Pour une fois, Jean-Michel Aulas ne pourra pas accuser les médias de mettre la pression. Dès dimanche, le président rhodanien a lâché le mot « crise » dans son tweet après le match nul de Clermont (3-3). Une « crise » qui va au delà des tensions de vestiaire et qui s'étend même jusqu'aux tribunes où le Virage Sud (Lyon 1950) a attendu longtemps (en vain) d'avoir une explication avec les joueurs après cette troisième contre-performance de rang et ce début de saison totalement raté en Ligue 1.
Dans le vestiaire, Peter Bosz est déjà sous pression. Alors que certains remettent en cause sa préparation physique (pourtant appréciée des joueurs début juillet quand le foncier était remplacé par le ballon…), le Néerlandais ne fait rien pour dédouaner les joueurs de leurs responsabilités. Au contraire même, il donne même l'impression de se dédouaner : « Je suis d'accord avec les supporters », avait-il lâché vendredi au moment de commenter la bâche posée au centre d'entraînement (« Bougez-vous ou cassez-vous »). « J'ai vu des choses qu'on ne voit pas chez les U12 », a-t-il pesté après la remontada auvergnate dimanche. Des propos pas forcément bien reçu dans l'intimité du vestiaire.
Une fracture entre le vestiaire et le nouveau coach ?
L'ancien coach de l'Ajax, du Borussia Dortmund ou du Bayer Leverkusen n'épargne pas ses joueurs. Ce n'est pas dans sa politique maison. Le début d'une fracture ? Pas forcément si la révolution estivale se poursuit comme espérée… Bosz n'est pas content du « matériel joueurs » à sa disposition et multiplie les coups de pied dans la fourmillière pour provoquer départs et arrivées. Le Batave n'apprécie que modérément l'état d'esprit des jeunes dont le club lui a vanté les mérites mais qui ne sont pas suffisamment réceptifs à ses principes de jeu. Il a aussi du mal avec certains anciens davantage tourné dans la recherche d'une porte de sortie que dans l'esprit de se sacrifier à 100% pour l'OL.
Ejecté pour un sourire après Angers, Marcelo n'était que le premier d'une liste d'éléments qu'il souhaite chasser à coup de balai pour accueillir les fameux « bons joueurs » réclamés à cœur et à cri. Juninho lui en a déjà trouvé deux : Emerson Palmieri, prêté par Chelsea, et Xherdan Shaqiri, la star censée remplacer Memphis Depay devant. Suffisant ? Probablement pas même s'il reste une grosse semaine de Mercato pour ajuster et accueillir encore un ou deux titulaires en puissance.
Sylvinho et Garcia ont aussi connu des étés difficiles
Alors que certains supporters – séduits par le discours du coach néerlandais – redoutent déjà que le deuxième coach étranger de l'ère Aulas soit éjecté manu militari au bout de trois mois comme ce fut le cas avec Sylvinho, ce n'est pour l'heure pas la tendance. Parce qu'il est arrivé avec un projet de jeu et une idée directrice validée en haut lieu, Peter Bosz garde le soutien de Juninho, qui travaille à réajuster l'équipe en fonction de ses besoins. Comme à chaque crise, Jean-Michel Aulas est fidèle à ses principes de protection « coûte que coûte » de l'entraîneur, lui qui est monté, une nouvelle fois, au feu sur Twitter.
Même si on sait que tout va très vite en football, ce retard à l'allumage ne condamne pas encore Peter Bosz. Le technicien batave est simplement soumis à un problème récurrent dans l'histoire récente de l'OL : celui des « crises estivales ». Depuis plusieurs saisons maintenant, Lyon a souvent la tête à l'envers dans les semaines précédant la clôture du Mercato d'été… Avant de se remettre à l'endroit sitôt la parenthèse refermée. Rudi Garcia l'a vécu l'an passé avant que tout se résolve avec les arrivées de Lucas Paqueta, Mattia De Sciglio et Djamel Benlamri. Peter Bosz doit encore faire le dos rond jusqu'à vendredi soir et son déplacement sur la pelouse du FC Nantes (21h) avant d'avoir une vision plus claire de son effectif et des capacités de celui-ci à répondre à ses exigences…