L’entraà®neur corse avait fait éclore le jeune réunionnais. Pour « But ! Football Club », le technicien analyse l'évolution de son ancien poulain.
But ! Football Club : Baptiste, c’est vous qui avez lancé Ronny Rodelin il y a trois ans quand vous étiez entraà®neur de Nantes. Comment analysez-vous son évolution aujourd’hui ?
Baptiste Gentili : Je ne suis pas surpris parce qu’il a un potentiel très intéressant. Il est d’ailleurs en train de le montrer en ce moment. À Nantes, je l’avais fait débuter quand il revenait de pràªt à Troyes. J’ai tout de suite perà§u en lui beaucoup de qualités. À l’époque, il lui manquait de la maturité qu’il est en train d’acquérir aujourd’hui à Lille. Il était tout jeune, il n’avait pas trop conscience de la rigueur qu’il fallait avoir pour se hisser au haut niveau. Petit à petit, en jouant avec nous, il a su progresser.
Je me rappelle de sa prestation contre Lille en Coupe de France, c’est sûrement là d’ailleurs qu’ils l’ont repéré. Il était un peu inconstant, il se cherchait sur et en dehors du terrain. Il avait beaucoup d’efforts à faire sur le côté extra sportif. Il n’avait pas conscience de ses qualités qui étaient déjà énormes à l’époque.
Quelles sont ses forces selon vous ?
C’est un joueur capable d’exploits. Il peut marquer des buts extraordinaires ! Là , je m'aperà§ois qu’il travaille beaucoup dans le replacement. C’est important, surtout s’il joue sur l’aile. Il participe plus au jeu qu’avant. Il a un bagage technique plus qu’intéressant, un bon jeu de tàªte. C’est un joueur physique et athlétique. Il a dû travailler à§a depuis qu’il est à Lille bien sûr. Il a un vrai talent.
Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas surpris. Il évolue dans une équipe ou tout le monde participe, avec des bons joueurs. Màªme s’il a encore une marge de progression, ce n’est pas surprenant de le voir jouer dans cette équipe de Lille. Je ne connais pas son état d’esprit du moment mais quand on joue à ce niveau-là et qu’on aspire à aller plus haut, je crois qu’il est en train de faire ce qu’il faut.
Vous disiez à l’époque qu’il était « l’avenir de l’équipe nantaise ». Pensez-vous qu’il est parti trop tôt ?
S’il était resté avec nous, on l’aurait plus vu sur les terrains. Il commence à jouer que maintenant à Lille. En faisant une année de plus à Nantes, il aurait sûrement acquis ce qu’il lui manquait. Notamment sur le plan physique. À l’époque, il fallait le ménager, il avait du mal à enchaà®ner les matches. Et puis de la maturité forcément. C’est essentiel quand on est joueur de foot et qu’on a son âge. Mais les prestations qu’il fait aujourd’hui montrent qu’il a bien travaillé.
« Il n’a surtout pas peur de prendre des risques. C’est l'apanage des supers joueurs »
Pensez-vous comme Rudi Garcia, que Ronny Rodelin est meilleur dans l’axe ?
Je suis tout à fait d’accord avec lui. Les fois où j’ai dû le déplacer sur le côté à Nantes, il était moins performant. Et puis, il ne fait pas encore les efforts suffisants pour jouer sur une aile, màªme si, comme je l’ai dit tout à l’heure, il progresse dans le replacement. Ce manque d’implication est sûrement dû au fait qu’il pense et il a raison, que c’est un joueur d’axe. Mais il a besoin d’un soutien en attaque. J’en reviens encore à l’époque où je le dirigeais à Nantes, mais je sais que j’aimais bien le mettre en « point fixe » devant et l’associer à Djordjevic.
À mon sens, il valait mieux faire comme à§a. Il peut très bien servir de pivot et trouver quelqu’un qui tourne autour de lui. Maintenant, il aime bien décrocher aussi. S’il ne décide pas, c’est quand màªme à lui de monter où il se sent le mieux. Je pense qu’il a vraiment les qualités pour jouer aux deux postes. Il évolue, petit à petit. Potentiellement il a des qualités, à l’état brut, extraordinaires. Son avenir sur le terrain ne dépendra que de lui. Ce qui est sûr, c’est qu’il a largement le niveau pour évoluer en Ligue 1.
Vous àªtes certain de ses qualités. Selon-vous, est-il susceptible de pouvoir rejoindre l’équipe de France un jour ?
Pourquoi pas. À l’image des jeunes qui sont en train de monter aujourd’hui, on peut le mettre dans la catégorie des espoirs franà§ais. Il n’y a pas de doute là -dessus.
Que pensez-vous de ses deux premiers buts inscrits avec Lille ?
(Rires) Ce sont des buts qu’il a déjà marqués avec nous. C’est un garà§on qui est assez sûr de lui. Dans la mesure où il prend des risques, il est capable de frapper de loin. Je me souviens à Istres (3 décembre 2010), il avait marqué un but de 40 mètres alors que personne dans le stade, mais vraiment personne, n’avait pensé qu’il frapperait. Il a ce talent-là . Il a tout pour bien faire et il n’a pas froid aux yeux. Il n’a surtout pas peur de prendre des risques. C’est l'apanage des supers joueurs, des grands attaquants !
Recueilli par Baptiste Moricet
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