par julien.demets

Lens : la page Martel se tourne définitivement

Depuis de longs mois, Gervais Martel rêvait d’un come-back pour relancer le RC Lens.

Il souhaitait ainsi effacer une débâcle financière qui a vu le club passer du plus haut niveau européen à un club en grosse difficulté en Ligue 2. Ce rêve ne se réalisera pas.

Une LensPour réussir son pari, Gervais aurait dû trouver de l’argent, beaucoup l’argent pour racheter ses parts au Crédit Agricole. Longtemps, Gervais a cru qu’il y réussirait. N’a-t-il pas dit et répété que son retour était proche, que tout était une question de jours, voire d’heures ? Gervais l’a dit. Il a même parlé du but en or à la fin du temps additionnel. Mais rien n’est venu.

Où est l’investisseur américain qui devait profiter de la notoriété lensoise pour développer les produits dérivés comme jamais cela n’avait été fait en France ? Où est cet investisseur russe qui, comme à Chelsea ou Monaco, apporte des sommes inouïes ? Où est ce fond de pension basé à Londres qui doit apporter les moyens que le club lensois n’a jamais eu ?

De tous ces mécènes, les supporters lensois ont entendu parler mais n’en ont pas vu la moindre trace. Aucun dollar, aucun rouble ou aucun penny n’est arrivé en Artois. Et Gervais est resté seul. Heureusement, le Crédit Agricole a pu lui remettre au pot pour que l’entreprise RC Lens puisse continuer à tourner. Certes, il y a eu des départs. Le nombre de salariés a baissé de manière drastique.

Certes, les joueurs les plus courtisés sont partis pour effacer une grosse partie du déficit. Tous ces sacrifices n’ont pas suffi. L’augmentation de capital du mois de décembre devait servir de révélateur. Elle l’a été. Pour compenser les pertes, il fallait 15 millions d’euros. Aucun des actionnaires minoritaires n’a suivi. Le RC Lens appartient à 99% au Crédit Agricole. Les parts de Gervais se sont diluées dans l’augmentation de capital.

Un club, un homme

Présent depuis près de 25 ans au RC Lens, Gervais Martel était depuis des années la figure du club lensois. Au même titre qu’Aulas pour Lyon ou qu’un Nicollin pour Montpellier, Gervais était devenu le visage du Racing. Un homme simple, jovial, à l’image de Lens et de son public, capable de se taper sur les cuisses en buvant un coup avec les supporters. A partir du Galibot qu’il a créé, il a donné au Racing une nouvelle dimension. Le petit club municipal a grandi pour devenir autonome. Toutefois, c’est à partir de cette autonomie que Lens a perdu de sa superbe.

Combien de personnes ont profité de Gervais ? Combien d’hommes ont promis pour ne jamais tenir leurs engagements ? Combien de personnes ont été intégrées au Racing pour profiter de la bête alors que d’autres petites mains travaillaient. Aujourd’hui, les “parasites” sont partis après s’être gavés. Osent-ils se regarder dans la glace ? Osent-ils appeler Gervais pour prendre de ses nouvelles ? Nous en doutons. Gervais a eu trop grand coeur. Il n’a pas su faire la différence entre ceux qui aimaient son argent et ceux qui aimaient son club. Au moment où Lens s’est perdu, Gervais s’est retrouvé seul. Amateur de jeu, amateur de sensations fortes, Gervais a cru qu’il allait pouvoir se refaire.

Cela ne sera pas le cas. Les noms de Gervais Martel et de RC Lens ont été indissociables jusqu’au 2 juillet 2012. Ce jour là, le clap de fin a sonné comme un couperet. Gervais a perdu la main. Gervais a perdu son pouvoir. Le RC Lens continue désormais sans lui. Que va-t-il devenir ? Gervais Martel n’est pas seul. Il a beaucoup de copains. Mais ils n’ont pas les moyens de le relancer. Gervais avait commencé sa carrière au Galibot dans un petit bureau à Billy-Montigny. Sa fin au RC Lens sonne un retour à ses débuts. Gervais était parti de rien. Il n’a désormais plus rien.

Devant les difficultés du club lensois, il a cherché de l’argent, beaucoup d’argent. Cela n’a pas suffi. Le gouffre était trop profond. On ne renfloue pas un bateau avec une tasse. Si Gervais a su mener le Racing tout en haut du football français, il a comme le club, descendu l’Everest pour se retrouver au plus bas. Aujourd’hui, si nos informations sont exactes, Gervais serait un homme ruiné. Il a laissé sa fortune dans le club pour compenser ses mauvais choix. Il n’a plus de travail depuis qu’il a quitté la présidence.

A 58 ans,  il se retrouve seul et doit rembourser des emprunts à des sociétés de BTP alors qu’il n’a plus de revenus. Adulé, idolâtré, Gervais Martel était le RC Lens à lui tout seul. Il est désormais tout seul tout court. Qui ira le chercher pour lui donner un job ? Qui lui tendra la main ? Gervais Martel aura été l’homme par qui les deux seuls titres du Racing sont arrivés. Qui peut l’oublier ?

Pascal GUISLAIN, correspondant à Lens

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Depuis de longs mois, Gervais Martel rêvait d’un come-back pour relancer le RC Lens. Ce rêve ne se réalisera pas...

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