Ligue 1
ASSE : les 6 dangers de ne pas se qualifier pour l'Europe
En cas de défaite face à l’Olympique de Marseille dimanche soir, l’AS Saint-Etienne pourrait être distancé de la course à l’Europe.
Comme cela fait quatre ans que le club n’a pas connu à§a, rappelons ce qu’est la vie sans Europe.
1. Moins d'affiches excitantes par saison
Pendant des semaines, le peuple vert a eu des étoiles plein les yeux. Excité comme rarement à l'idée d'àªtre à la grande messe du Chaudron pour le “match du siècle” face à l'ogre Manchester United. Màªme si les hommes de Christophe Galtier ont raté leur match retour à Geoffroy-Guichard (défaite 0-1), les gens se souviendront de cette opposition dans cinq, dix ou quinze ans. Comme ils se souviendront sans doute de la victoire sur la pelouse d'Anderlecht (3-2) pendant la phase de poules, des confrontations face à la Lazio Rome ou à l'Inter Milan au màªme stade de la compétition les années passées. Sans Europe, il restera quoi : les derbys face à Lyon, les chocs face au PSG et à l'OM, et après ? Les saisons avec des matches une fois par semaine vont redevenir longues. L'entraà®nement quotidien à L'Etrat ne remplacera jamais les matches dans le cÅ“ur des supporters.
2. Moins de ferveur dans le Chaudron et en déplacement
C'est la conséquence directe du premier point. Aujourd'hui, les fans stéphanois ne viennent pas pour la qualité de jeu (très décevante) vue dans le Chaudron. Ils viennent par amour pour leur club, parce que c'est leur religion. Mais la foi est parfois mise à rude épreuve comme on peut le constater cette année avec une érosion nette des affluences en Ligue 1. L'an passé, l'ASSE attirait encore 30.328 âmes en moyenne dans son antre. Cette saison, et màªme si la réception du PSG en toute fin de saison va rehausser la moyenne, on perd pour l'instant 12% de l'affluence (26.570 spectateurs). On peut toujours nous expliquer que les gens ont moins de moyens et sont obligés de faire des choix ou que les matches du dimanche n'arrangent pas ceux qui viennent de loin, pas sûr qu'on atteigne des sommets d'ambiance sans Europe. Et on ne parle pas des tifos réalisés (les plus beaux de la saison hors derby l'ont été face à l'AEK ou Manchester United) et des déplacements où les Verts migrent en masse.
3. Moins de moyens pour recruter
Aujourd'hui, l'ASSE est un club européen avec un budget de 70 M€, en nette augmentation depuis l'époque sans compétition continentale (50 M€). Dans les recettes du club, on estime entre 10 et 15 M€ les revenus directement liés à la Ligue Europa entre les droits TV ou encore la billetterie. Bien sûr, une bonne partie de cette somme est directement redistribuée aux joueurs et au staff sous forme de primes à la performance mais cela permet de générer un petit pécule à réinvestir sur des joueurs. C'est grâce à la Coupe d'Europe que l'ASSE a notamment pu s'offrir un Robert Beric à 7,5 M€ (en paiement échelonné). Pour se développer, l'Europe est un poumon màªme si on change encore de braquet si on parvient à toucher la très lucrative Ligue des champions.
4. Moins d'émulation dans le vestiaire, moins de monde
Jouer tous les trois jours implique forcément moins de fraà®cheur, plus de blessures, le fait de laisser quelques points en route”¦ Mais aussi et surtout de disposer d'un effectif où tous les postes sont doublés. Revenir au rythme d'un match par semaine, cela veut dire faire du tri dans un effectif pléthorique de 29 éléments, gérer encore un peu plus les susceptibilités des uns et des autres face au manque de temps de jeu et parvenir à se débarrasser du superflu. Comme souvent dans ces cas-là , ce ne sont pas les indésirables qui partent en premier mais ceux dont la valeur marchande est la plus importante (Ruffier, Pogba, Selnaes, etc). Indirectement, cela peut aussi sauter à la figure des jeunes du centre de formation, pris dans la nasse des joueurs sous contrat et disposant de moins de compétition pour faire leurs preuves.
5. Moins d'exposition pour tout le monde
On a coutume de dire que l'Europe est une vitrine et c'est vrai ! Ceux qui restent dans le Forez perdent aussi une bonne occasion de se montrer et de valoriser leur travail. C'est souvent dans les joutes européennes que les sélectionneurs et les recruteurs jaugent le potentiel d'un joueur. L'Europe permet également de découvrir de potentiels futurs renforts (Sà¶derlund, Selnaes) et d'offrir quelques échanges culturels intéressants. Ce n'est en effet pas en Ligue 1 que Christophe Galtier aura l'occasion de rigoler au bord de la pelouse avec José Mourinho ou de convaincre un club anglais ou italien de miser sur lui.
6. Moins de rapport avec l'histoire du club
Les dirigeants le répètent à l'envi : l'Europe est dans l'ADN de l'ASSE. Qu'on le veuille ou non et màªme si c'est parfois dur à assumer pour les joueurs d'aujourd'hui, chaque sortie sur la scène européenne renvoie au ràªve d'une épopée comme les Verts de 1976. En entrant à l'ECA (European Club Association) il y quasiment deux ans, “Sainté” a changé de monde, renvoyant là aussi à son passé d'un club franà§ais désormais centenaire sur la scène européenne (115 rencontres de Coupe d'Europe, 6e club franà§ais ayant le plus joué sur le continent). Sans parler de budget ni de moyens, l'absence des Verts serait une “anomalie” de l'histoire. En màªme temps, entre 1982 et 2008, “l'anomalie” a pris ses aises”¦
Alexandre CORBOZ