-il se permettre de lâcher une compétition ? Ce ne serait certainement pas très bien vécu sur la Canebière. Depuis le début de saison, Elie Baup insiste sur l’importance de la Ligue Europe. Elle lui permet de mobiliser les jeunes, de les garder impliqués dans le projet de jeu qu’il a installé.

Les coupes nationales vont très certainement poursuivre le même objectif. Reposer les cadres, et donner leurs chances à des jeunes. Rafidine Abdullah en est le plus parfait exemple pour le moment. Pour autant, quatre compétitions, cela risque quand même de faire beaucoup. La Ligue Europa est pour le moment assez bien engagé, avec un nul à Fenerbahçe et une large victoire contre Limassol. C’est surtout la Coupe de la Ligue qui risque de s’arrêter prématurément pour l’OM. Opposés à l’ennemi parisien, au Parc des Princes, la confrontation risque d’être rude. Pour le coup, une équipe B semble assez improbable, Clasico oblige. Mais se faire sortir de cette coupe, même en tant que triple tenant du titre, serait-il si terrible ?

Gignac peut-il continuer à ce rythme-là ?

Il est l’attraction de ce début de saison. André-Pierre Gignac a déjà inscrit cinq buts en championnat cette saison, et huit toutes compétitions confondues. Ce n’est jamais que quatre fois plus que son total de toute la saison dernière… Surtout, le Martégal, enfin en forme physiquement, est devenu l’atout offensif numéro un de l’arsenal olympien. Devant Loïc Rémy, meilleur buteur marseillais de la saison passée, et devant Jordan Ayew, éternel grand espoir du club qui cherche à confirmer cette année. L’attaquant olympien a souvent été blessé, ces deux dernières saisons. Pour une fois, enfin, son corps semble décidé à le laisser tranquille. Pour l’OM et ses supporters, c’est une excellente nouvelle. Pour le joueur également, en premier lieu même.

Lui est en pleine confiance, et en ce moment, absolument tout lui réussit. Un symbole ? Il a déjà inscrit deux buts de la tête cette année, alors qu’il n’en a mis que trois sur toute sa carrière en Ligue 1. Le troisième, c’était avec Toulouse, l’année où il avait fini meilleur buteur. Alors, Gignac peut-il continuer comme ça ? Certainement, s’il ne se blesse pas. Le reste, cela se passe dans sa tête. Tant que le buteur martégal sera en pleine confiance, rien ne pourra l’arrêter, et il continuera à marquer des buts comme lors du Clasico. Mais à la moindre période de doutes, la belle machine risque de s’enrayer. Pour le moment, il n’y a aucun risque qu’elle arrive…

L’OM peut-il lutter pour le titre jusqu’au bout ?

Posée il y a quelques mois, la question n’aurait même pas fait sourire, tellement elle aurait paru absurde. Aujourd’hui, elle paraît tout simplement logique. Après huit journées, ce qui représente quand même un quart du championnat, l’OM est leader, avec trois points d’avance sur le PSG, deuxième. Et ce depuis le tout début du championnat. Alors, Marseille peut-il s’inviter dans la lutte pour la première place qui semble promise au PSG ? On connaît les discours rabâchés depuis le début de la saison. On peut lutter contre le PSG sur un match, mais sur une saison, personne ne pourra leur résister. Certes, le Clasico de dimanche dernier n’est qu’un match. Mais il a montré que Marseille, quand il veut, peut se hisser au niveau d’un PSG qui n’est pas aussi souverain que ce que tout le monde s’acharne à nous faire croire.

Alors, Marseille, champion de France ? Pourquoi pas ? Il n’est pas interdit de rêver. Et surtout, avec le splendide début de saison olympien, les ambitions vont forcément s’aiguiser de nouveau. Elie Baup a prévenu, il ne tirera pas d’enseignements avant la 10e journée, pour définir ses objectifs. En interne, on vise au minimum la Ligue des champions. Mais après la réception de l’Olympique Lyonnais qui marquera ce fameux cap des dix matchs, qui sait ce que dira Elie Baup ?

David CALAIS