ASSE : Galtier fait-il une bêtise avec la défense à cinq ?
En trois matches officiels cette saison, l’entraîneur de Saint-à‰tienne Christophe Galtier a chaque fois eu recours à une défense à cinq.
Cette stratégie a-t-elle vraiment un avenir ? Pour le savoir, nous avons compilé toutes les rencontres disputées dans cette configuration depuis un an afin d’en analyser les résultat.
Les succès
30 novembre 2014 : ASSE 3-0 OL (15e journée de Ligue 1)
Pour la première fois depuis vingt ans, les Verts triomphent de leur rival à Geoffroy-Guichard. Contrairement au match face à Paris, Fabien Lemoine et sa bande imposent dès le coup d’envoi un pressing étouffant. Preuve que c’est moins le système que son animation et son adaptabilité à celui de l’adversaire (le milieu en losange des Gones était privé de son habituelle supériorité numérique dans l’entrejeu) qui fait le succès de cette stratégie alternative.
30 juillet 2015 : Târgu Mures 0-3 ASSE (tour préliminaire de l’Europa League)
Désireux, sans doute, d’assurer un bon résultat avant le match retour à domicile, le technicien stéphanois opte pour un système en 5-2-3. Le résultats est au-delà de ses espérances : Romain Hamouma est en feu et signe un doublé qui permet à son équipe d’assurer quasiment sa qualification. Le large avantage de l’ASSE au coup de sifflet final ne doit toutefois pas faire oublier une première période plus quelconque, sauvée par le but d’Ismaël Diomandé.
Mitigé
6 novembre 2014 : ASSE 1-1 Inter (phase de poules de l’Europa Ligue)
Sur la scène européenne, Galtier n’hésite pas non plus à avoir recours à une défense composée de cinq éléments. Ce soir-là , Florentin Pogba épaule Loà¯c Perrin et Moustapha Bayal Sall au sein de la charnière centrale stéphanoise. Objectif : phagocyter le 3-5-2 lombard. Comme souvent avec ce dispositif, l’entame est laborieuse et les hommes de Walter Mazzarri mènent logiquement au score. Un meilleur second acte, avec un système inchangé, offre le nul aux Verts.
23 mai 2015 : ASSE 2-1 EA Guingamp (38e journée de Ligue 1)
Dernière journée du championnat. Les Verts doivent tout faire pour l’emporter et décrocher ainsi, à la faveur d’un heureux concours de circonstances, la troisième place du classement. Pourtant, à la surprise générale, Galtier choisit d’aligner une défense renforcée par la présence de Pogba aux côtés de Perrin et Bayal Sall. L’entame est poussive, puis un doublé de Max-Alain Gradel permet à la formation ligérienne d’accrocher les 3 points. Mais pas le podium.
6 août 2015 : ASSE 1-2 Târgu Mures (tour préliminaire de l’Europa League)
On ne change pas une équipe qui gagne. Large vainqueur du match aller (voir plus haut), les Verts attaquent cette rencontre à Geoffroy-Guichard avec, de nouveau, un système à cinq arrières. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Loà¯c Perrin et sa bande, menés 2-0 à l’heure de jeu, frôlent un humiliant renversement de situation. Le schéma de jeu peut-àªtre mis en cause, mais c’est surtout l’excès de confiance des Verts au coup d’envoi qui explique cette frayeur.
Les bides
31 août 2014 : PSG 5-0 ASSE (4e journée de Ligue 1)
Après avoir pourtant connu une certaine réussite en pratiquant un pressing haut lors des précédents affrontements face au club de la capitale, Galtier décide en cette fin de mois d’août d’attendre les coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic pour mieux les contrer. Ce qui donne lieu à un système en 5-3-2 avec Kevin Monnet-Paquet en faux arrière droit. Le début de match est plutôt réussi mais une erreur de Stéphane Ruffier le gâche. Derrière, c’est l’avalanche.
19 avril 2015 : OL 2-2 ASSE (33e journée de Ligue 1)
L’exact négatif du match aller. Totalement asphyxiée durant la première demi-heure, la formation stéphanoise ne doit qu’au manque de réussite lyonnais de n’àªtre menée que 1-0. Galtier se rend rapidement compte de son erreur et remplace Paul Baysse par Romain Hamouma à la 24e minute. Màªme si Lyon reste dominateur, les Verts pénètrent enfin dans la moitié de terrain adverse. Aidés par l’exclusion de Lindsay Rose, ils décrocheront un point.
9 août 2015 : Toulouse FC 2-1 ASSE (1e journée de Ligue 1)
L’avertissement reà§u trois jours plus tôt à Târgu Mures ne dissuade pas Galtier d’aligner cinq joueurs en défense, Kevin Théophile-Catherine et Florentin Pogba épaulant Loà¯c Perrin dans l’axe. Malgré l’ouverture du score rapide du capitaine des Verts, ce sont bien les Violets qui produisent la meilleure impression dans le jeu. La tactique des Verts ne masque pas le manque d’inspiration en attaque. Galtier revient donc à un 4-2-3-1 à la demi-heure de jeu.
Conclusion
À la lumière de ces différents exemples, il est possible de tirer quelques enseignements de l’usage d’une défense à cinq à l’ASSE. Les voici :
– Màªme si c’est un peu cliché, la faà§on dont les joueurs le font vivre est plus importante que le système lui-màªme. Les coéquipiers de Loà¯c Perrin sont capables d’écraser l’OL comme de s’incliner face au Târgu Mures avec une stratégie identique. La différence ? Leur implication. Dans le premier cas, l’ASSE visait l’exploit. Dans le second, elle se croyait qualifiée.
– L’adoption de cette stratégie demande une période d’adaptation. En effet, la formation ligérienne a presque systématiquement traversé une entame de match laborieuse, voire catastrophique (à Gerland la saison passée), lorsque Christophe Galtier optait pour une défense à cinq. À l’évidence, ce groupe répond plus naturellement au 4-3-3.
– Au fond, ce système n’a pas de raison d’àªtre au sens où la défense stéphanoise, très performante la saison passée, n’a pas besoin d’àªtre renforcée. À l’inverse, sa mise en place ne réglera pas les problèmes offensifs de l’équipe, davantage imputables à un déficit de créativité (Benjamin Cornet n’a jamais assumé le rôle de ‘playmaker’), de mouvement ou de justesse technique.
– Néanmoins, le 5-3-2 (ou 5-2-3) peut se justifier lorsqu’il permet d’exploiter les faiblesses adverses ou d’en gommer les points forts. Ainsi l’ASSE était-elle parvenue, lors du derby aller la saison dernière, a annihiler le milieu en losange si cher à l’OL. Galtier avait ‘surpeuplé’ l’axe du terrain pour paralyser le diamant lyonnais, tout en libérant les latéraux.