par julien.perez

RC Lens : quel était le réel objectif de Grégory Maquet ?

A deux reprises, Grégory Maquet a fait une offre à Hafiz Mammadov pour lui acheter le RC Lens, avant que le club artésien ne soit en passe d'être repris.

.. Quel était vraiment le véritable objectif de l’homme d’affaires belge ?  

Grégory Maquet est-il définitivement sorti de la course à une éventuelle reprise du RC Lens ? Il y a quelques semaines, Gervais Martel ne semblait pas totalement affirmatif sur le sujet. L’homme d’affaires belge venait pourtant officiellement de jeter l’éponge face au mutisme assourdissant d’Hafiz Mammadov. “Rien ne dit qu’il ne reviendra pas dans la course”, insistait le président du Racing Club de Lens, un jour de conférence de presse à La Gaillette. Gervais Martel envisageait même deux scénarios. D’une part, il n’excluait pas que son actionnaire majoritaire finisse par craquer avant la date fatidique du passage devant la DNCG du RCL, aux environs du 15 mai. Et d’autre part, en cas de dépôt de bilan de la holding, il imaginait possible le retour de Maquet à la tête d’un projet de reprise du club face au tribunal de commerce de Paris. Tout récemment, Luc Dayan a en revanche balayé ces éventualités. “Moi je crois M. Maquet, explique l’ex-conseiller personnel du magnat belge de l’immobilier. Il a déclaré qu’il ne reviendrait pas. Et il me l’a confirmé la dernière fois que je l’ai eu au téléphone. Je ne vois donc pas pourquoi il changerait d’avis… Maintenant, notre conversation remonte à trois semaines. Dans ce genre de dossiers, les choses peuvent changer assez rapidement. Mais je n’y crois pas trop…

« Il veut surtout faire des affaires immobilières »

Visiblement, le projet de reprise d’un club de football professionnel murissait depuis pas mal de temps dans la tête de l’homme d’affaires belge. Dès le mois de juillet 2015, il avait d’ailleurs consulté Luc Dayan, spécialisé depuis une vingtaine d’années dans la reprise des clubs de football professionnel, sur l’état de santé des clubs nordistes. “C’est vrai, nous avons discuté de Valenciennes et de Lens, confirme Luc Dayan. Mais aussi de Lille, je ne vous le cache pas ! Je lui avais fait un topo des trois clubs...” Dans la foulée, le patron de Century 21 Benelux avait donc officiellement mandaté Luc Dayan pour mener des approches. Durant la fin de l’été 2015, Grégory Maquet avait commencé par rencontrer le président valenciennois, Eddy Zdziech, dans les bureaux du Mont Houy, le centre technique du VAFC. “Mais ça a vite tourné court, poursuit Luc Dayan. Le président de Valenciennes n’était pas vendeur à cette époque-là. Il cherchait plutôt des investisseurs pour entrer au capital de son club. Mais rien de plus.” Est-ce l’époque où Maquet a commencé à lorgner le Racing Club de Lens ? “Oui, confirme encore Luc Dayan. Mais je lui ai dit qu’à Lens, la situation était extrêmement compliquée, à cause de l’absence permanente de l’actionnaire majoritaire et de la difficulté de le rencontrer. Mais j’ai quand même appelé Gervais et les deux se sont vus !

Malgré le contexte, la réunion portera néanmoins ses fruits. Fin décembre 2015, Grégory Maquet fera une première proposition de rachat à Hafiz Mammadov de 2,5 M€. Quelques semaines plus tard, il n’obtiendra qu’une fin de non-recevoir sous la forme d’un long silence en provenance de Bakou… “Mais c’est normal, confiait-il dernièrement. Puisqu’à l’époque, M. Mammadov n’était pas vendeur…” Pourtant, cela ne l’empêchera pas de renouveler son offre à la fin de l’hiver 2016. Une offre revalorisée même, aux environs de 5M€. Il rencontrera d’ailleurs deux conseillers de l’homme d’affaires azerbaïdjanais à Londres… mais toujours avec la même issue ! Pourtant, de l’aveu même de Grégory Maquet, la situation avait considérablement évolué entre ses deux offres. “D’un côté, il y a maintenant un actionnaire majoritaire qui est désormais vendeur, expliquait-il. Il a investi beaucoup d’argent au RC Lens et il est aujourd’hui extrêmement déçu, au bout de deux ans. Mais ça, c’est le risque de tout actionnaire dans une société. Et puis de l’autre côté, vous avez un acquéreur que je suis qui a pleinement conscience de la situation réelle du club. Donc c’est évident qu’il y a un écart entre une perception d’un côté et l’analyse que nous en avons fait.

En clair, Grégory Maquet voulait se payer le RC Lens pour le plus petit investissement possible. Tandis qu’Hafiz Mammadov voulait - et espère toujours - toucher le jackpot en revendant ses bijoux “sang et or”. Grégory Maquet finira officiellement par jeter l’éponge fin février 2016. A ce stade, on peut tout de même se demander quelles étaient les véritables motivations de Grégory Maquet. Car comment un homme qui a investi prêt de 24 M€ en 2013 dans le Racing Club de Lens pouvait-il décemment accepter une proposition de rachat cinq fois inférieure à son investissement initial ? “M. Maquet veut surtout faire des affaires immobilières, explique-t-on aujourd’hui dans les coursives lensoises. Or durant tous les mois où il a discuté avec Gervais Martel, celui-ci lui a ouvert son carnet d’adresses.” Et l’agenda du président lensois, c’est quelque chose… D’ailleurs, l’intéressé tend à confirmer cette thèse. “Oui, j’ai rencontré Sylvain Robert”, répondait Grégoy Maquet il y a quelques semaines sur ses relations avec la municipalité lensoise et tout particulièrement avec son maire. Avant d’ajouter : “Et ce n’est pas le seul responsable politique de la région que j’ai rencontré”. Il y a fort à parier que sa route artésienne a croisé celle de Daniel Percheron, alors en fin de mandat de son poste de président de la région Nord-Pas-de-Calais. D’ailleurs, il finissait par détailler très clairement sa pensée : “Préalablement à toute offre, nous avons rencontré plusieurs décideurs politiques et économiques pour voir s’il était possible de collaborer !

Un gros coup à faible coût

Aujourd’hui, on comprend donc un peu mieux qu’elle était la finalité du groupe Maquet… D’autant que le businessman d’outre-Quiévrain ne s’est jamais caché de vouloir ouvrir la porte à d’éventuels investisseurs régionaux susceptibles de le rejoindre dans son projet de reprise du RC Lens. “Nous en avions discuté avec Gervais pour qui l’y ait dans ce dossier une implication du tissu industriel ou entrepreneurial local et régional, confirmait encore l’éventuel repreneur. Ça veut dire de notre côté une ouverture au capital. Ça signifie aussi que nous ne souhaitons pas aller seul dans ce projet !” Alors Grégory Maquet n’a-t-il vu dans le rachat du RCL qu’une formidable opportunité d’utiliser le club pour surtout se retrouver en position idéale afin d’investir librement ensuite dans les pierres du Pas-de-Calais ? Il semble bien que oui. Et comme, au passage, se payer le fleuron du sport régional ne lui aurait pas coûté très cher, le “package” semblait particulièrement attractif… Et on le comprend ! Mais était-ce l’assurance d’un avenir plus rose pour le club ? Pas certain…

Notre correspondant à Lens, Benoît Dequevauviller

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A deux reprises, Grégory Maquet a fait une offre à Hafiz Mammadov pour lui acheter le RC Lens, avant que le club artésien ne soit en passe d'être repris.

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