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Ligue 1

ASSE – Le rendez-vous de Bigard : « Club, kops, VIP, parents, enfants, handicapés, tous en sursis ! »

Ancien responsable des sports au Progrès, Didier Bigard, resté très proche de l’actualité de l’ASSE, pose son regard cette semaine sur la répression des instances.

« Xavier Thuilot, le DG de l’ASSE, avait rendez-vous avec les représentants des groupes ultras jeudi dernier. Il s'agissait d'évoquer la sanction infligée par la commission de discipline de la LFP. Outre le match purgé face à Nantes, il y a un risque d'un autre huis clos en cas de récidive. S'il sera difficile de tenir jusqu'à la fin de la saison, il valait mieux éviter toute provocation dès ces retrouvailles de Geoffroy-Guichard avec son public contre Nà®mes. Au risque de voir un stade vide pour la venue de l'OM! Chacun a pris ses responsabilités, comme toujours màªme si ce n'est pas toujours dans le sens voulu par les instances.

La LFP au dessus des Préfets

En dehors d'un léger nuage vert il n'y a eu qu'une banderole pour poser une vraie question à la Ligue : « Depuis 1991, nos animations font votre promotion. Qu'en est-il de vos sanctions ? ». Mais qui peut répondre puisque la présidente de la LFP et son DG n'ont aucune prise sur les membres de la commission de discipline, indépendante ou déconnectée ?

D'un côté la LFP prend part aux discussions de l'Instance Nationale du Supportérisme sur les déplacements, la lutte contre les discriminations, l'utilisation des engins pyrotechniques. De l'autre elle enregistre les sanctions et les arràªtés préfectoraux limitant ou interdisant les déplacements. Quand ce n'est pas elle qui prend ces décisions ! On l'a vu à Bastia en coupe. La LFP avait interdit les supporters stéphanois alors que le Préfet de Corse ne s'opposait pas à leur venue. Plusieurs avaient fait le voyage, sans souci et les dirigeants de Borgo avaient dû leur trouver une place dans le stade, aucun parcage n'ayant été réservé suivant les consignes parisiennes. A l'inverse il peut y avoir mansuétude comme lorsque la Ministre des sports est prise à partie au Red Star. Pas de sanction parce que cela s'est passé derrière la tribune. Personne ne souhaitait mettre de l'huile sur le feu. Ce n'est pas toujours le cas.

Le Graët n’est pas clair dans ses interventions…

Le président de la FFF, Noël Le Graët, lui-màªme, n'est pas clair dans ses interventions. En août 2019 il communiquait « Les interdictions de déplacement sont stupides… Je trouve intolérable les fermetures de tribunes ». Mais deux mois plus tôt il avait joué au père Fouettard « Je demande à la Ligue d’interdire complètement les fumigènes, sinon la Fédération le fera ». Dans le màªme temps, le Ministère préconisait une utilisation « contrôlée des animations pyrotechniques »… Vous n'y comprenez rien? Vous vous dites que personne n'est décideur et donc responsable ? Erreur, ce sont les clubs les fautifs et leur public. Màªme les papys et mamies ou leurs petits enfants, tranquillement installés en latérale supérieures. Màªme les handicapés et leurs accompagnateurs dans la tribune basse. Màªme les partenaires du club qui ont payé le prix fort pour soutenir le club. Màªme les gamins des kops qui ont cru économiser en s'abonnant. Màªme ceux qui ne viennent que pour chanter (d'accord pas des cantiques). Màªme ceux qui passent des semaines à préparer des tifos. Et demain, màªme les joueurs puisque Le Graët a menacé à propos des fumigènes « Je vous donne ma parole d’honneur que la Fédération prendra le dossier en main, quels que soient les textes, et ajoutera peut-àªtre des pertes de points ».

”¦ et les politiques non plus

On peut aussi ajouter au tableau les interventions des élus. De Maires comme Gaël Perdriau trouvant « joli à voir » le feu d'artifice face au PSG, « regrettant la sanction collective tout en relevant que « tout fait de violence doit àªtre sanctionné ». Ou de députés, comme Sacha Houlié (LREM) et Marie-George Buffet (PC) lanà§ant une mission d’information sur « le régime des interdictions de stade et le supporteurisme ».

Tout le monde a son mot à dire, sauf les présidents de clubs ou leurs directeurs généraux. La LFP a imposé aux clubs de créer un poste de référent supporters pour mettre en place « un véritable dialogue entre l'ensemble des supporters, le club et les pouvoirs publics locaux ». Mais quel est le poids de ces dirigeants quand les ultras ont le numéro de portable de la présidente de la Ligue nationale? Quelle est leur crédibilité quand le patron de la fédération « demande aux clubs de vérifier davantage les entrées » et leur lance « Un patron de club est un patron et son stade doit àªtre propre… »? Quel est leur pouvoir quand ils sont pris en tenaille par ceux supposés les soutenir, ultras d'un côté, instances et autorités de l'autre? Et quel est l'avenir du football? pas celui de la télé, mais celui des stades. »

Didier BIGARD

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