En s’imposant brillamment face à l’OM (3-2) dans une Beaujoire en effervescence, le FC Nantes a accrédité la thèse de l’accident de parcours, subi vendredi dernier à Saint-Etienne.
Huit matchs, six victoires, un nul et une défaite. De cette série de chiffres, les amateurs de numérologie y ont sans doute vu un mauvais présage. Dans sa carrière de coach dans l'Hexagone, alors qu'il n'a jamais perdu contre l'OM avec Lille et le PSG, c'est en effet lors de sa seule année passée sur le banc du Stade Rennais que Vahid Halilhodzic a subi son unique revers comme entraà®neur face aux Azuréens, en 2003. Alors forcément, au moment où Marseille s'est présenté ce mercredi à la Beaujoire, les superstitieux ont pu nourrir une certaine inquiétude selon une équation aussi simpliste qu'hasardeuse : le grand Ouest ne réussirait donc décidément pas à Vahid contre l'OM !
Mais loin de ces théories fumeuses, les plus pragmatiques n'étaient, eux aussi, pas d'avantage plus rassurés : à l'aube de cette 16e journée, c'est plutôt le revers cinq jours plus tôt à Saint-Etienne qui avaient de quoi susciter une légitime appréhension. Vendredi à Geoffroy-Guichard, le FC Nantes n'avait pas seulement interrompu une belle série de cinq matchs de suite sans perdre (six toutes compétitions confondues) en s'inclinant lourdement dans le Chaudron (3-0), il avait surtout montré que face à un ténor de la Ligue 1, il lui était difficile de rivaliser cette saison màªme si, certes, il avait réussi à concéder le nul (1-1) fin septembre à Lyon. Une parité tellement miraculeuse à l'époque, noyée dans la médiocrité globale, qu'elle n'avait pas franchement marqué les esprits sauf à se souvenir qu'il s'agissait de la der de Miguel Cardoso”¦
« Une victoire référence »
Le décor ainsi posé, la venue de l'OM à Nantes constituait une affiche doublement alléchante qui allait répondre à deux interrogations : màªme installé dans l'Ouest, Halilhodzic peut-il (re)faire du club de la cité Phocéenne sa victime préférée ? Et, plus prosaà¯quement, comment le FCN allait-il rebondir après la fessée verte reà§ue moins d'une semaine avant ? On ne s’étendra pas sur la première : coach Vahid a bien vaincu le signe indien, tant mieux ! Pour le rebond attendu, son équipe a surtout montré une force de caractère qu'on ne soupà§onnait pas à une telle intensité. Menés deux fois, elle a réussi à recoller au score avant d'en prendre l'avantage définitivement !
Pour Valentin Rongier, pas de doute, c'est « une victoire de référence », du màªme acabit que celle décrochée deux ans plus tôt en ces màªmes mieux et sur la màªme marque face à ”¦ l'OM ! « Tout le monde s'en souvient, et là , les gens vont àªtre marqués par à§a, nous aussi, il faut s'en servir, regarder ce qu'on a bien fait et moins bien fait ». Pour le « moins bien », on s'attardera juste sur les deux buts encaissés, et surtout le premier, de Morgan Sanson, complètement isolé dans la surface pour reprendre un centre en retrait d'Ocampos (0-1, 29e). Le « bien fait », par contre, peut s'évoquer au pluriel. Pàªle-màªle, on notera la superbe réaction d'orgueil qui a permis au FCN d'égaliser dans la foulée la première fois, et juste avant la pause la seconde fois (2-2), soit au meilleur (ou pire pour l'adversaire) moment du match. « Deux fois on a été menés, on a su revenir et réussi à marquer le but de la victoire, les garà§ons méritent un grand bravo, pour grandir, il faut gagner face à une grande équipe comme à§a, je suis très content de notre faà§on de jouer, notre qualité, a décortiqué Halilhodzic après les débats. Après le match à Saint-Etienne, il fallait se racheter. »
Emiliano Sala égale son meilleur score
Au générique de cette « belle soirée de football », dixit Rongier, on retiendra les artificiers que sont Emiliano Sala, Abdoulaye Touré et Gabriel Boschilia. Pour le premier nommé, la satisfaction était décuplée par une autre histoire de chiffres : le douze. Après 16 journées, l'attaquant a ainsi atteint son meilleur total depuis qu'il a mis les pieds en Ligue 1 ! « C'est vrai que c'est mon meilleur chiffre », a-t-il exulté à l'issue du match. C'est surtout le « meilleur chiffre » de France et d'Europe, à égalité avec Mbappé, muet face à Strasbourg ce mercredi soir (1-1) ! Autant dire que cette insolente réussite face au but va encore alimenter toutes les spéculations autour de la prolongation de l'Italo-Argentin”¦
Quoiqu'il en soit, le FC Nantes a su, de très belle manière, reprendre goût au succès après le revers 3-0 dans le Forez. Ca ne vous rappelle rien ? La série de cinq matchs sans défaite cet automne s'était bel et bien enclenchée après un déplacement cauchemaresque le 7 octobre en Gironde où Nantes s'étaient inclinés”¦ 3-0. Avis aux superstitieux !
Charles GUYARD, à la Beaujoire.