Pour notre journaliste Alexandre Corboz, qui l’avait connu à l’OL, c’est tout sauf une surprise…
« Il y a dix ans, quand j’étais jeune journaliste et que je débutais à « But ! Lyon », j’ai vécu de près les années Claude Puel à l’Olympique Lyonnais. Durant trois ans, j’ai appris à connaà®tre l’homme, ses méthodes et ses idées. Ce qu’il fait pour ses débuts avec l’AS Saint-Etienne est loin d’àªtre une surprise pour moi. A Lyon, màªme si nous n’étions pas spécialement proches (aucun journaliste ne l’est réellement avec Claude Puel sauf l’éminent Jacques Vendroux, son ami de 30 ans). Je n’étais pas sous courant d’influence, parmi ceux qui voulaient à tout prix sa peau, où l’affublaient de sobriquets ironiques comme « le fossoyeur » ou « commandant Costaud ».
La carte « jeunes » quelque chose qui lui a toujours tenu à coeur
En mars 2011, alors qu’il oeuvrait seul contre tous, coupé de son président Jean-Michel Aulas, coupé des médias et sous la vindicte populaire, j’avais notamment publié un article titré « L’héritage de Claude Puel » où je détaillais, dans les grandes lignes, tout ce qu’il avait fait de positif pour la formation lyonnaise. Je rappelais notamment que c’était lui qui avait mis en place des passerelles entre le groupe professionnel et l’équipe réserve (appelée Pro 2), que – comme à Lille où 50% de l’effectif était issue de la formation lors de son passage – il avait grandement impulsé les débuts et l’éclosion d’une dizaine de joueurs (Mounier, Gassama, Kolodziejczak, Faure, Gonalons, Tafer, Belfodil, Grenier, Pied, Lacazette). Que c’était aussi lui qui avait poussé son adjoint Bruno Genesio à passer ses diplômes d’entraà®neur avant de l’introniser entraà®neur de l’équipe de CFA.
Toutes ses idées se sont révélées après coup des fondations solides. Il y a quelques jours, j’ai lu avec attention les propos de Cris dans les colonnes de L’Equipe. A l’époque, le « policier » Brésilien comptait parmi les principaux détracteurs de Puel et de ses méthodes. Il l’avait màªme balancé à ses dirigeants, demandant son limogeage au cours de son ultime saison. Aujourd’hui qu’il est passé de l’autre côté de la barrière et devenu entraà®neur, Cris a compris où le Castrais voulait amener son équipe et a màªme reconnu qu’il avait raison, que màªme les cadres historiques de l’OL n’avaient rien compris à son travail.
On a toujours des surprises avec ses compos !
Claude Puel est un homme qui bouscule et décontenance, qui n’est pas lisible dans ses choix d’équipe et ne les explique pas, se réfugiant derrière sa « cuisine interne » qu’il n’explique màªme pas avec pédagogie à ses joueurs. Avec Saint-Etienne, on a déjà eu un avant-goût du bonhomme, capable de titulariser Loà¯s Diony dans le derby pour le sortir du groupe le match d’après à Bordeaux, capable de faire confiance à des jeunes (Abi, Fofana) en lieu et place de cadres expérimentés (Khazri, Kolodziejczak). Utilisant toutes les cartes qu’il a en main, ne condamnant personne et plaà§ant tout le monde sur un pied d’égalité, Claude Puel joue au poker avec ses adversaires, avec la presse aussi.
Claude Puel ne donne jamais d’indices à personne sur ses compos, veut contrôler la sortie des informations concernant les blessés de son effectif (quitte à froisser certains plumitifs). Je me souviens que lors de sa première année lyonnaise, jamais L’Equipe ni Le Progrès n’étaient parvenus à coucher la bonne composition d’équipe dans leurs colonnes le jour du match, que parfois màªme des joueurs annoncés dans le groupe ne figuraient pas sur la feuille de match. Il va falloir s’y habituer, Claude Puel aura toujours un coup d’avance sur tout le monde… »