ASSE : le puzzle Jean-Louis Gasset prend forme

Un été 2018 mené avec beaucoup de cohérence dans les choix et avec des idées directrices claires. Décryptage.

Il a voulu garder l'ossature de son groupe

« Consolider les bases créées en début d’année 2018 ». Tel a été le fil directeur du Mercato stéphanois. C’est donc pour cette raison que les Verts ont concentré beaucoup de leur temps et de leur énergie sur cinq éléments moteurs de la remontée de fin de saison. Quatre dossiers sont désormais finalisés : la signature pour trois saisons de Mathieu Debuchy pour combler le poste de latéral droit, la prolongation de trois saisons de Yann M’Vila dans le cÅ“ur du jeu, le retour de Kévin Monnet-Paquet alors que son contrat était arrivé à échéance et la venue définitivement de Rémy Cabella dans le rôle de maà®tre à jouer. Il ne reste plus qu’à entériner le nouveau contrat de Neven Subotic pour acter sur la durée la présence d’une ossature solide. Jonathan Bamba parti, les Verts ont également réalisé un coup de maà®tre en le remplaà§ant par Wahbi Khazri, l’un des dossiers les plus ambitieux jamais monté par l’ASSE. La venue de Timothée Kolodziejczak permettant aussi d’instaurer une vraie concurrence à gauche pour Gabriel Silva, tout en maintenant l’axe sous pression avec la venue d’un 3e central d’expérience. Un super remplaà§ant polyvalent censé combler le vide laissé par le départ de Kévin Théophile-Catherine, très utilisé la saison passée.

Il a beaucoup insisté pour Khazri et Cabella

Cette construction brique par brique de l’effectif porte bien évidemment la patte Jean-Louis Gasset. A un an de la fin de son contrat, le coach des Verts s’est parfois agacé de la lenteur des dossiers mais il est parvenu à se faire entendre de ses dirigeants, lesquels ont fait de vrais efforts pour le contenter. « Est-ce que j’ai eu ce que je souhaitais ? J’ai fait quelques concessions car j’avais réclamé 16 pros au départ mais on va dire que ce n’est pas loin », déclarait le principal intéressé vendredi dernier en conférence de presse. Tout l’Etat-major n’était pas en accord avec lui sur Kévin Monnet-Paquet et Rémy Cabella ? Il est parvenu à remporter la bataille des idées. Pour Wahbi Khazri, c’est également lui qui a insisté, convaincu (par son comparse Ghislain Printant?) que le Tunisien serait l’homme de la situation devant. Alors que les Verts envisageaient de recruter un nouveau n°9, c’est aussi le technicien héraultais qui a rayé de liste cette nécessité, convaincu que Loà¯s Diony pouvait renaà®tre de ses cendres si on lui laissait la place.

Un plan dégraissage presque parfait

Cet été, l’AS Saint-Etienne a laissé partir plus d’une équipe complète mais la plupart de ces mouvements concernait des seconds couteaux de l’effectif (Pajot, Ntep, Pierre-Gabriel, Janko, Lacroix, Hernani, Tannane, Theophile-Catherine) ou des jeunes n’ayant pas d’avenir immédiat dans le Forez (Jorginho, Souici, Maisonnial, Katranis, Maà¯ga). Dans les faits, parmi les joueurs importants, les Verts n’ont finalement perdu que Jonathan Bamba, lequel a rejoint le LOSC à l’issue de son contrat. Outre la belle économie sur la masse salariale, cela a permis de réduire quantitativement l’effectif pour laisser la place aux jeunes. A moins de dix jours de la fin du marché, il ne reste guère plus que deux voire trois joueurs à faire partir pour réaliser le Mercato parfait au niveau des départs. Du fait de son salaire (80 000€ brut par mois pour une saison encore), Cheikh Mbengué fait figure de priorité. Le Sénégalais ne croule pas sous les propositions, lui qui a échoué dans son essai à Bolton. Autre départ souhaité : celui de Pierre-Yves Polomat, également sous contrat pour encore un an et qui ne souhaite pas retourner en Ligue 2. Enfin, si l’AS Saint-Etienne met (enfin) la main sur l’ailier qu’il désire, cela devrait ouvrir la porte à Arnaud Nordin, attendu du côté de l’AS Nancy-Lorraine en pràªt mais également visé par le RC Lens.

La place pour au moins un jeune par ligne

C’était la suite voulue du plan dégraissage et la raison pour laquelle l’ASSE a misé, pour ses nouvelles tàªtes, sur des éléments capables de couvrir plusieurs postes. Avec seulement 14 éléments « chevronnés » dans l’effectif, la direction ligérienne a épuré son effectif pour le rendre plus conforme à celui d’un club n’évoluant que sur trois tableaux et qui n’aura que rarement l’occasion de jouer tous les trois jours. Une volonté assumée de faire la place au centre de formation. En effet, comme Peak6 l’a compris au moment de sa tentative de rachat de l’ASSE, le talon d’Achille des Verts est aujourd’hui au niveau de la régénaration de son groupe avec des jeunes à fortes valeurs marchandes. A l’instant t, la plus-value censée àªtre amenée par la formation est nulle. Il fallait donc revoir totalement la constitution de l’effectif : « On voulait disposer d’un groupe de qualité et restreint. Cela permet de laisser la place aux jeunes issus du centre de formation. C’est un projet partagé par le coach qui joue le jeu à la perfection », confirme Frédéric Paquet. Aujourd’hui, dans chaque ligne on trouve un jeune du cru pour compléter. A 16 ans, Stefan Bajic a été intronisé gardien n°3. William Saliba occupera lui le rôle de quatrième défenseur central dans une hiérarchie claire et lisible. Mickaël Panos complètera les couloirs s’il y a des absents parmi les trois premiers choix. Dans l’entrejeu, Mahdi Camara, qui était entré face à Guingamp, aura une carte à jouer derrière le trio M’Vila – Selnaes – Diousse. A un degré moindre, Dylan Chambost est à l’affût. Dans le secteur offensif où Jean-Louis Gasset propose une animation à quatre tàªtes pour six (voire sept) éléments disponibles, Makhtar Gueye a réussi une entrée faracassante en marquant à Strasbourg et Bilal Benkhedim pourrait aussi se voir ouvrir une fenàªtre de tir. « Il y aura au moins trois jeunes issus du centre de formation qui auront du temps de jeu », a promis le directeur général des Verts vendredi dernier. Une stratégie que Jean-Louis Gasset ne valide que du bout des lèvres : « Cette saison, il faudra que nous soyons épargnés par les blessures et les suspensions sinon il faudra précipiter un peu la rentrée des jeunes. Ce n’est pas forcément une bonne chose. Certains sont passés des U17 au monde professionnel. Cela demande quand màªme une adaptation. Pendant les matches amicaux, on a vu certaines qualités. Mais après quand c’est la réalité et qu’il y a des points en jeu, on ne peut plus faire de coups d’essai ». On devine quand màªme que cela fait partie des concessions faites par le technicien …

Alexandre CORBOZ

MERCREDI 22 AOUT 2018