FC Nantes : révélation ou simple feu de paille ?

Une série inespérée pour un club promu, auquel beaucoup promettaient de jouer le maintien jusque dans les dernières journées du championnat. Justement, les Canaris sont-ils en surrégime ou peuvent-ils espérer viser plus haut que leur objectif initial ? Éléments de réponse.

Le FC Nantes va être l'équipe surprise de la saison, car...

Les hommes de Michel Der Zakarian n'ont pas volé leurs succès des dernières semaines. Bien au contraire, ceux-ci répondent à d'évidents progrès dans le jeu. On a du mal à croire qu'en début d'exercice, le FCN était l'équipe qui possédait le moins le ballon dans l'Hexagone. Sans doute fallait-il lire dans cette timidité initiale les craintes d'une équipe ne sachant à quoi s'attendre à l'étage supérieur et pensant d'abord à éviter des raclées. Mais depuis, Jordan Veretout et les siens ont pris conscience de leurs forces et réalisé que l'élite leur laissait davantage d'espaces, dont il profitent allègrement. Leurs victoires ne doivent rien au hasard : elles n'ont pas été glanées au bénéfice de cadeaux de l'adversaire, mais parce qu'elles étaient méritées. Tout simplement.

... l'état d'esprit est irréprochable

Depuis la victoire à Rennes (3-1) lors de la 8e journée, joueurs, entraîneur et président nantais répètent inlassablement qu'il ne faut surtout pas s'enflammer. Et pour l'instant, ils tiennent parole. À aucun moment les Canaris ne se sont laissé grisés par l'euphorie que leur parcours fait naître chez leurs supporters. Leur succès tardif en Corse face à une équipe accrocheuse témoigne au contraire d'une combativité, d'un état d'esprit et de valeurs morales qui sont celles qu'un promu se doit d'afficher. Le FC Nantes ne cèdera pas au relâchement. Il vient de trop loin pour se voir trop beau.

... l'effectif est suffisamment riche

Une baisse physique est-elle à craindre dans les rangs canaris ? A priori, non. Le but de la victoire inscrit par Alejandro Bedoya samedi témoigne d'une profondeur d'effectif insoupçonnée. Les bonnes prestations de Chakir Alhadur, qui a profité de la blessure à la cuisse d'Olivier Veigneau pour gagner ses galons de titulaire, en est une autre illustration. Gabriel Cichero et Vincent Bessat, actuellement sur le banc, étaient d'indiscutables membres du onze de départ de Michel Der Zakarian la saison passée. Bref, Nantes a de quoi faire face aux blessures, coups de fatigue et suspensions éventuelles.

Le FC Nantes va s'écrouler, car...

Ce n'est pas réduire le mérite des coéquipiers de Papy Djilobodji que de dire qu'ils n'ont pas obtenu leurs victoires face à des adversaires très en forme. Bastia, Sochaux et Evian TG sont en queue de peloton, voir relégables. Rennes se traîne dans le ventre mou du classement et reste sur quatre rencontres sans succès. Ajaccio n'a gagné qu'un match en dix journées. C'est tout à l'honneur du FCN d'avoir pris des points face à des équipes à sa portée. Mais on doute qu'il garde le même rythme face à Lille (au programme la semaine prochaine), Marseille ou Saint-Étienne, qui se dresseront sur sa route d'ici la trêve.

... l'équipe dépend trop de Djordjevic

Il est, jusqu'alors, le principal artisan des bons résultats de sa formation. Toutes les victoires nantaises portent la marque de Filip Djordjevic, auteur de l'ouverture du score contre Bastia, Nice, Evian TG et Rennes, ainsi que du seul but du match face à Sochaux. Le système de jeu à une seule pointe de Michel Der Zakarian rend l'équipe dépendante du rendement de son international serbe. Dont le remplaçant Fernando Aristeguieta ne se situe pas encore au même niveau. Tout Nantes prie pour que Djordjevic ne subisse ni blessure, ni coup de mou.

... la réussite ne va pas durer

Un but irréel de Lucas Deaux face à Rennes suite à un hors-jeu non sifflé, un arrêt du pied un peu chanceux de Rémy Riou contre Ajaccio... Les Canaris ont le vent dans le dos, tout leur sourit. Mais ces bonnes périodes répondent à des cycles et finissent toujours par laisser place à des moments plus difficiles durant lesquelles leurs tirs frapperont le poteau au lieu de rentrer. Issa Cissokho cessera de jouer comme Daniel Alves et les cartons rouges tomberont plus facilement. C'est à ce moment-là, face aux éléments contraires, qu'on pourra se forger une idée plus précise de la véritable valeur de l'équipe.

Bilan : l'état de grâce du FC Nantes ne durera évidemment pas jusqu'à la 38e journée et l'équipe connaîtra forcément un coup de moins bien. Mais il serait injuste d'ignorer les qualités incontestables que Lucas Deaux et sa bande affichent en ce début d'exercice. S'il paraît évidemment fou de prétendre conserver la quatrième place actuelle, les hommes de Der Zakarian sont toutefois en mesure d'assurer le maintien avant le printemps. Et, au regard de la faillite de certains outsiders attendus (Lyon, Bordeaux, Rennes), de viser une place dans le Top 10 du classement.

JD

Pour résumer

Tout réussit aux Canaris, qui restent sur quatre succès de suite. Véritable révélation ou simple feu de paille ? Voici quelques éléments de réponse.

Rédacteur
nicolas.breton