But! Saint-Etienne : Jean-Paul, comment Oussama Tannane est-il considéré aux Pays-Bas ?
Jean-Paul Rison : C'est l'une des plus grandes révélations de la première partie de saison aux Pays-Bas. Avec ses 9 buts en 13 rencontres, il était considéré comme l'une des clés du succès de l'Heracles Almelo en championnat (ndlr : désormais 5e, le club était 4e avant son départ). Beaucoup de gens ici pensent qu'il a un grand avenir devant lui et un vrai talent. La comparaison avec Ben Arfa (signée Jérémie Janot) est bien choisie. J'avais fait la màªme et pas seulement parce qu'il s'agit de deux joueurs originaires d'Afrique du Nord. Leur jeu est comparable. Ils vont vite, sont très techniques”¦ De vrais artistes de rue capables d'àªtre décisifs à tout moment. Après, Tannane, c'est aussi un caractère difficile. A la mi-saison, il avait déjà reà§u sept cartons jaunes toutes compétitions confondues. En France, vous devez appeler à§a une “tàªte brûlée”. D'ailleurs, il avait été suspendu trois matches en début de saison après une bagarre lors d'un match de Coupe des Pays-Bas face au Vitesse Arnhem.
Sa réputation de “bad boy” aux Pays-Bas est-elle justifiée ?
Je pense que oui. S'il a été viré par l'Ajax et le PSV en formation, ce n'est pas à cause de son talent. Il a toujours eu des problèmes de discipline, avec ses entraà®neurs”¦ Les clubs n'ont jamais remis en cause son talent. Après, il a aussi été suspendu par son club plusieurs fois. L'Heracles a màªme justifié sa mise à l'écart après une bagarre à l'entraà®nement par une “difficulté à contrôler ses émotions”. Je pense que son image chez nous est quand màªme un petit peu justifiée.
C'est un joueur issue d'un quartier difficile”¦
Oui, il est né à Tetouan, au Maroc, mais sa famille a débarqué aux Pays-Bas alors qu'il n'avait qu'un an et demi. Il a grandi à Amsterdam-Oost. Ce n'est clairement pas le meilleur quartier de la ville. Cela ressemble un peu aux banlieues qu'on connaà®t en France. C'est un quartier très vivant, peuplé de beaucoup d'immigrants marocains, turcs et surinamais. D'ailleurs, on se rend compte que ce quartier a produit d'autres joueurs comparables et des stars de l'équipe du Maroc comme Mbark Boussoufa (ndlr : Anderlecht, Anzhi, maintenant La Gantoise) et Oussama Assaidi (Liverpool, Stoke City, maintenant aux Emirats).
Ses performances à Saint-à‰tienne sont-elles suivies ?
Pas beaucoup. Aux Pays-Bas, il n’y a pas beaucoup d'attention pour le foot en France, notamment parce qu'il n'y a presque pas de joueurs néerlandais évoluant en Ligue 1 à part Van der Wiel à Paris et Rekik à Marseille. Le grand public connaà®t seulement les joueurs des équipes qui jouent la Ligue des champions comme le PSG et l'OL. Après, les quelques suiveurs de la L1 aux Pays-Bas sont quand màªme surpris par la vitesse à laquelle il s'adapte. Christophe Galtier lui a quand màªme donné très rapidement une place dans son onze de départ.
Recueilli par Alexandre CORBOZ