Une nouvelle fois, Vahid Halilhodzic est passé à côté d'une grande aventure. Evincé de son poste de sélectionneur du Maroc et remplacé par Walid Regragui à trois mois d'une Coupe du Monde où les Lions de l'Atlas, quart de finaliste, sont LA grande surprise de la compétition, le technicien bosnien a réglé ses comptes dans un entretien à So Foot.
« Au lieu d'être au Qatar, je suis ici (à Saint-Germain-en-Laye) sous la pluie », a-t-il pesté : « J'aurais aimé terminer ma carrière sur une Coupe du monde réussie et dire ça suffit. (…) Je suis arrivé au Maroc une semaine après avoir quitté Nantes, où je touchais un salaire trois fois plus important. Tous ces sacrifices familiaux et même financiers, pour finalement être privé de tournoi, c’est dur ».
« A Nantes, ils m'ont proposé une plus-value sur une recrue »
Dans ce long entretien, « coach Vahid » a également envoyé sur ses anciens clubs. Au FC Nantes, c'est Mogi Bayat et Franck Kita qui ramassent :« À Nantes, ils m'ont même proposé une plus-value (sic) sur une recrue. Je n'ai jamais travaillé comme ça, moi ! (…) Quand je suis arrivé à Nantes, l'équipe était 19e. J'ai trouvé des joueurs dans un état lamentable. À la fin de la saison, ça allait mieux, mais il fallait vendre des joueurs et en trouver des nouveaux. Je leur ai proposé 55 joueurs, il n'en ont pas pris un seul. Des joueurs voulaient venir jouer pour moi, parce qu'ils me connaissaient. Mais quand je disais à « fils » (Franck Kita) que lui, c'était un salaire de 100 000, il proposait 25 000. Le joueur me disait qu'il ne comprenait pas. Ce n'est pas comme cela qu'on négocie ! S'il demande 100 000, tu proposes 70 000 et on se met d'accord autour de 85 000. Je ne pouvais pas accepter ce qu'il se passait à Nantes. Mogi Bayat me disait : « Ce joueur, il est bon » , je répondais : « C'est moi qui décide s'il est bon ! » Ah, celui-là… »
« Au PSG, je suis tombé dans une situation économique catastrophique »
Son passage au PSG ? Un manque de moyens et de magouilles qui lui ont fait mal : « À Paris, j’ai signé quatre ou cinq ans, et je pensais avoir les moyens de faire quelque chose, malheureusement je suis tombé dans une situation économique catastrophique (…) En arrivant à Paris, lorsque j'ai demandé aux dirigeants si on gardait Ronaldinho, ils m'ont répondu que c'était moi qui décidais. Et une semaine après, je me suis retrouvé devant le board de Canal+ qui m'expliquait qu'ils étaient obligés de le vendre. Mon rêve était de l'associer à Pauleta, mais ils m'ont dit que si on faisait ça, le club serait relégué par la DNCG. C'est quoi, ça ? Je me suis fâché pendant dix jours, jusqu'à ce qu'ils me montrent le contrat de Ronaldinho. Il était prêté au PSG par une société qui s'appelait Sportfive pour une belle somme d'argent, et en plus du sien, le PSG payait cinq salaires. Sa sœur, son frère, etc. Dans l’effectif, il y avait même un joueur qui n’existait pas. Il s’appelait Rabiu Baïta, un joueur fictif qui servait à en payer d'autres ! Quand tu arrives et que tu découvres ça, tu te demandes si tu dois rester ».
« A Lille ? Eux, ils voulaient partager la moitié pour les actionnaires, la moitié pour l'équipe »
Concernant ses belles années au LOSC, Vahid Halilhodzic a aussi vu des choses inacceptables qui l'ont poussé au départ : « Quand je suis arrivé, ils faisaient 2600 spectateurs de moyenne. Quand je suis parti, 18 000. J'ai été le premier à alerter les politiciens sur la nécessité d'avoir un grand stade et un centre d'entraînement moderne. Je leur ai dit : « Regardez Lens à côté, c'est un village, et ils ont de meilleures installations que nous, vous n'avez pas honte ? » (…) À Lille, je suis parti entre autres parce qu’il avait fallu que je me batte pour que tous les salariés aient une prime Ligue des champions, du jardinier à la blanchisseuse. Eux, ils voulaient partager la moitié pour les actionnaires, la moitié pour l’équipe ».