Déception d'Ünder et Harit contre Francfort
Déception d'Ünder et Harit contre FrancfortCredit Photo - Icon Sport
par Raphaël Nouet
AVIS

OM - Opinion : le problème en Champions League, c'est le niveau de la L1, pas celui de l'équipe...

Face à Francfort (0-1), l'OM s'est une nouvelle fois incliné dans un match de Champions League. Cela lui vaut des moqueries mais la France du foot devrait se remettre en question plutôt que de se moquer à la moindre occasion car c'est la Ligue 1 dans son ensemble qui est mauvaise...

Depuis hier et la défaite contre Francfort (0-1), c'est reparti pour un tour : l'OM fait honte à la France du foot avec ses 16 défaites en 17 matches de Champions League, il n'est plus à sa place en C1, il fait un complexe, il a le troisième pire ratio de défaites parmi les équipes ayant joué plus de 50 matches dans l'épreuve, il a aligné 13 revers... OK, c'est vrai, il y a un problème. Mais pas forcément où on le pense. Oui, l'habitat naturel de Marseille depuis quelque temps est davantage l'Europa League. Mais le vrai problème, au fond, c'est ce schisme incroyable qui existe entre la valeur réelle du football français et l'idée que la population hexagonale s'en fait. D'un côté, il y a 2 victoires en Coupes d'Europe sur... 158 finales possibles. Soit autant que la Suède ou la Roumanie, moins que l'Ecosse et ses 5 millions d'habitants. De l'autre, il y a cette volonté de se comparer en permanence aux nations reines du ballon rond que sont l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, au point que la France a inventé l'expression Big 5, qu'elle est la seule à utiliser.

La L1, c'est la troisième division européenne

Et c'est de là que vient le problème ! Si, effectivement, nous faisions partie d'un Big 5 et que nous tutoyions les meilleurs, être battu 13 fois d'affilée par des clubs issus de ces nations serait effectivement honteux. Mais ce n'est pas le cas. Au regard de son palmarès européen ridicule, en partant du fait que seule une équipe dopée financièrement est capable de gagner des matches sur la scène européenne, la Ligue 1 devrait faire profil bas à chaque tirage au sort. Elle devrait craindre chaque équipe provenant du vrai Big 4 et se méfier de toutes les autres. Car aujourd'hui comme hier, nos représentants galèrent face des formations venues de Chypre, de Grèce ou de Suisse ! Si le Français était lucide sur son football, notamment le supporter marseillais, il n'aurait pas pris de haut l'Eintracht Francfort hier en disant avant le coup d'envoi que ce soir, c'est victoire, et basta ! L'Eintracht, c'est le tenant d'une compétition qu'aucun club français n'a jamais gagné, surtout pas l'OM qui a tenté sa chance à trois reprises en finale. C'est un palmarès européen égale à celui de la L1 dans son intégralité. C'est une affluence moyenne supérieure à 19 clubs de notre championnat. Tomber face à lui n'est pas illogique, loin de là. Et honteux, encore moins.

La France du football fait le même raccourci que Paris avec son club : sous prétexte que le pays a une grande histoire, son football est forcément grandiose lui aussi. Mais non. La grandeur se gagne sur le terrain, nulle part ailleurs. La Ligue 1 n'a jamais été un grand championnat. Elle a failli le devenir au début des années 90 mais l'arrêt Bosman a signé sa fin avec l'exode des meilleurs joueurs. Depuis, elle est enlisée dans sa médiocrité mais continue à se voir trop belle. Dès qu'un club hors QSG réussit un bel exploit (Lyon contre City, l'OM en finale de C3), il donne de l'eau au moulin des partisans de la "Ligue des talents". Mais la réalité, c'est celle des faits : le PSG d'avant Qatar n'a brillé qu'en Coupe des Coupes, une épreuve tellement faible qu'elle a été arrêtée. L'OL réalise des coups mais n'est jamais arrivé en finale d'une Coupe d'Europe. Idem pour le RC Lens dont le plus haut fait d'armes est d'avoir gagné à Wembley lors du tour de poules de la C1, dont il n'est même pas sorti. Saint-Etienne ? Des victoires mythiques contre Kiev ou le PSV, représentants de nations de deuxième ou troisième rangs, des défaites tout aussi mythiques face au Bayern ou Liverpool. En gros, dès qu'il y avait un obstacle, c'était fini. Bordeaux ? Un exploit contre un Milan en crise en 1996, rien de plus.

La Ligue 1 pardonne, pas la Champions League

Après chaque contre-performance européenne d'un club français, toujours le même constat : "Les erreurs se payent cash au plus haut niveau", disent les entraîneurs et les joueurs en chœur. Ce qui signifierait donc que la L1 en est loin. On l'a vu hier : l'erreur de Rongier a précipité l'ouverture du score. Le milieu de terrain, exceptionnel depuis le début de la saison, peut se permettre de faire ce genre de boulettes en Ligue 1 car elles ne prêtent généralement pas à conséquences. C'est d'ailleurs ce qui plombe le QSG en C1. Les faits sont là, sous nos yeux, mais les conclusions ne sont jamais tirées parce qu'évidemment, L'Equipe ou les chaînes diffusant la L1 ne vont pas critiquer leur produit phare...

Il est temps d'en finir avec ce fantasme d'une Ligue 1 au niveau des meilleurs. Restons à notre place, c'est-à-dire à des années-lumière de l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et l'Allemagne, loin derrière le Portugal et les Pays-Bas. Notre niveau, c'est la Suisse, la Grèce, la Turquie, la Russie ou l'Ecosse. Soit la troisième division européenne. Plus tôt nous aurons accepté cette vérité, plus tôt nous pourrons nous poser les bonnes questions pour essayer de "monter". D'ici là, arrêtons de faire passer l'impossible pour du réalisable avant de nous étonner d'avoir perdu une énième fois. Le football français doit sortir de cette confondante médiocrité qui est la sienne depuis 1956 et la création de la Coupe d'Europe, à laquelle il a activement participer avant d'en devenir spectateur...

Pour résumer

Face à Francfort (0-1), l'OM s'est une nouvelle fois incliné dans un match de Champions League. Cela lui vaut des moqueries mais la France du foot devrait se remettre en question plutôt que de se moquer à la moindre occasion car c'est la Ligue 1 dans son ensemble qui est mauvaise...

Raphaël Nouet
Rédacteur
Raphaël Nouet

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