par nicolas.breton

PSG - Opinion : Ancelotti, un bilan pas si brillant

Du jour où son départ au Real Madrid a été évoqué, Carlo Ancelotti est subitement devenu, en France, le meilleur entraîneur du monde.

Ses dirigeants sont prêts à l’augmenter (alors qu’il est déjà, avec 12 millions d’euros par an, le deuxième coach le mieux payé du monde), et même les consultants les plus vindicatifs en font le "chic type" de ce PSG à qui le rôle de méchant va si bien. Maintenant que ses envies de départ vers le Real Madrid sont connues, Paris doit-il vraiment tout faire pour conserver l'Italien ?

Carlo Ancelotti, c’est d’abord un CV. Des titres à foison à Milan et Chelsea, une réputation qui lui vaut encore la poignée de main respectueuse - la révérence, presque - des entraîneurs adverses avant chaque rencontre. La France, toute heureuse de voir débarquer une star des bancs de touche, a accueilli le technicien comme une pièce de musée, déduisant sa valeur de son seul prestige.

Sauf qu’on ne gagne pas de matches avec du prestige. Sur le terrain, qu'a-t-il prouvé, Carlo ? Pas davantage qu'un entraîneur lambda.

Ne soyons pas de mauvaise foi et reconnaissons-lui trois mérites. D’abord, celui d’avoir bâti une défense d’une rare étanchéité. Aucune autre formation en Europe n’est parvenue à garder ses cages inviolées en championnat aussi souvent que le PSG : 22 fois en 35 journées.

Ensuite, le technicien a réussi à trouver un poste, milieu gauche en l’occurrence, auquel Javier Pastore ne soit pas totalement inutile. Si ça, ce n’est pas un coup de génie tactique !

Toujours pas de fond de jeu

Don Carlo possède enfin l'immense qualité de garder son calme en toute circonstance, quand ses collègues Leonardo ou Ibrahimovic attisent, par leur agressivité constante, le climat de tension qui pèse sur le club.

Et c'est à peu près tout.

Le jeu parisien ? Inexistant. Un match nous vient à l'esprit : PSG-Troyes, le 24 novembre. Ce soir-là, les coéquipiers de Thiago Silva s'étaient imposés 4-0. Mais quiconque a vu cette rencontre pourra en témoigner : Paris avait accéléré cinq fois et inscrit quatre buts. Les 85 minutes restantes ? Une bouillie de football, onze joueurs immobiles postés devant leur surface, attendant on ne sait quoi, jouant la contre-attaque avec un attaquant qui ne joue qu'en marchant.

Ce match, on l'a vu cent fois et on le reverra cent fois tant que le technicien italien s'obstinera à bannir le mot "pressing" de ses causeries. Paris le gagnera souvent, sur des exploits individuels, mais paiera parfois le fait de jouer si bas et de laisser son adversaire prendre confiance. Comme il a payé face à Rennes, Reims, Sochaux, Evian TG, Valenciennes, tous ces "exploits" qui n'en sont plus, à force.

Un seul grand match en un an et demi

Ce n'est pas un problème tactique, objecteront certains, mais un problème de motivation. Ancelotti n'en est pas moins coupable. Jamais il n'a trouvé les mots pour secouer son équipe face aux petits. On le dit calme et respecté, cela ressemble à de l'indécision. Les joueurs l'adorent comme on adore ce grand-père bienveillant dont on écoute les conseils pour mieux les braver dès qu'il tourne le dos.

Alors oui, l'ancien coach de Chelsea a offert au PSG le troisième titre de son histoire. Mais c'est un minimum, au vu de l'effectif. Toutes les autres compétitions, cinq en tout, Paris les a laissées filer, de façon parfois ridicule (élimination en demi-finale de Coupe de France contre Evian TG). Même l'héroïque double-confrontation face au Barça en Champions League a perdu de son éclat après la piquette infligée aux Catalans par le Bayern au tour suivant.

En tout, en dix-huit mois sous les ordres du technicien, combien de grands matches le club de la capitale a-t-il offerts ? Quelques-uns en mai 2012, quand son retard sur Montpellier l'avait obligé à sortir de sa torpeur (en vain). Quelques autres en décembre, lorsque la seule vraie crise du PSG qatari avait contraint Zlatan et sa bande à se retrousser les manches.Mais le chef-d’œuvre d'Ancelotti, le seul face à un adversaire de son rang, se résume à ce fantastique huitième de finale aller de Ligue des Champions à Valence (2-1).

Garder Ancelotti, faute de mieux

Un match en un an et demi, cela fait quand même léger. On se demande d'ailleurs encore ce que l'Italien avait à apprendre au PSG sexy d'Antoine Kombouaré, au vu des carences tactiques et mentales que l'équipe continue d'afficher. Arsène Wenger aurait pu combler les premières, José Mourinho les secondes. Hélas, le Français va rester à Arsenal et Mourinho rejoindre Chelsea.

C'est bien cette absence d'alternative, davantage que le travail accompli, qui rend aujourd'hui Ancelotti si indispensable au PSG.

Julien Demets

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Pour résumer

Les dirigeants parisiens font tout pour retenir Carlo Ancelotti. En vaut-il vraiment la peine ? Sur ce qu'on a vu depuis un an et demi, pas vraiment...

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Rédacteur
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