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Mercato L1 : « La baisse des droits TV va pousser les clubs à être plus créatifs »

Propriétaire de l’USM Group, à la tête d’un portefeuille de plus de 150 joueurs internationaux, Christophe Mongai a évoqué pour But ! Football Club les tendances du Mercato d’été 2024. Alors que de nombreux observateurs prédisent un désastre au football français cet été, l’agent FIFA se veut, de son côté, plus optimiste, persuadé de la capacité d’adaptation de nos clubs.

But ! Football Club : Christophe, quelle va être la grande tendance de ce Mercato d’été de Ligue 1 et de Ligue 2 ?

Christophe MONGAI : Je pense qu’il faut s’attendre à un Mercato français assez actif à l’image des derniers. Il n’y a pas de signes avant-coureurs qui me laissent à penser que ce sera un marché calme. Les clubs sont pour la plupart assez bien gérés et ceux qui sont structurellement en déficit possèdent des actionnaires forts qui remettent au pot chaque saison sans sourciller. Donc le marché devrait être intéressant en L1 et sans folie en L2. 

Quels clubs seront les grands animateurs de ce marché selon vous ?

C.M : C’est toujours la même chose. Les grands animateurs sont les clubs les plus riches qui achètent dans des clubs de niveaux inférieurs qui, eux même, peuvent ensuite investir dans des clubs considérés comme moins riches. C’est l’histoire du monde…

Évidemment on attend des achats du côté du PSG. Ils doivent frapper fort pour marquer le coup et tenter de faire oublier l’échec de la prolongation de Mbappé. Marseille va sans doute repartir pour un énième chamboulement d’effectif. Chaque saison on parle dans ce club de stabilité et de projet mais chaque saison entre les achats, les départs et les prêts il y a 30 ou 40 mouvements… C’est assez incompréhensible et pas porteur du tout pour les supporters. Ces derniers n’ont aucun moyen de s’identifier à leur équipe.

Il faudra également être attentif à ce que va faire Monaco. Les clubs qui ont évité de peu la descente en L2 cette année comme Nantes ou Le Havre devront fondamentalement améliorer leur effectif. Idem pour les clubs qui montent comme Angers, Auxerre et Saint-Etienne qui doivent rapidement renforcer leur groupe pour espérer passer une saison sans trop souffrir.

« Des dépôts de bilan en L1 suite à la négociation des droits TV ? Je ne crois pas… »

Comment, en tant qu’agent de joueurs, observez-vous la négociation des droits TV ? Êtes-vous inquiet pour l’économie du football ?

C.M : Ce qui se passe avec les droits TV était prévisible. Concernant les droits domestiques, le fait d’avoir depuis des saisons des rapports tendus avec Canal +, qui je le rappelle est le diffuseur historique de la L1, n’arrange pas les choses. Loin de là. Qu’on le veuille ou non, c’est d’abord un problème de personnes et d’égo, même si on veut faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Le marché des droits TV du football c’est tout sauf le monde des bisounours. Canal+, et ça peut s’entendre, pense qu’on leur a manqué de respect et de loyauté sur les derniers appels d’offres et Vincent Labrune se retrouve aujourd’hui dans une situation complexe et difficile. 

Ensuite il convient quand même d’être réaliste, on est passé en deux ans d’une L1 avec Messi, Neymar et Mbappé à une L1 sans ses plus grandes stars. Ce n’est quand même plus le même produit. Et les diffuseurs se retrouvent aujourd’hui en position de force pour renégocier. Donc pas d’inquiétude sur l’économie globale du football qui s’adaptera à une baisse des droits TV mais ce sera aux clubs de composer avec ce nouveau paramètre et d’ajuster leur masse salariale en conséquence.

L’attitude des clubs étrangers peut-elle changer à l’égard de la L1 du fait de ce fiasco ?

C.M : « Fiasco » est un mot que je n’emploierai pas car il me semble quand même trop fort mais les clubs français vont devoir se montrer plus créatifs pour attirer les meilleurs joueurs possibles et garder dans le même temps leurs éléments les plus prometteurs. 

Ensuite les clubs étrangers qui possèdent un pouvoir économique supérieur à la France, je pense notamment à l’Angleterre, savent que les clubs de L1 auront moins de capacité pour résister à leurs offres. Il faudra faire preuve de solidité et de ténacité face aux clubs étrangers au pouvoir financier supérieur au nôtre.

Pensez-vous que des dépôts de bilan sont possibles en Ligue 1 ou en Ligue 2 ?

