Mais il serait réducteur de parler de coaching gagnant à l’ASSE juste sur les remplacements intervenus en fin de match, selon notre consultant Didier Bigard.
L'ASSE vient d'enregistrer trois victoires consécutives en championnat, et on ne fera pas l'injure à Ghislain Printant d'oublier que la première à Nà®mes, l'a été sous ses ordres. Claude Puel qui lui a succédé avait, lui-màªme, relevé les progrès de l'équipe au stade des Costières puis en ligue Europa face à Wolfsburg. Nous ne rejoindrons pas ceux qui hier étreignaient l'ancien adjoint de Jean-Louis Gasset et aujourd'hui, tailladent son souvenir. Les résultats ne plaidaient pas en sa faveur, il l'a admis, mais les fautifs étaient aussi sur le terrain, sans pour autant qu'on doive les juger sans étude des circonstances que les censeurs admettront peut-àªtre atténuantes. Printant comme Puel avait évoqué le degré de forme ou plutôt de méforme de certains avec l'espoir de combler les vides, de remettre tout le monde à niveau, sinon au màªme niveau.
Déjà des choix forts, une plus grande concurrence
La dernière tràªve internationale a permis d'entamer ce travail et surtout de récupérer tout le monde, de faire jouer pleinement la concurrence et pour le nouveau manager des Verts de faire des choix forts. Son prédécesseur les auraient-ils faits lui aussi et avec quels résultats? Il a le droit au doute alors que se négocie son départ. Pour Puel, la question ne se pose plus. En deux matches, il a tranché dans le vif, fort d'une indépendance que lui donnent son expérience et son statut de sauveur, tel Gasset l'avait eu, se bouchant les oreilles quand, au dessus, on faisait la moue sur ses exigences, comme vouloir à tout prix Rémy Cabella.
Puel a fait rentrer quelques tàªtes dans les épaules, sur le terrain comme en dehors
Mais passons pour revenir aux premières décisions de celui qui en prenant place au Directoire a donné à son poste une autre dimension et fait rentrer quelques tàªtes dans les épaules, sur le terrain comme en dehors. Dans le derby, il aligne le duo Abi-Diony, laisse khazri sur le banc et Moukoudi en tribune, et, Paulo Sousa se doutait qu'il allait lui réserver quelques surprises. Pas raté. Il a encore fait des choix forts, (« pourquoi surprenants? » rigole Jacky Bonnevay). Diony est resté à la maison, comme Moukoudi et Trauco incités à parfaire leur état de forme ce qui se fera désormais sous la houlette de Laurent Huard qui n'effectuera plus les déplacements. Autre décision du patron.
Et cela marche. Après la victoire sur l'OL, il avait avancé que parfois les entraà®neurs ont de la réussite. Mais elle ne vient pas toute seule. Il serait simpliste de parler de coaching gagnant uniquement pour ses deux changements: Beric entre et marque face aux Lyonnais, Nordin entre et provoque le penalty au Matmut Atlantique. Avant cela il y l'état d'esprit affiché « On ne pourra pas nous reprocher un manque de combativité », et c'est d'abord cela qu´il a redonné à son groupe avec une exigence qui n'exclue personne, ainsi qu'il l'a martelé en conférence de presse alors qu'un confrère du Progrès évoquait ses remarques à Ruffier, pour un dégagement. «à‡a faisait partie des choses qu'on devait corriger à la mi-temps. à‡a concerne tout le monde, les jeunes joueurs, les joueurs d'expérience, parce que les matchs se jouent sur des détails ».
Les actionnaires aussi doivent reprendre des couleurs !
Cette volonté de progrès individuels doit servir un collectif qui a peu de chances de se griser pour deux ou trois victoires. Avant màªme le coup d'envoi, Bonnevay relevait combien le championnat est serré, comme pour éviter toute euphorie engendrée par trois points de plus, ou toute dramaturgie pour du surplace. Tout peut aller vite, tout va très vite. Reléguable il y a deux journées, l'ASSE a retrouvé des couleurs qui donneront aussi un teint moins pâle à ses actionnaires auxquels Puel, averti du contexte stéphanois, pense peut-àªtre quand il lance « On est lucide, j'espère… J'espère qu'on va rester lucide ». Pas question de s'enflammer. Son analyse bordelaise fait plus que le suggérer « On pouvait mieux faire, on a eu des approximations puis on a perdu le fil. On a donné des ballons bàªtement. On se doit encore de progresser dans la maà®trise, les déplacements, l'aide au porteur. Certains ont fait un très gros match, d'autres un peu moins. On n'est pas homogène au niveau physique, de la qualité, du self-contrôle, du sang-froid. Ce groupe doit encore s'élever ».
Didier BIGARD