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Stade Rennais – ENQUETE : une formation qui se remet en question
La finale de Coupe de la Ligue ASSE – Rennes, c'est aussi l'occasion de voir opposer deux idées de la formation à la Franà§aise.
Premier volet de notre enquàªte avec la méthode rennaise.
L'excellence, à§a s'entretient. C'est actuellement l'idée qui occupe l'esprit des dirigeants Rouge et Noir concernant leur centre de formation. L'un des tout meilleurs du pays, et màªme du continent, si on n'en croit de récents rapports. On le savait, la structure est officiellement reconnue comme l'une des trois plus performantes de France par les instances fédérales depuis 2002. Mieux, selon le CIES Football Observatory (organisme suisse), elle se place au quatrième rang européen derrière celles du Barà§a, de l'OL et du Real Madrid en termes d'exportation de joueurs de haut niveau. Bref, une référence qui a fait ses preuves.
Un recrutement breton
Directeur du centre depuis 1987, Patrick Rampillon connaà®t mieux que personne les clés du succès. «Au-delà du savoir-faire, tout part du recrutement des jeunes, estime-t-il. Quand on fait venir un garà§on, on doit veiller à trois critères : la technique, l'intelligence, la fiabilité.» Trois ingrédients qui feront d'un élément prometteur un professionnel aguerri. Encore faut-il les trouver. Et dans l'intéràªt des deux parties, la proximité géographique est un autre paramètre décisif, à Rennes plus qu'ailleurs. «Depuis une dizaine d'années, on privilégie l'ancrage régional des jeunes que l'on recrute. Pour eux, c'est un plus au niveau du bien-àªtre, et pour nous, c'est une question d'image. En ce moment, sur 23 internes et 16 demi-pensionnaires, seulement cinq sont à plus de 250 km de chez eux. Après, il y a du talent partout.»
Il faut donc prospecter plus loin, mais avec un objectif inversé par rapport aux clubs appartenant au gotha européen. Quand ces derniers n'hésitent pas à dépenser des fortunes pour s'approprier un génie potentiel à peine sorti de l'enfance, le SRFC ne mise sur le recrutement «extérieur» que pour compléter son effectif pro. On l'a vu récemment avec le Norvégien Anders Konradsen (22 ans). «C'est davantage un travail de post-formation, explique Patrick Rampillon. Entre 14 et 18 ans, on préfère miser sur des joueurs issus de Bretagne ou du grand Ouest.» En équipe première, Romain Danzé et Vincent Pajot symbolisent la réussite du système.
Plus d'accompagnement en post-formation
Cependant, le mode de fonctionnement rennais est aujourd'hui menacé de récession. Pour preuve, le centre de formation est passé de la première à la seconde place du classement fédéral (derrière Sochaux) l'été dernier, après cinq ans de domination. Faut-il s'inquiéter. «Les critères ont changé, notamment le temps de jeu des joueurs formés au club au détriment de leur longévité», tempère le responsable local. Il n'empàªche, l'heure de la remise en question est arrivée. Depuis 2008, les Rouge et Noir n'ont plus atteint le dernier carré de la Coupe Gambardella, qu'elle avait alors remporté haut la main sous l'impulsion d'un certain Yann M'Vila.
Comme un signe, le turbulent milieu défensif est d'ailleurs parti cet hiver se faire oublier en Russie, au Rubin Kazan, après avoir multiplié les sorties de routes en dehors de terrains, ratant ainsi un transfert bien plus prestigieux. La fin d'une époque ? Peut-àªtre bien. «On doit augmenter notre niveau d'exigence pour ne pas régresser, admet Patrick Rampillon. Notamment dans l'accompagnement des joueurs de 18 à 22 ans. Pour des raisons économiques, quasiment tous les clubs de L1 misent sur la formation. Le budget de notre centre, c'est 4 M€, soit 8% de notre budget global. Ce n'est pas énorme. On doit àªtre vigilant et préparer nos jeunes à intégrer une équipe de haut de tableau, c'est l'ambition pour les années qui viennent. Après, on ne pourra jamais rivaliser avec les clubs les plus riches. Avoir réussi à garder M'vila aussi longtemps, c'est déjà un petit exploit.» Les prochaines pépites de la pouponnière devront éviter la crise de croissance, et leurs éducateurs avec eux.
Anthony BERTHOU