C.M : Honnêtement en L1, je n’y crois pas. Mais alors pas du tout. En L2 non plus. Les clubs de L2 sont relativement bien gérés. Attention toutefois à Bordeaux qui me semble être dans une situation compliquée. J’espère pour ce club historique qu’ils trouveront des solutions viables pour assainir les finances. Aujourd’hui si une question se pose vraiment je pense que c’est du côté des Girondins.

« Le PSG peut gagner la Ligue des Champions sans Mbappé, j’en suis persuadé à 100% »

Beaucoup de clubs ont amorcé des plans de cession très ambitieux (Lens veut vendre pour 100 M€ par exemple), cela vous paraît réaliste ?

C.M : Les clubs français ont cette qualité de savoir, saison après saison, se renouveler et trouver ou former sans cesse de nouveaux talents. Donc il y aura forcément des clubs qui arriveront à bien vendre. Je n’ai pas de doute là-dessus. Après entre bien vendre et vendre pour 100 M€ ce sont deux choses différentes. Je ne sais pas du tout si Lens arrivera aux 100 M€ demandés par l’actionnaire.

Se dirige-t-on vers un exode plus important que d’habitude ?

C.M : Il semblerait que oui. Mais je tiens à préciser que l’exode est, chaque année, très important. On trouve des Français ou des joueurs issus du championnat de France partout dans le monde. Ce qui est un gage de l’excellent travail fourni en France. Mais de manière structurelle avec une baisse programmée des droits TV, les clubs vont se montrer plus prudents et de fait plus vendeurs également.

Le PSG amorce un virage avec le départ de Kylian Mbappé. Paris peut-il construire une équipe compétitive en Ligue des Champions sans stars ?

C.M : Le PSG peut gagner la Ligue des Champions sans Mbappé, j’en suis persuadé à 100%. Cette année, la suivante ou encore celle d’après. Mais ils peuvent le faire. Mbappé prenait une place immense au PSG et c’est bien normal au vu de ses qualités. Mais cela va également donner aux autres plus de responsabilités. Le jeu sera plus ouvert et moins axé sur Mbappé. La Mbappé-dépendance va cesser et ça va permettre au PSG d’entrer dans un nouveau cycle. Après des stars au PSG il y en a quand même à tous les étages. Et je suis persuadé qu’ils vont encore recruter trois ou quatre joueurs de niveau mondial. Je n’ai aucune inquiétude sur la qualité du PSG 2024/2025. Il a fallu très longtemps à Chelsea et à Manchester City pour gagner la Ligue des Champions alors…

Peut-on être optimiste sur le Mercato de l’OM sans Europe ?

C.M : A partit du moment où l’actionnaire Frank McCourt a dit récemment qu’il comblait chaque année les pertes et qu’il continuerait à investir dans le futur, pourquoi s’inquiéter ? Ce qui serait inquiétant ça serait qu’il dise : je ferme les robinets. Mais cela ne semble pas être le cas, donc je pense que l’OM aura une fois de plus les moyens de faire une belle équipe. Ensuite le fait de ne pas jouer l’Europe influe moins sur l’OM que sur d’autres clubs. Je m’explique : l’OM est un club à part en France avec une marque hyper forte, une ferveur importante et un public vraiment unique qui fait que quand l’OM vous appelle, même sans coupe d’Europe, le joueur réfléchit très sérieusement. Le train OM ne repasse pas souvent deux fois dans une vie.

« Avec KSV, il peut se passer de belles choses dans le Forez… »

Quel regard portez-vous sur l’arrivée du Kilmer Sports Ventures et d’Ivan Gazidis à Saint-Etienne ? 

C.M : Je pense que Romeyer et Caïazzo étaient arrivés en fin de cycle et que la vente de l’ASSE à KSV est une excellente nouvelle pour le peuple vert. De nouveaux visages, de nouveaux moyens, un nouveau projet… Il peut se passer de belles choses dans le Forez ces prochaines années. Mais il faut y aller sans brûler les étapes. D’abord stabiliser le club en L1 puis voir plus haut. Je suis persuadé que dans les années à venir John Textor et Ivan Gazidis vont se livrer de solides batailles.

Pour vous, d’autres rachats de club sont-ils envisageables durant l’été ?

C. M : Les rachats de clubs sont possibles tout au long de la saison. Maintenant il y a une architecture en France qui fait que les clubs doivent tous passer devant la DNCG pour que celle-ci valide leurs bilans et donne son feu vert pour démarrer la saison 2024-2025. Donc des rachats sont toujours possible (Bordeaux par exemple) mais plus on va avancer durant l’été et moins cela sera envisageable. Il faut un temps incompressible pour monter et formaliser les dossiers de rachat puis passer devant la DNCG. Donc mathématiquement plus on va avancer dans l’été et moins il y aura de possibilités de rachat…

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