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Ligue 1

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « Les Ultras ont-ils toujours tort ? »

Spécialiste de l’ASSE, Didier Bigard, ancien responsable des sports au Progrès, pose son regard sur l’influence grandissante des Ultras, en France.

‘Si ceux qui crient le plus fort ont toujours raison, alors pas de doute possible, les Ultras n'auront jamais tort. Ce sont eux qu'on entend dans les stades, eux qu'on voit et qui font vivre les tribunes, eux qui sont devenus incontournables. Incontrôlables diront des présidents de clubs, mais c'est peut-àªtre parce qu'ils ont cru les contrôler pour mieux s'en servir. Cela, c'était à une autre époque, pas celle des réseaux sociaux qui permettent des campagnes plus virales et plus libres du moins en apparence.

Certains dirigeants peuvent se poser des questions sur la spontanéité d'actions qui les déstabilisent ou en encensent d'autres. Question d'habileté ou de projet ? À Nice, Jim Ratcliffe s'est fait adopter en allant prendre place sur l'estrade du capo lors de la réception du PSG. Son nom a été scandé quand celui de l’homme d’affaires sino-américain Chien Lee aurait plutôt été hué. Louis-Dreyfus a été insulté à Marseille, Kita a eu droit à son bras de fer à Nantes, Sadran a senti le vent de la révolte des populaires à Toulouse. Hier on employait des mots, forcément un peu fermes -il faut savoir se faire comprendre- aujourd'hui, on descend sur la pelouse comme à Bordeaux où Longuépée et Thiodet sont priés d'aller exercer leur talent sur d'autres rives que celles de la Garonne. En toile de fond une lutte entre les deux actionnaires GACP et King Street.

A Lyon, les Bad Gones ont eu la peau de Genesio

A Saint-Etienne, la doublette Caà¯azzo-Romeyer a aussi eu droit à un message très clair et de vive voix lorsque les représentants des Green et des Indépendantistes se sont invités à l'Etrat à la veille du match à Nà®mes le dernier de Ghislain Printant. «Il y a deux choses qui séparent l’ASSE des autres clubs franà§ais : son palmarès et son organisation ridicule ». C'était une demande de mise en retrait des deux présidents autant qu'une exonération de responsabilités pour leur entraà®neur. Ailleurs, les hommes du banc ne sont pas toujours aussi épargnés. Le sort de Genesio a été scellé par les Gones plus ou moins Bads, Sylvinho s'est vu indiquer la màªme porte, Garcia a entendu siffler à son arrivée et côté terrain, Marcelo risque fort de ne pas sortir grandi de son duel d'insultes avec ceux qui sont supposés le supporter et ne le supportent plus.

Des menaces de mort pour Casanova à Toulouse

On pourrait évoquer également le refrain chanté à Jardim, en décembre à Monaco, la valse de Casanova qui n'a rien eu de romantique au TFC avec menaces de mort, l'usure de Blaquart à Nà®mes. Ou le chahut malveillant autour de la ministre des sports au Red Star. « Il n'y a plus de respect » diront les amnésiques. D'autres se voileront la face derrière le reflet de la société. Comme Noël le Graet prenant à contrepied son ministère de tutelle et ses arbitres « Je trouve qu’on arràªte trop de matches. Cela fait plaisir à certains ministres, mais moi, à§a me gàªne. Le football ne peut pas àªtre pris en otage pour des propos vulgaires. Ce n’est pas le foot, mais la société en général qui doit y réfléchir ».

Il ne sert à rien d'interdire ce qu'on ne peut pas contrôler

Si sur le fond, il a des arguments, la forme n'incite pas au respect et question bâton, il n'est pas plus adroit que ceux qu'il dénonce, quand il appelle à une « reprise en main » des supporteurs. Des propos d'une autre époque comme les sanctions collectives, au risque (mesuré?) d'une fracture des tribunes. Car, bien sûr, la Ligue suit le patron de la FFF, avec d'autant plus de célérité que les ultras animent la partie sans faux fuyants «Commission: jouer au plus con n'est pas la solution ». Moins de 24 heures après le feu d'artifice de la Nord, Geoffroy-Guichard a été frappé d'un huis clos à titre conservatoire « une décision ahurissante » pour Jean-Guy Riou président de l'Union des supporters stéphanois. Ni homme de droit ni de feu, on ne vous dit pas que l'Avant garde a eu raison avec cette première pyrotechnique en L1.

Les Ultras stéphanois sont admirés sur les réseaux sociaux

Màªme si le public a plus apprécié ces fusées que celles de Mbappe, màªme si les joueurs aiment ce côté créatif, tel Meunier, màªme si les Parisiens du virage Auteuil ont quitté leur siège pendant deux minutes en soutien aux supporters de Saint-Etienne, màªme si les fumis valent à Sainté de figurer à la 5ème place du top 10 des supporters les plus impressionnants, établi par « Ultras World », màªme si Magic et Green sont admirés sur les réseaux sociaux. On ne vous dit pas que les Ultras ont toujours raison, les phénomènes de foule n'en sont pas garants. Mais on aimerait plus de réflexion, à l'instar de Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste du football quand il répète «les sanctions ne servent à rien, elles attisent les provocations. » Et parce qu'il ne sert à rien d'interdire ce qu'on ne peut pas contrôler « On ferait mieux de voir comment encadrer l'utilisation festive de fumigènes ». Le sujet est à l'étude… depuis des mois. »

Didier BIGARD

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