Les journalistes Laurent Hess et Alexandre Corboz partagent leurs points de vue.
Il n’aura pas marqué le club de son empreinte
« Difficile de juger Frédéric Paquet mais on peut lui reconnaà®tre une chose : en un an et demi avec lui, l’ASSE est passée de la 16e à la 4e place de la L1, et elle va retrouver l’Europe. Mais ce bilan est surtout celui de Jean-Louis Gasset. Paquet, lui, ne laissera pas un souvenir impérissable. A son arrivée, on pouvait penser qu’il n’allait pas rester très longtemps car il était menacé par un éventuel changement d’actionnariat. Finalement, le duo Romeyer-Caiazzo est toujours là et c’est lui qui s’en va. De lui-màªme. Selon sa propre volonté. Si les deux présidents ont décidé de ne pas le retenir, c’est qu’ils n’étaient pas très contents de son travail. Les résultats marketing n’étaient pas ceux espérés et il y a eu des décisions qui ont été durement ressenties en interne, par Caiazzo et Romeyer comme par certains employés. Alors qu’on s’attendait à ce qu’il soit le nouvel homme fort du club à son arrivée, Paquet aura finalement eu très peu d’influence. Sa plus grosse décision ? Le départ d’Eric Blondel, avec un joli chèque à la clé. Une décision qui avait été mal accueillie par Caiazzo et Gasset en particulier. En interne, Paquet n’aura pas su tisser de liens forts avec ses supérieurs et il ne faisait pas l’unanimité non plus parmi les employés. Il aura surtout renvoyé l’image d’un homme qui n’était que de passage. Ce qu’il a été, au final. »
Laurent HESS
Il a surtout dépanné six mois !
« Personnellement, je ne garderais pas un grand souvenir de Frédéric Paquet. Je pense que le directeur général n’a jamais vraiment pris la mesure de son environnement. L’intéressé a essayé de faire d’un club populaire (et plutôt ouvert) comme l’ASSE une vague parodie de l’hermétique LOSC. Tant au niveau de la communication que de la gestion des supporters. Avec nous, il entretenait des rapports courtois mais distants. Il considérait la presse comme une ennemie à tenir à l’écart au maximum (c’était d’ailleurs en substance le message de son billet Linkedin sur l’importance de la communication dans un club professionnel), il voulait des Ultras dociles… Pour moi, son idée directrice ne pouvait pas coller avec les Verts et je pense qu’il s’en est vite aperà§u (ou alors ses dirigeants le lui ont rappelé).
Frédéric Paquet était arrivé en patron du sportif pour permettre à Roland Romeyer, alors très tendu et au bord du « burn-out », de se refaire une santé. Je dirais que le moment où le DG a été le plus utile, c’est lorsqu’il a fallu tenir les cordons de la bourse et s’occuper des affaires courantes avec Jean-Louis Gasset et David Wantier. Grosso modo de janvier 2018 à la dernière intersaison. Ensuite ? Roland Romeyer est revenu plus motivé que jamais. Il a repris la main sur les dossiers, géré la prolongation de Robert Beric (que Paquet voulait laisser partir). Ou comment bien lui faire comprendre que ses prérogatives sportives étaient rognées et qu’il fallait qu’il se concentre sur le marketing de l’ASSE. Or Frédéric Paquet n’était tout simplement pas venu pour à§a à Saint-Etienne et il ne servait plus à grand-chose. La suite est finalement des plus logiques. »