Ligue 1
ASSE : avez-vous compris le coup de gueule de Jean-Louis Gasset ?
Déçu de l’avancée du Mercato, Jean-Louis Gasset a mis la pression sur ses dirigeants la semaine passée.
Nos journalistes Laurent Hess et Alexandre Corboz donnent leur avis sur ce coup de gueule du coach à la casquette.
OUI
« Cela faisait un moment qu’on entendait dire que Jean-Louis Gasset s’agaà§ait du Mercato mené par l’ASSE et de la lenteur de celui-ci. Que ses relations avec Frédéric Paquet n’étaient pas au beau fixe non plus. Pour moi, cette sortie après Amiens est juste l’extériorisation d’un malaise interne. Lors de la période des transferts, les entraà®neurs sont souvent les plus angoissés. Ce sont eux qui jouent sur le tàªte en cas de mauvais résultats et leurs intéràªts individuels va à l’encontre d’un marché tactique où il convient de jouer la montre pour trouver le meilleur rapport qualité-prix.
Lorsqu’il avait accepté de continuer l’aventure jusqu’en juin 2019, Jean-Louis Gasset avait posé un certain nombre de conditions qui lui ont été validées. Or, il se rend compte aujourd’hui que les promesses « chiffrées » n’ont pas été tenues par ses dirigeants et qu’on lui dit de patienter. Il réclame un défenseur central (arrivé depuis avec Timothée Kolodziejczak) et deux joueurs de côté (chiffre ramené à un après la discussion apparemment positive de lundi dernier). A presque 65 ans, le Montpelliérain a passé l’âge de faire la guerre à sa direction. Cela n’a jamais trop été dans sa mentalité. Mais Gasset est quelqu’un d’entier et qui n’a plus de temps à perdre. Saint-Etienne sera sans doute son dernier contrat et j’interprète son coup de pression comme une volonté d’agir pour le bien « immédiat » du club : avoir l’équipe la plus compétitive pour briller dans un avenir proche (2018-2019), pouvoir la mettre en place le plus rapidement pour ne pas accuser de retard à l’allumage… Cela ne me choque pas.
Après, comme je l’ai toujours dit dans ces colonnes, je reste circonspect sur la pertinence du choix de Gasset en bâtisseur après avoir été le pompier de service. On voit bien dans les décisions (et les recrutement) de l’Héraultais une volonté d’assurer (et de rassurer) avec des joueurs d’expérience. Toute la vision du club, focalisée sur la sienne, va dans le court terme et j’ai peur qu’à son départ, avec un effectif qui aura coûté cher et sans perspectives de reventes importantes, l’ASSE connaisse des heures difficiles. Mais à§a, c’est un autre débat… »
Alexandre CORBOZ
à‡a dépend des promesses !
« J'aime beaucoup Jean-Louis Gasset. J'ai beaucoup de respect pour son travail depuis qu'il est à l'ASSE et il le sait, je le lui ai dit avant son départ en vacances, quand on n'était pas sûrs qu'il revienne. Sa sortie médiatique ne m'a pas surpris. J'avais eu écho de certaines divergences, de son agacement. Mais comme je ne connais pas la teneur des promesses qui lui ont été faites par la direction, je ne peux pas vraiment comprendre son coup de gueule. Je n'ai pas tous les éléments en main. Ce que je sais, moi, ce que je vois, c'est que l'ASSE n'a pas perdu 14 joueurs, comme il le prétend. Elle n'en a perdu que deux qui étaient des titulaires : Rémy Cabella et Jonathan Bamba. Gasset aura du mal à faire croire que les autres, les Janko, Jorginho, Katranis, Théophile-Catherine, Hernani, Maà¯ga, Pierre-Gabriel ou Maisonnial, sont de vraies pertes. Dans l'autre sens, Wahbi Khazri est arrivé, Mathieu Debuchy a prolongé, comme Kévin Monnet-Paquet. Je considère donc que l'ASSE ne s'est pas affaiblie. Elle s'appràªte à débuter une nouvelle ère avec des (très) jeunes à fort potentiel, encadré par une ossature de joueurs confirmés, avec un coach qui a montré son savoir-faire en six mois. En l'état, je considère qu'elle a un effectif qui lui permettrait de jouer la 5e place, et qu'elle deviendrait favorite pour cette 5e place avec l'apport d'un Adam Ounas et d'un avant-centre plus fort que Robert Beric ou Loà¯s Diony. Ce que je sais aussi, c'est que l'effectif compte déjà 6 joueurs qui touchent au moins 200 000 € par mois. Le club n'avait jamais eu autant de joueurs à ce niveau là de rémunération. Gasset bénéficie donc de moyens que ses prédécesseurs n'avaient pas pu avoir, surtout pas Oscar Garcia l'an dernier. Le fond de ma pensée, c'est que je ne le trouve donc pas si mal loti. Il a un bon groupe. Le fait qu'il en demande encore plus montre son ambition. C'est bien. Mais il montre aussi que tout n'est pas rose en interne. C'est moins bien, évidemment. Mais à§a aussi, évidemment, on le savait. Depuis longtemps. »
Laurent HESS