Et qu’il encouragera l’ASSE à donner un peu plus de moyens à ses Amazones, aujourd’hui en D2.
« Il est facile de le mettre en avant en ce mois de juin, mais plus que d'opportunisme, on parlera d'opportunité pour évoquer le ballon rond dans les clubs. Le coup de projecteur braqué sur l’équipe nationale fait effectuer un pas de géante, non pas au sport féminin mais au sport tout simplement. Et derrière lui, à la société. Il a fallu plus d’un siècle pour que le ballon tourne rond pour elles. Le film « Comme des garà§ons », diffusé par Canal Plus, rappelle le chemin parcouru depuis le lancement d'une équipe féminine à Reims en 1969. « Non, Jean-Michel Aulas n'a pas inventé le foot féminin » a justement lancé Jean-Pierre Caillot, le président rémois lors de la Convention Première Ligue à Monaco fin mai, alors que son équipe de filles remonte en D1. Cette accession, c’est l’espoir de surfer dans la lumière de la Coupe du monde…
Saint-Etienne a manqué la chance de teinter de Vert le brillant des Bleues, mais on se gardera de tirer sur l'équipe de Jérôme Bonnet qui a craqué dans le money time. Avait-il les moyens de faire mieux ? Le ballon des filles est-il aussi bien gonflé par leurs dirigeants qu'il le mériterait, qu'elles le mériteraient ?
L’objectif de Stéphane Tessier avait été de faire de Saint-Etienne l’un des cinq meilleurs clubs franà§ais chez les filles
L’ancien coach Hervé Didier estimait que non. Le débat mérite d'àªtre relancé car un bon travail est effectué au niveau de la formation. La sélection de Maeva Clemaron le prouve, comme celles de Kheira Hamraoui aujourd'hui à Barcelone ou Camille Catala. De Saint-Chamond à Yssingeaux on a vu passer Corinne Diacre et Laure Boulleau. Comment n’a-t-on pas réussi à faire fructifier les arbres plantés par des gens qui avaient tout compris de la volonté des femmes de jouer au ballon sur du gazon ? On songe à Gérard Fropier, Jeanne et Chantal Degoulange, à Raymond Haon, visionnaire du FC Saint-Etienne, créé en 1970 avant de devenir RC Saint-Etienne puis ASSE. On avait envie de leur rendre un petit hommage, à l'heure de gloire des féminines.
L’objectif de Stéphane Tessier, entraà®neur puis président du RCSE avait été de faire de Saint-Etienne l’un des cinq meilleurs clubs franà§ais chez les filles. Mission remplie, mais les féminines allaient ensuite souffrir des résultats des hommes plus que des leurs. Quand la priorité du club devient la survie de l’équipe de L1, tous en pâtissent.
Qu’en sera-t-il demain ? Il faut d’abord remonter en D1, mais sans beaucoup plus de garanties si on en croit Laurent Nicollin dont le père a été le premier président d’un club pro à soutenir le football féminin. Les 10 millions de téléspectateurs du match d’ouverture de la France ne sont pas une garantie d’investissements. « On a l’impression que tout est rose”¦ Mais si le tournant n’est pas bien pris, cela provoquera un énorme coup de frein ».
L’ASSE aura un budget de 800 000 € pour remonter en D1
Comme Jacques-Henri Eyraud à Marseille « Nous sommes encore loin d’une économie rentable », le fils de Loulou fait ses comptes : « Les filles jouent devant 800 spectateurs maximum au Grammont, je ne peux pas les payer comme les garà§ons. L’OL est l’arbre qui cache la foràªt”¦ Je ne peux pas donner le màªme salaire à mes joueuses que Lyon à Wendie Renard ».
Le Montpelliérain lance « On a besoin d’aide », évoque la Ligue espagnole qui alloue 10 M€ à ses clubs. On est loin des Américaines réclamant le màªme traitement que les hommes, mais les Franà§aises ont assimilé la loi du marché, relevée par Gaëtane Thiney «L'égalité homme-femme, je n'ai pas de souci pour l'entendre si on rapporte autant que les hommes, mais je ne suis pas sûre que l'équipe de France féminine rapporte autant que l'équipe de France masculine ».
C’est entendu. Si à Guingamp, les joueuses avaient fait grève la saison dernière, c’était seulement pour réclamer de meilleures conditions de travail ! A Saint-Etienne, on l’a compris, un peu. L’ASSE aura un budget de 800 000 euros pour remonter en D1 selon l'à‰quipe. Et après ? Laurent Nicollin prévient : « Il va falloir continuer à se bouger après le Mondial ».
Didier BIGARD