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Ligue 1

ASSE – Le rendez-vous de Didier Bigard : « On ne vend pas au son du canon »

Didier Bigard s’interroge sur une possible vente de l’ASSE, et le bon timing pour le duo Romeyer-Caiazzo de passer la main…

« Acheter au son du canon, vendre au son des violons: l'adage inculqué à tout nouveau boursicoteur est plus que jamais d'actualité dans les clubs d'investissement. Les anciens et spécialistes en placements jouent aux professeurs de l'après crise, comme les journalistes de sport refont le match et le gagnent bien sûr, quand celui-ci a été joué. Mais sur les places boursières ou sur les terrains de football, c'est avant qu'il faut prendre la bonne décision.

On s'éloigne du stade, croyez-vous? Non, parce que le ballon roule de plus en plus dans les salles de marché et que les patrons des fonds d'investissement ont aujourd'hui tendance à voler quelques titres de la presse sportive aux joueurs et entraà®neurs. Au grand désespoir des supporters qui croient encore au sport, aux valeurs et aux couleurs. Bordeaux en fait l'expérience, pas encore Saint-Etienne parce ses deux actionnaires sont deux passionnés, màªme si leurs motivations divergent.

« Le coronavirus a creusé un budget trop optimiste et la période des soldes tente les opportunistes »

L'un a été perfusé en vert, l'autre insufflé par un gonfleur de ballons. Le premier navigue entre Velay et Forez, sans trop s'éloigner de l'Etrat, l'autre nage entre Paris et Cannes sans perdre de vue la Ligue. Ils sont différents, pas toujours d'accord, mais finalement c'est peut-àªtre ce qui a évité aux fidèles de Geoffroy-Guichard de se retrouver dans la màªme tribune contestataire que leurs cousins girondins, en lutte avec des Américains, ou peut-àªtre des Chinois, des émirs, des Russes.

L'un voulait vendre, l'autre un peu moins, les banquiers s'affairaient, prospectaient, proposaient. Peak 6 a pointé le nez, visité jusqu'au musée avant de renoncer ou d'àªtre recalé. D'autres portes ont été poussées mais sans assez de conviction pour appuyer sur la touche « enter » après avoir coché toutes les cases d'un accord.

Fallait-il vendre? Bernard Caiazzo et Roland Romeyer se sont posé maintes fois la question, mais pas toujours dans le bon tempo économique. A l'image du Toulousain Sadran, vendeur quand son club descend, les présidents des Verts ont été tentés de tout lâcher dès que la crise sportive menaà§ait. Mais la courbe de leurs intentions s'inversait quand celle des résultats se redressait. Qu'en sera-t-il cette année? Le coronavirus a creusé un budget trop optimiste et la période des soldes tente les opportunistes. Qu'on ne s'y méprenne pas, tout le monde est concerné quand les braderies s'organisent, de Lille hier à Marseille demain en passant par Lyon un jour peut-àªtre. Alors, l'ASSE sera-t-elle sur le marché cet été?

Acheter au son du canon, vendre au son des violons… On peut trouver une variante avec le son du clairon, mais, lors de cette saison tronquée, ceux de la victoire n'ont pas souvent résonné, sinon face à l'OL – on ne peut pas l'oublier, et dans une demi-finale au scénario parfait pour les cardiologues en mal de patients.

C'était le 5 mars, il y a une éternité, et la fenàªtre ouverte sur le Stade de France n'en finit pas, depuis, de battre au gré des postillons voletant à travers les continents et des courants d'air agités par les dirigeants du football franà§ais. Mais bon, cette finale, on l'attend depuis 28 ans, alors 28 jours de plus ou de moins… Ce sont autant de semaines à pouvoir ràªver de clairons, de violons, d'Europe, de bonheur et d'euphorie. Celle qui ferait tout oublier, màªme de vendre quand ce sera le bon moment. Car bien sûr, aujourd'hui, à§a ne l'est pas du tout. »

Didier BIGARD

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