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ASSE : Rudi Garcia revient sur la fin douloureuse de son aventure à Saint-Etienne
Dans un autre siècle, Rudi Garcia était un entraîneur-adjoint découvrant le haut niveau en même temps qu’une A.
S.Saint-Etienne promue en Ligue 1. C’était en 1999-2000. Celui qui est désormais un technicien reconnu faisait ses premiers armes au plus haut niveau aux côtés de Robert Nouzaret. Sous leur impulsion, les Verts développaient un football généreux et porté vers l’attaque. Une incroyable 6e place avait récompensé un projet qui semblait devoir monter encore plus haut. Mais la saison 2000-01 fut celle de toutes les désillusions. Les Verts ne confirmèrent pas leurs belles dispositions, Nouzaret fut viré et, pire encore, l’affaire des faux passeports renvoya l’A.S.S.E. en L2… Treize ans après, Rudi Garcia est devenu un entraà®neur à la mode. Après avoir conquis la France avec Lille (doublé en 2011), il est en train de remettre sur pied l’AS Roma. Mais la fin de son aventure dans le Forez lui reste encore en travers de la gorge et il l’a fait savoir dans son autobiographie ‘Tous les chemins mènent à Rome’ parue ce mois-ci aux éditions Hugo Sport.
‘Un remake de ‘Petits meurtres en famille »
‘Avec cette sixième place qui nous laissait aux portes de l’Europe, j’observais autour de moi des gens qui se regardaient pousser des ailes. La folie des grandeurs provoqua un dérèglement au sein du club, dans un contexte local où le moindre rappel du passé glorieux trouble les esprits les plus clairvoyants. Le danger guettait. Personne ne sut le prévenir. Ce fut le début de la fin. Le triumvirat Bompard-Soler-Nouzaret dont on vantait tant l’unité et la cohésion, commenà§a à se lézarder. Le courant circulait de plus en plus sur le mode alternatif entre les hommes, je l’avais discerné à quelques petits signes qui ne trompent pas. Je n’ai jamais su exactement ce qui s’était tramé dans les coulisses, mais jouèrent tous les trois le remake de ‘Petits meurtres en famille’ dont on connaà®t l’inéluctable fin. Le triumvirat ‘historique’ Rocher-Garonnaire-Herbin s’était fracassé sur l’affaire de la caisse noire. Celui-là en plein vol. Chacun croyait qu’il savait tout faire mieux que les deux autres. Triste réalité. Robert chercha bien à mettre la pédale douce mais Alain et Gérard, pris dans la spirale de la réussite, vivaient avant l’heure la grande campagne européenne dont ils ràªvaient. Ils ne supportèrent pas une défaite à Strasbourg concédée à cinq minutes de la fin, sur un coup franc dévié par le mur, lors de la 9e journée, qui nous reléguait en 14e position, à 7 points du leader. Rien d’irrémédiable à ce stade de la saison mais, en proie à la panique, Gérard limogea Robert à trois jours de ses 57 ans. Tu parles d’un anniversaire !
‘Saint-Etienne avait perdu sa potion magique’
Sur le bureau de Bompard trônait pourtant un dessin, copie conforme d’Astérix le Gaulois, avec en légende ‘Nouzarix et Solerix’. Saint-Etienne avait perdu sa potion magique. Et le village de Geoffroy-Guichard explosa. C’est le risque qui menace tout triumvirat : dès que les résultats ne sont plus conformes aux attentes, celui qui occupe la position centrale entre le président et l’entraà®neur pense àªtre capable de faire mieux. Une sorte de sauveur. Et il n’entreprend rien pour sauver la tàªte de celui qu’il devrait soutenir ! J’eus du mal à encaisser le coup. Une vraie amitié s’était nouée avec Robert. J’adorais ce type franc, honnàªte, bosseur, au caractère bien trempé et aux idées arràªtées. Certes, plus d’une fois, il m’avait prié de rester à ma place et de ne pas trop la ramener. Mais il ne remplissait que son rôle de patron ! Lorsqu’il rallia Toulouse, j’avais voulu l’accompagner car je pensais que mon destin devait accompagner le sien. La direction des Verts m’opposa un refus ferme et définitif. Il n’y avait pas lieu de discuter. Je n’avais pas le choix : je m’inclinai.’
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