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OL – ASSE EXCLU BUT! Fleury Di Nallo : « C’est moi qui ai poussé Lacombe chez les Verts »

Les moins de 20 ans ne le connaissent pas vraiment et pourtant… S’il y a bien un joueur qui peut s’asseoir à la table de Juninho et consorts au titre de légende de l’Olympique Lyonnais, c’est bien le « Petit Prince de Gerland » Fleury Di Nallo (81 ans), 222 buts au compteur avec Lyon (dont 0 penalty !). Toujours aussi alerte, au siège de Sersi Système, l’entreprise de son beau-fils à Saint-Priest, Fleury nous a accueilli pour une longue interview. Premier volet sur LE derby face à l’ASSE, un match iconique dont il est le co-meilleur buteur avec Hervé Revelli (Saint-Etienne), fort de 14 réalisations.

Fleury, deux ans sans derby, ça vous a manqué ?

Fleury Di Nallo : forcément, Saint-Etienne c’est toujours un match important pour nous, Lyonnais. Mais c’est un match qu’il ne s’agit pas simplement de jouer : un derby, ça se gagne.

C’est aussi un match qui a profondément marqué votre carrière…

A mon époque, Lyon a pratiquement toujours été plus faible. Les années 70, il y avait beaucoup de différences entre nous. Saint-Etienne jouait la Champions League, était champion de France et gagnait tout. Pour rivaliser, c’était plus compliqué. On a pris une trempe ou deux aussi mais c’était le match de l’année pour nous. Il fallait battre Saint-Etienne. Si on battait Saint-Etienne, on était tranquille pour trois mois avec le public…

Pour vous, le derby, c’est aussi une belle histoire en Coupe de France…

Oui, on les a battus au moins deux fois dans cette compétition. Notamment en 1971 où on les a éliminés après avoir perdu 2-0 le match aller à Geoffroy-Guichard. Nous avions été nuls à l’aller puis sur le retour, on gagne 3-0 et je marque les trois buts. Et encore j’avais marqué deux buts hors-jeu à une époque où il n’y avait pas la VAR. Mes buts étaient valables. A chaque fois que j’ai croisé Carnus ensuite, il me disait : « tu es le seul joueur à m’avoir marqué cinq buts dans un match… ».

Sur vos 14 buts en derby (record), y en a-t-il un que vous préférez par rapport aux autres ?

Celui qui me parait important, c’était sur le match à Annecy en Coupe de France qu’on gagne 2-0. Herbin, qui évoluait habituellement au milieu, était en défense centrale. En première mi-temps, il a voulu contrôler le ballon, je lui ai chipé et j’ai ouvert le score. A l’époque, on s’était fait insulter après ce match. Les Stéphanois avaient dit qu’on jouait la carotte en se mettant derrière. Bah oui, ils étaient plus forts que nous.

« Toute la famille de mon père est à Saint-Etienne »

Peu de gens le savent mais vous auriez pu être Stéphanois à plusieurs reprises…

Là où c’est passé le plus proche, c’était en 1967. A l’époque, j’étais titulaire en équipe de France. A l’Olympique Lyonnais, tous les bons joueurs de 1964 étaient partis. On avait une équipe faible mais nous avions gagné par miracle la Coupe de France avec Louis Hon entraîneur en finissant 16ème du championnat et premier non relégable. En fin de saison, j’étais allé voir le directeur sportif pour lui demander une augmentation. Il m’avait dit : « Mais ça va pas ? Tu es un voleur ! Trouve-toi un club qui te donne ça… »

Avec un ami, on a appelé le président de Saint-Etienne Roger Rocher. Quand il a entendu ça, il nous a dit : « Venez vite chez moi ». On est parti dans sa maison sur les hauteurs de Saint-Etienne. Il m’a proposé trois fois ce que donnait l’OL avec une triple prime. Il m’a alors dit : « Je vais m’arranger avec l’OL ». Ils avaient fait une offre de 50 millions de francs (732 000€ actuels). L’OL a dit non et m’a finalement donné l’augmentation que j’avais demandé au départ.

Et vous auriez aussi pu naître à Saint-Etienne…

C’est vrai ! Toute la famille de mon père est à Saint-Etienne. Avant que je naisse, toute la famille de mon père est arrivée d’Italie et ils habitaient chez ma grand-mère… à Veauche, en banlieue de Saint-Etienne. Un jour, ma mère s’est disputée avec ma grand-mère. Mon père ayant un cousin qui habitait à Lyon, c’est comme ça qu’on s’est retrouvé ici juste avant ma naissance. Mes 7 oncles et 2 tantes sont tous restés là-bas. D’ailleurs, quand je jouais à Saint-Etienne, ils étaient tous là dans les tribunes. Quand je jouais, ils étaient pour moi. Mais c’était des Stéphanois.

Mais est-ce que vous auriez réellement pu endosser le maillot vert vu votre histoire avec l’OL ?

Oui, bien sûr ! D’ailleurs Bernard Lacombe l’a porté… et c’est moi qui l’a poussé à aller là-bas. A l’époque, j’étais le directeur sportif de l’OL et on avait beaucoup de problème d’argent. Bernard était en équipe de France pour un match amical à Lille face à l’Allemagne. L’OL me dit : « Bernard Lacombe, c’est ton ami, tu as joué avec lui. Va à Lille le convaincre de signer à Saint-Etienne. Autrement le club n’existe plus… » A l’hôtel, Bernard me voit. Il me demande : « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je lui réponds : « Je viens te voir ». « Pour quoi faire ? » Je lui pose le problème : l’OL est en faillite et son départ permet de sauver le club. Et il est parti là-bas.

« Quand mes parents venaient me voir jouer à Saint-Etienne, ils avaient peur pour leur voiture »

Vous avez le sentiment que la rivalité s’est durcie entre les supporters depuis l’époque ?

Déjà à mon époque, c’était chaud. Il y avait beaucoup de voitures qui faisaient les déplacements entre les deux villes et il ne faisait pas forcément bon d’être immatriculé dans l’autre département. C’était différent d’aujourd’hui où il y a des problèmes de partout entre les supporters mais il n’était pas rare de repartir avec les pneus crevés ou de la taule froissée malgré tout… Quand mes parents venaient me voir jouer à Saint-Etienne, ils avaient peur pour leur voiture.

A votre époque, l’OL était la banlieue de Saint-Etienne. Ce n’est plus le cas aujourd’hui…

Oui, aujourd’hui Lyon est au-dessus. J’ai regardé Saint-Etienne – Strasbourg et je pense qu’on est armé pour les battre. Surtout à la maison… On devrait gagner ce derby facilement. En tout cas, je l’espère.

Justement, votre pronostic pour dimanche ?

J’espère qu’on va gagner. J’y crois vraiment. Le score ? 3-0 ou 3-1 mais on marque trois buts…

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