Espagne
OPINION – Real Madrid, PSG : Cristiano Ronaldo et Ibrahimovic, champions du mépris
Les températures négatives ? La fin des soldes ? La mort de Demis Roussos ? On a beau chercher, pas moyen de savoir pourquoi certaines stars du ballon rond sont d’aussi mauvais poil en ce moment.
Il y eut d’abord Zlatan Ibrahimovic, particulièrement condescendant à l’égard d’un cameraman qui avait eu l’audace de le questionner sur ses rapports avec son compère de l’attaque parisienne Edinson Cavani vendredi dernier. Samedi soir, après la rouste infligée par l’Atéltico Madrid au Real (4-0), ce fut au tour de l’ailier merengue Cristiano Ronaldo de tailler en pièce un journaliste de TV3 s’étant permis d’évoquer le carton rouge reà§u par le Portugais il y a deux semaines à Cordoue.
Deux réponses différentes, mais une volonté commune de fuir la question qui fâche et, pire encore, d’humilier publiquement le pauvre bonhomme qui ne faisait que son boulot en la posant. Heureusement qu’un ministre n’en fait pas autant chaque fois qu’il doit rendre des comptes sur une loi ou un investissement public, sujets autrement plus cruciaux qu’un carton rouge…
Des stars qui ont tout et qu’un rien agace
Comprenons-nous, cet article ne répond à aucun réflexe corporatiste, pas plus qu’il ne voudrait transformer les journalistes sportifs en chevaliers Bayard de la liberté de la presse. Ces derniers ont màªme une part de responsabilités dans les réactions outrées de CR7 et Zlatan, tellement habitués aux questions creuses de fin de match (« Alors, vous àªtes déà§u d’avoir perdu ? », « Ce match, vous vouliez le gagner ? ») que la moindre incartade passe à leurs yeux pour une offense.
Le mépris des deux stars n’en est pas moins irritant. Ces types à qui on tient la porte depuis l’adolescence, qui s’entendent répéter à longueur de journée qu’ils sont grands, beaux et forts, qu’une cour de sponsors et d’attachés de presse lèche-bottes suit 24 heures sur 24, ces types se permettent de prendre la mouche parce qu’un journaliste a oublié de s’incliner sur leur passage. Avoir du charisme est une chose. Traiter un cameraman comme une merde en est une autre. Le charisme de Zlatan ne l’autorise pas à àªtre irrespectueux, ni à choisir les questions qu’on lui pose.
C’est leurs supporters qu’ils ignorent
Ce que l’attaquant du PSG et celui du Real Madrid ont oublié, c’est qu’en envoyant paà®tre un journaliste, c’est au visage de leurs supporters qu’ils crachent. Tous les fans du club de la capitale aimeraient connaà®tre la véritable nature des relations entre l’international suédois et Cavani, dont la complicité technique, d’abord prometteuse, s’est éteinte il y a plus d’un an. De màªme que ceux du Real peuvent légitimement s’interroger sur l’état de forme et la nervosité actuels de CR7.Et qu’on ne vienne pas dire que les réseaux sociaux ont rendu cet intermédiaire obsolète. Les comptes Twitter de Cristiano Ronaldo et Ibrahimovic alignent les platitudes (écrites, on l’imagine, par un conseiller en com’ n’ayant jamais croisé « son » joueur), noyées sous un flot de pubs pour les slips à Cristiano ou les baskets à Zlatan.
De toute faà§on, si le buteur du PSG n’est pas content qu’on l’interroge sur ses relations avec Cavani, il n’avait qu’à pas ignorer l’Uruguayen aux yeux de tous* il y a trois semaines, après que celui-ci a clos la marque contre Evian TG (4-2)…
L’arrogance pour masquer leurs mauvaises performances
À mesure que le coup de sang de CR7 défile sur l’écran nous revient l’image de ces gamins jouant les durs à cuire dans la cour d’école et faisant payer au maigrelet de la classe leur défaite cuisante au tournoi de billes de la récré. Depuis plusieurs semaines, Cristiano Ronaldo et Zlatan Ibrahimovic enchaà®nent les prestations médiocres. Au fond, leurs coups de sang, ce n’est que à§a : une ruade de cheval blessé, une forfanterie puérile censée masquer leurs difficultés actuelles.
La prochaine fois que l’un des deux hommes fera une sortie de ce genre, espérons – mais on n’y croit guère – que les journalistes présents auront le courage d’éteindre leurs micros et de le laisser en plan…
JD
* Buteur sur un service du Suédois, Cavani était allé lui taper sur l’épaule avant l’engagement savoyard. Ibra ne s’était màªme pas retourné…