RC Lens : Hafiz Mammadov, les troublants dessous de son arrivée

L’excellent magazine Enquêtes de foot, présentée par Astrid Bard sur Canal+ Sport, a réalisé un reportage sur Hafiz Mammadov, devenu actionnaire majoritaire du RC Lens en 2012. A la tête d’un conglomérat de plus d’une quarantaine d’entreprises, Mammadov a accepté de recevoir chez lui une équipe de la chaîne cryptée pour évoquer ses intentions et ses objectifs avec le club artésien. Décryptage :

Gervais Martel ne se mêle pas de politique

Gervais Martel a rencontré Hafiz Mammadov en 2012 et et le courant est rapidement passé entre les deux hommes. « C’est quelqu’un qui connaît bien le football et surtout le football international.La première fois qu'on s'est vu, on a parlé de 6 heures de foot, de 21h à 4h du matin, c’est pour vous dire », a avoué le président historique du RCL. Alerté du passé un peu trouble de son interlocuteur, Martel botte en touche. « Moi, je ne rentre pas dans le domaine politique. On est très content de l’avoir avec nous. Je n’ai aucun regret ».

Dans le reportage, pourtant, une série de faits pourrait laisser penser que tout n’est pas si rose au pays de Hafiz Mammadov, l’Azerbaïdjan. Selon le journaliste Geoffrey Garétier, présent sur le plateau, Mammadov est très proche d’Ilham Aliev, président de la République, et ce dernier manipulerait le système avec deux piliers : le pétrole et maintenant le football. D’où sa proximité avec Mammadov.

L’Azerbaïdjan, une « démocrature »

L’homme fort du RC Lens a déjà fait affaire avec l’Atlético Madrid et le FC Porto et connaît donc bien les rouages du système. Pour mémoire, il a injecté 20 millions d’euros dans les caisses du club artésien et a le plus souvent Jocelyn Blanchard comme principal interlocuteur. « Il travaille pour son pays, il veut développer son pays. C’est sa plus grande fierté », assure Blanchard. Une citoyenne azéri, interrogée face caméra, assure toutefois que ses manières d’agir sont pourtant très étranges. « Sa fortune est tout sauf honnêtement gagnée, elle vient des contrats publics grâce à des liens tissés avec le Ministère, affirme-t-elle entre autres. Cela vient notamment du transport de pétrole. Notre pays est ce qu’on peut appeler une ‘démocrature’. C’est une dictature dans une démocratie ».

Toujours dans le reportage, une association défendant les intérêts de l’Arménie, en conflit ouvert avec le pays natal de Mammadov, s’est offusquée de l’arrivée de celui-ci en France. L’argent de Mammadov, notamment sa provenance et son honorabilité, inquièterait en haut lieu. La LFP a été avertie mais n’a donné aucune réponse...

Hafiz Mammadov se défend

Sans doute conscient de ne pas faire l’unanimité, Hafiz Mammadov s’est défendu face aux caméras. Serein, posé, l’actionnaire majoritaire du RCL, qui a reçu les journalistes français à 4 heures du matin, répond à toutes les piques. « Nous avons été auditionnés par plusieurs agences de notation de renom. Nous avons obtenu un B+, explique-t-il. Donc, à ceux qui doutent, regardez sur Internet, renseignez-vous. Il faut bien comprendre que nous sommes un pays jeune. Comment était la France à ses débuts ? A l’époque de Robespierre, Napoléon, pendant la Révolution ? L’Azerbaïdjan existe depuis 20 ans, ce sera beaucoup mieux dans le futur ».

Deux montres à 8000 chacune offertes aux journalistes !

Le reportage se termine avec une dernière anecdote originale. Pour remercier les journalistes de leur venue, Hafiz Mammadov se serait avancé vers eux en leur offrant deux montres, arguant que les refuser devant son clan serait mal venu. Valeur globale des présents : 16 000 euros ! Les journalistes expliqueront plus tard que les objets ont depuis été transmis à Reporters sans Frontières et seront vendus aux enchères prochainement.

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