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à‰quipe de France – OPINION : arràªtons de critiquer l’état d’esprit des Bleus
L’équipe de France a été battue par l’Ukraine (0-2) hier soir à Kiev en match de barrages aller de la Coupe du monde 2014.
L’équipe de France a été battue par l’Ukraine (0-2) hier soir à Kiev en match de barrages aller de la Coupe du monde 2014. Les hommes de Didier Deschamps ont-ils payé leur manque d’envie, comme on l’entend presque partout depuis le coup de sifflet final ? Si ce n’était que à§a…
Puisqu’il n’est plus possible de parler de football sans qu’une armée de consultants à la légitimité incertaine ne vienne donner son avis sur un plateau télé, la défaite de l’équipe de France en Ukraine hier soir (0-2) a donné lieu à quantité d’analyses qui, toutes ou presque, se rejoignaient en un point : le problème des Bleus est un problème d’état d’esprit. Pierre Ménès, Pascal Praud ou Franck Leboeuf ne sont que quelques-uns de ces experts ayant imputé la contre-performance de Samir Nasri et sa bande à un manque de motivation. C’est d’ailleurs ce qu’on entend depuis Knysna : la France est nulle parce que les joueurs ne sont pas concernés, ne respectent pas le maillot. Et ce sera sans doute l’hypothèse retenue par le grand public, toujours prompt à traquer le mercenaire ou le mauvais patriote chez ses internationaux. Mais avec tout le respect qu’on leur doit, cette interprétation des choses nous paraà®t d’une infinie pauvreté.*
Une question de talent et non d’état d’esprit
Elle trahit en effet une conception sommaire du football qui voudrait que les résultats obtenus ne soient qu’affaire de motivation, de ‘mouillez le maillot’. Allez donc demander à Zidane, qui courait 30 mètres par match, si le talent se mesure au nombre de litres de sueur évacués… Bien sûr que les Bleus étaient motivés hier soir. Comment croire un seul instant qu’ils n’aient pas envie de disputer une Coupe du monde ? Que la perspective de redevenir les ennemis publics qu’ils ont été en 2010 les enchante ? Il suffisait du reste de regarder les premières minutes de la rencontre pour sentir que les hommes de Didier Deschamps en voulaient. Et c’est peut-àªtre à§a le pire. S’ils se sont inclinés, c’est parce que l’adversaire leur était supérieur, voilà tout. Parce que l’équipe de France est une sélection de seconde zone.
Le problème, c’est que tout le monde ou presque, en France, semble avoir du mal à se faire à cette idée. Les Tricolores ont dominé le monde du ballon rond durant presque une décennie (1996-2006), on voudrait qu’il en soit toujours ainsi. Mais qu’on y regarde de plus près : sur les quatorze joueurs ayant pris part à la rencontre face aux Ukrainiens, trois jouent à Newcastle. Newcastle, 16e du dernier championnat anglais, à peine mieux cette saison ! Samir Nasri ? Un second couteau à Manchester City, éclipsé depuis longtemps par David Silva, Sergio Agüero ou Yaya Touré. Mathieu Valbuena ? Le meilleur joueur de la pire équipe engagée cette saison en Ligue des Champions. Et la liste est encore longue…
Les vrais coupables, ce sont nous !
À l’heure actuelle, il n’y a que Franck Ribéry et, à un degré moindre, Karim Benzema (màªme si, dans les faits…) pour prétendre chez les Bleus au statut de ‘grand joueur’. Pour le reste, Didier Deschamps dispose d’un effectif moyen. Et obtient donc des résultats moyens. Il est d’autant plus injuste de lui reprocher, par exemple, d’avoir titularisé à‰ric Abidal hier soir. Mais qui donc pouvait-il opposer au Monégasque : Mamadou Sakho, qui vient à peine de retrouver une place de titulaire en club ? Adil Rami (rires dans la salle) ? Philippe Méxès (les rires redoublent) ? Mapou Yanga-Mbiwa (certains meurent étouffés) ? De màªme, on reproche au technicien de ne jamais avoir réglé le problème de l’ailier droit. Mais trouvez donc un joueur fiable sur la durée parmi Rémy, Ménez ou Ben Arfa !
Les vrais coupables du marasme de l’équipe de France, finalement, ce sont nous, supporters, médias (joueurs aussi, parfois**), et cette forme de vanité qui nous fait repousser sans cesse le constat du déclin de notre football. Mettre les mauvais résultats de l’équipe nationale sur le compte d’une mentalité défaillante, c’est ce qu’on fait depuis quatre ans, au point de croire parfois que coucher avec une prostituée rendrait un joueur plus mauvais qu’il ne l’est. Ces leà§ons de morale n’ont fait que masquer une évidence : le vivier tricolore n’a simplement plus autant de talent qu’auparavant. Tant pis, c’est comme à§a, on ne demande pas à la sélection uruguayenne de gagner chaque édition de la Coupe du monde sous prétexte qu’elle y est parvenue en 1930. Mais apparemment, le coq franà§ais préfère se dire que son retour au sommet n’est qu’une question de bonne volonté. Il serait temps de voir les choses en face : la France n’a simplement plus le niveau de ses ambitions. Le Mondial, elle le regardera sur son canapé. C’est sa place.
Julien Demets
* Nous ne marchons plus seuls, grâce à Luis Fernandez.
** Commentaire de Karim Benzema après la rencontre d’hier soir : ‘Sur le papier, on est meilleur qu'eux, mais il n'y a pas que le talent…’ Mais non, vous n’àªtes pas meilleurs qu’eux : les clubs ukrainiens font de meilleurs parcours en Europe que les formations de L1 ou de milieu de tableau anglais dans lesquelles évoluent la plupart de nos internationaux !
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