ASSE – Mercato : les 2 galères des Verts pour le recrutement estival

Il faut dire que les Verts n'ont pas enflammé le marché. La faute à une économie encore bancale. Décryptage.

Lors de la conférence de presse “ASSE demain”, organisée la semaine passée, les dirigeants ont été très clairs sur la situation économique des Verts. Celle-ci ne s'améliorera vraiment qu'à l'été 2016, à condition de figurer dans le premier tiers du classement au moment de l'augmentation des droits TV. Aujourd'hui, le club doit encore composé avec de nombreuses contraintes qui parasitent le Mercato. La première d'entre elles est le déficit structurel qui va de 8 à 10 M€ en fonction du classement de l'équipe. Un paramètre qui explique en partie pourquoi les Verts doivent vendre pour un montant très supérieur à leurs achats. Ainsi, pour Tabanou parti à Swansea (5,5 M€), l'ASSE n'a pour l'instant réalisé qu'un seul transfert à titre onéreux avec la venue définitive de Kévin Théophile-Catherine pour 2 M€. Pour l'instant, Sainté affiche une balance de +3,5 M€ sur l'été (sans prendre en compte les salaires des nouveaux et les primes à la signature).

L'Europe, une épée de Damoclès à 4 M€

L'autre incertitude concerne l'Europe. En finissant cinquième à égalité avec l'Olympique de Marseille (4e), l'ASSE a manqué d'un rien l'accessit direct aux phases de poule de la Ligue Europa, habituellement réservé au vainqueur de la Coupe de France. Les Verts devront donc passer par deux tours de barrages très incertains en juillet et en août avant de rejoindre les Phocéens. Comme l'a récemment expliqué Bernard Caà¯azzo, le club a perdu 13 M€ (soit près de 20% du budget de l'AS Saint-Etienne) pour une place en Ligue 1, l’accessit direct en C3 étant largement mieux rémunéré par les droits TV. Sur leur budget 2015-16, les Verts ont cependant présenté à la DNCG un plan de financement tenant en compte d'une qualification pour la phase de groupe de la Ligue Europa. Si tel n’est pas le cas, le club perdra 4 M€ de son budget prévisionnel. Il ne faut donc pas s'attendre à voir l'ASSE enflammer le Mercato dans les derniers jours d'août en sortant le chéquier mais plutôt un départ surprise dans les derniers jours du marché pour combler le manque à gagner. Un peu comme ce qui était arrivé avec Josuha Guilavogui après le « désastre » d'Esbjerg en 2013.

Des charges qui pompent tout le bénéfice des ventes

Mais comment Saint-Etienne en arrive à avoir de telles poches percées ? La réponse, le club la matraque depuis des mois : les charges. Pour bien se faire comprendre, Bernard Caà¯azzo avait fait venir le responsable financier de l'UCPF (Union des Clubs Professionnels Franà§ais) pour étayer son argumentaire devant les partenaires du club. Outre l'augmentation des frais de police sur l'organisation des matches à Geoffroy-Guichard, la taxe à 75% – valable pour deux ans jusqu'en juin 2016 – coûtera la bagatelle de 4,3 M€ au club. Par ailleurs, l'augmentation des charges globales depuis 2010 correspond au déficit structurel du club (+8 M€). Et, à salaire annuel égal, les différences sont impressionnantes avec l'Espagne ou l'Allemagne. Ainsi, pour un salaire annuel de 600 000€ (50 000€ brut par mois), un club franà§ais doit lâcher 786 000€ (65 500€ par mois) quand les Espagnols et les Allemands ont des charges plafonnées à des hauteurs bien moindres (respectivement 614 000€ et 612 000€). Des inégalités que l'ASSE aimerait voir réformée politiquement pour qu'on arràªte de considérer les clubs de football comme des entreprises normales et qu'on les place sur un pied d'égalité avec d'autres industries du spectacle comme les artistes, beaucoup moins taxés.