Ligue 1
ASSE : racheter Geoffroy-Guichard, une bonne idée vraiment ?
Dans L’Equipe, Bernard Caïazzo a évoqué la possibilité d’acheter Geoffroy-Guichard à la ville de Saint-Etienne.
Dans L'Equipe, Bernard Caà¯azzo a évoqué la possibilité d'acheter Geoffroy-Guichard à la ville de Saint-Etienne. Une perspective vague qu'il convient d'analyser.
C'était un vieux ràªve du président Roger Rocher (1961-1982) et Bernard Caà¯azzo l'a remis au goût du jour dans les colonnes de L'Equipe dimanche dernier : racheter Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne Métropole pour créer un parc économique autour du Chaudron. Un ASSE-Land, avec Musée et commerces environnants, sur le modèle de ce qui se fait aujourd'hui à Lyon. « C'est ce que préconise la future loi Braillard. Les contribuables doivent-ils continuer à payer les stades ? Lyon et Nice ont bien vendu leur aéroport. Les taux bancaires étant très bas, c'est le moment où jamais », explique le président du Conseil de Surveillance, qui a reà§u un bon accueil de la Mairie concernant cette idée. Mais, concrètement, quels sont les tenants et les aboutissants de ce projet.
Combien à§a coûterait ?
Achevée en 2014, la rénovation de Geoffroy-Guichard pour l'Euro 2014 a coûté 70 M€. Une somme à 100% financé par le public, que ce soit au travers de subvention de l'Etat, de la région, du département ou de Saint-Etienne Métropole. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que le stade pour lequel l'ASSE paie un loyer de 1,4 M€ par an soit bradé en dessous de cette somme. Il faudra donc trouver des fonds pour un montant forcément supérieur au budget de fonctionnement annuel du club.
Comment financer ?
Aujourd'hui, on est encore loin d'envisager d'études sérieuses sur la question mais il existe plusieurs leviers à activer dans ce type de projet. L'appel aux supporters en est un. Comme l'ASSE et plus particulièrement Roland Romeyer refuse l'éventualité d'une entrée en Bourse, c'est évidemment par le biais du projet Socios qu'une partie des liquidités peut arriver dans les caisses du club. Sauf qu'il n'est pas prévu à court terme que la direction stéphanoise lâche une partie de l'actionnariat aux fans. Dans cinq ou dix ans peut-àªtre”¦
Bernard Caà¯azzo et Roland Romeyer peuvent aussi faire appel à des entreprises privées, par le biais de partenariat de Naming notamment. Mais difficile de vendre à une marque un stade aussi identifié que le Chaudron et pas sûr que cela plaise aux supporters. Màªme pour un Manufrance Stadium ou un Casino Arena”¦
Enfin, il reste l'appel aux banques. Comme l'a expliqué Bernard Caà¯azzo, les taux sont bas et, si les organismes bancaires rechignent à pràªter de l'argent au monde du football jugeant le risque trop élevé, c'est un peu moins le cas quand il s'agit d'investir dans la pierre. L'OL a par exemple financé 136,5 M€ des 405 M€ de son stade de Décines via des emprunts bancaires à onze établissements différents. L'ASSE n'aura sans doute pas besoin d'autant pour Geoffroy-Guichard.
Quels intéràªts sportifs et économiques ?
Sportivement, l'intéràªt est limité. L'ASSE est déjà chez elle à Geoffroy-Guichard où elle dispose d'un bail emphytéotique. Que le club soit propriétaire ou non des locaux ne change pas énormément la donne pour Christophe Galtier, màªme si cela peut permettre de casser quelques murs si besoin, de s’occuper différemment de la pelouse (luminothérapie, chauffage) ou de faire plus de mises en place d’avant-match. Economiquement, cet investissement s'accompagnera presque obligatoirement d'une obligation de serrer les cordons de la bourse puisque, si l'aide des banques est sollicité, il faudra prévoir une part des dépenses dans le remboursement du crédit. Sauf si, bien évidemment, celui-ci est égal au loyer payé à la ville (1,4 M€ par an). Les revenus additionnels d'un « ASSE-Land » sont aujourd'hui compliqués à calculer.
A Lyon, Jean-Michel Aulas estime par exemple pouvoir générer 60 à 70 M€ de recettes supplémentaires grâce à son Parc OL par rapport à Gerland mais les places sont plus chères et la capacité du stade a augmenté de 42%. Sainté ne peut pas s'appuyer sur le màªme modèle économique. Surtout s'il veut garder sa politique tarifaire populaire. Après, il existe différents moyens de « gratter » un peu de recettes (organisation de séminaires ou d'évènements, travail sur l'hospitalité des loges, etc.) mais il ne faudra pas s'attendre à une augmentation extravagante des revenus liés à la billetterie.
Une chose est certaine : en étant propriétaire des murs, l'ASSE disposera d'une vraie force auprès des banques. En effet, en plus de son centre d'entraà®nement de L'Etrat ou de son hôtel-restaurant le Chaudron Vert, le club disposera d'un troisième bien matériel à mettre en garantie d'hypothèque pour réclamer du soutien financier en cas de coup dur. Pour la pérennité du club, ce serait donc un vrai plus.
Alexandre CORBOZ